
Des masques Gèlèdè sur scène, des chants avec quelques mots en langue Yoruba. Nous ne sommes pas à une cérémonie nocturne en l’honneur de la reine-mère à Kétou, ville située à l’Est du Bénin. Ici, nous sommes à l’Institut français de Cotonou ce samedi 28 septembre 2019 où « Didę, » une pièce chorégraphique inspirée du Gèlèdè est présentée.
Au milieu de la scène, cinq hommes esquissent des pas de danses autour de masques Gèlèdè, synonymes de vénération dans la tradition Yoruba. Ils symbolisent en effet, une société hiérarchisée autour des « reines-mères ». Ces femmes qui se réunissent la nuit. Elles sont dépositaires d'importants pouvoirs dans les sociétés secrètes et peuvent influencer sur les décisions des autorités traditionnelles en dénonçant les travers des hommes.
Et c’est à dessein que des hommes sont uniquement choisis pour présenter Didę, cette pièce chorégraphique qui tente d’explorer les relations entre traditions et contemporanéité vue sous l’angle du rôle de la femme dans un monde devenu patriarcal.
Ces masques Gèlèdè utilisés par ces danseurs – en sueurs froide à l’Institut français de Cotonou – sont bâtis sous le même format, un visage du type masque-heaume (enveloppant toute la tête) et une scène qui se développe sur le haut du masque. Ceux-ci sont utilisés dans le cadre de cérémonies traditionnelles dédiées aux femmes dans leur dimension maternelle. En milieu Yoruba, apprend-t-on, le pouvoir des femmes apparaisse comme ambigu.
« Didę » pour l’égalité entre hommes et femmes

« Didę » signifie littéralement « Mets-toi debout » en Yoruba, une langue parlée au Bénin, au Nigéria et dans d’autres pays de l’Afrique. A travers ce projet née en novembre 2018 à Cotonou, l’artiste française Sarah Trouche et Marcel Gbeffa veulent changer la mentalité des hommes sur le rôle important des femmes dans la survie de notre monde.
L’œuvre de l’artiste est surtout inspirée du Gèlèdè, ce masque sacré, classé patrimoine oral immatériel, mondial de l’UNESCO. « Didę est pour moi un manifeste, une nouvelle manière de voir le monde. Et on part des masques Gèlèdè portés par des danseurs, ce masque comme on le sait, ça rend hommage à la mère créatrice », raconte Sarah Trouche quelques minutes après la présentation chorégraphique sur la grande scène de l’Institut français de Cotonou.
