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Bénin-Communication électronique: consternations et inquiétudes à Cotonou après le décret de Talon

Bénin-Communication électronique: consternations et inquiétudes à Cotonou après le décret de Talon

La décision du gouvernement béninois de faire prélever chez le consommateur des taxes sur les services fournis par les réseaux ouverts n’est pas du goût de nombreux Béninois qui ne cachent pas leurs consternations et inquiétudes.

La décision du gouvernement béninois de faire prélever chez le consommateur des taxes sur les services fournis par les réseaux ouverts n’est pas du goût de nombreux Béninois qui ne cachent pas leurs consternations et inquiétudes.

circulation-abomey-calavi Circulation à  Cotonou, la capitale économique du Bénin

« C’est la désolation dans notre cœur, dans notre corps et dans notre âme ». Robin Accrombessi, président de ''La voix du consommateur'', association des consommateurs, est affligé. Le défenseur des droits des consommateurs est dans cet état à cause du décret portant « introduction d’une contribution sur la consommation des services fournis par les réseaux ouverts au public en République du Bénin » pris par le gouvernement béninois.

Signé par le président Patrice Talon et plusieurs ministres, ce décret instaure de nouvelles taxes sur les services de communication électronique et devant être prélever chez le consommateur.  Il s’agit notamment d’une contribution additionnelle de 5% sur le montant hors taxe des communications et d’une taxe de 5F par Méga Octet consommé par l’utilisateur des services Over The Top (Facebook, Whatsapp, Twitter, Viber, Telegram, etc.).

''Frein pour le développement''

Cette décision suscite beaucoup de réactions au sein de la population. « C’est un frein pour le développement », juge Robin Accrombessi, joint au téléphone par Banouto. Le président de ''La voix du consommateur'' estime que cette mesure du pouvoir contraste avec l’ambition du régime du président Talon de faire du Bénin, « le quartier numérique de l’Afrique ».

« En entreprise, lorsque vous voulez propulser vos activités, la stratégie indiquée, c’est l’économie d’échelle, c'est-à-dire réduire les coûts pour une consommation de masse et non le contraire », a confié M. Accrombessi qui souligne que

« cette mesure va dissuader le consommateur à utiliser les services de communication électronique ».

Maurice Thantan, journaliste et bloggeur, ne pense pas moins. « L’économie numérique que nous voulons tant promouvoir va être sérieusement affectée : l’emploi des jeunes, les apprentissages numériques, la formation à distance, l’entrepreneuriat, les startups et tous les usages numériques vont certainement prendre un coup », écrit-il dans un post sur sa page facebook. « Quelle peut être la cohérence de cette décision au regard de tous les efforts que l’exécutif a fait depuis 2016 pour promouvoir l’économie numérique ( ?) », s’interroge-t-il.

Web-développeur, Gilles Kounou pense simplement que la décision est « un inqualifiable recul ».

Restriction de la liberté d’expression  

L’impact de la décision gouvernementale ne se limitera pas à l’économie numérique. La liberté d’expression est également menacée, à en croire Maurice Thantan. « Taxer l'usage des services OTT (réseaux sociaux) reviendrait tout simplement à restreindre la liberté d’expression des citoyens par la contrainte financière », soutient le journaliste et bloggeur.

« Visiblement, le montant des taxes annoncées peut paraître dérisoire au vue de certains, mais en réalité, à y voir de plus près, c'est une vraie manière de stopper ou de décourager les gens, surtout les blogueurs et les journalistes d'utiliser ces réseaux sociaux tout comme les services de messagerie instantanés », poursuit Maurice Thantan qui veut « croire encore que c’est une mauvaise blague ».

La décision du gouvernement béninois de prélever des taxes sur les communications passées depuis les réseaux sociaux intervient quelques semaines après celle du président ougandais. Depuis le 1er juillet dernier, les Ougandais sont contraints une taxe journalière de 4 centimes d’euros pour utiliser les réseaux sociaux. Récemment, la Zambie a annoncé qu’elle taxerait le 3 centimes d’euros les mêmes services.

Cette décision, le gouvernement ougandais la justifie par la volonté de réduire « les bavardages et les commérages ». En Zambie, le pouvoir évoque un argument économique. Les motifs de Cotonou sur cette décision ne sont pour l’instant connus.

En attendant les précisions du gouvernement sur cette nouvelle taxe, un internaute voudrait espérer que les sommes collectées vont servir à climatiser les rues du pays. « Si avec nos 5 F par Mo toutes les rues du Bénin ne deviennent pas climatisées là… », a-t-il écrit.