Une peine de 10 ans d’emprisonnement prononcée contre un jeune à la CRIET. La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme a condamné un prévenu à 10 ans de prison dont 5 ans ferme. C’était lors de la première audience de la session criminelle ouverte mardi 30 mai 2023 à la juridiction spéciale à Porto-Novo.
Arrêté suite une enquête après l’attaque d’un minibus à Ouèssè, le détenu a été déposé en prison le 30 janvier 2020. Il était poursuivi pour « association de malfaiteurs, actes de terrorisme constituant à un enlèvement ».
A la barre, l’accusé n’a pas reconnu les faits qui lui sont reprochés. Selon le parquet spécial, représenté par le procureur Mario Mètonou, le prévenu avait reconnu les faits lors des enquêtes préliminaires. Et ce, au commissariat de Pira, à la Brigade criminelle et devant le procureur spécial à la CRIET.
Mais devant le juge ce mardi, l’accusé a rejeté tous les faits mis à charge. A la question de savoir si les procès verbaux lui ont été lus à chaque fois qu’il finit sa déposition, il a répondu par la négation. Il a affirmé n’avoir appris qu’à la CRIET, ce qui lui est reproché. Il a déclaré à la Cour que ce sont les chasseurs qui l’ont arrêté et remis aux autorités sécuritaires.
L’enquête de moralité lue lors de l’audience a révélé que le prévenu n’a jamais été en prison. Son casier judiciaire ne porte aucune mention de condamnation. Il possède aussi toutes ses facultés pour être jugé. Selon le rapport médical, il ne souffre pas de trouble de mémoire, sa conscience est claire. Il a un langage cohérent et logique avec un caractère sombre.
10 ans de prison requis
Le ministère public a fait sa réquisition à l’audience de cette première session criminelle. Le procureur spécial, Mario Mètonou, est revenu sur les infractions qui ont conduit à l’arrestation du prévenu. Selon le magistrat, l’accusé a été arrêté suite à une enquête après avoir attaqué des passagers qu’il a dépouillé avec sa bande de 6 présumés criminels le 5 juillet 2019.
Dans cette attaque, ils auraient dépouillé 5 passagers en les menaçant avec des armes. Selon le représentant du parquet, le mis en cause et ses complices opèrent au Bénin comme au Togo.
Cette bande dirigée par un certain Tadjou à laquelle appartiendrait le prévenu est également accusée de l'enlèvement de deux enfants libérés contre une rançon de 2 millions de FCFA à Ouèssè. Ils auraient aussi braqué un minibus avec des armes à feu.
Le procureur, après avoir illustré les faits, a procédé à une requalification des faits d’actes de terrorisme en « enlèvement, séquestration et demande de rançon ». Il a demandé à la Cour de reconnaître le prévenu coupable des faits d’« enlèvement, séquestration et vol à main armée ». Il a requis une peine de 10 ans de prison ferme contre l’accusé.
La défense contrattaque
Le conseil de la défense, Me Guy Dossou, a défendu son client contre la réquisition du parquet spécial. L’avocat s’est d’abord attaqué à la requalification des faits de terrorisme. Selon l’avocat cette requalification prouve que le parquet n’a pas de preuve contre client.
Ensuite, l’avocat a émis des réservés sur le rapport produit par le médecin sur son client. Il a dénoncé que le rapport n’ait eu lieu qu’en 2023 alors que les faits reprochés à client ont eu lieu depuis 2019. L’avocat a mis en doute le rapport psychiatrique et moral sur son client. Pour lui, « tout le monde a au moins quelques minutes de folie par jour. Ta femme peut t’énerver, ton mari ou la servante peut te mettre en colère ».
Me Guy Dossou ne croit pas que son client soit auteur des faits qui lui sont reprochés. Pour lui, si l’accusé était auteur de faits, il aurait été l'objet de vindicte populaire. Connaissant, a-t-il dit, la population de l’endroit où les faits ont été commis. « Ce n’est pas comme Cotonou ou Abomey-Calavi. Là-bas, tout le monde se connait », a-t-il affirmé. Il a plaidé pour application bienveillante de la loi et de le condamner pour le temps qu’il a déjà passé en détention.
Apres le plaidoirie de l’avocat de la défense, la Cour a observé un peu plus d’une heure suspension avant de délibérer. Dans son délibéré, elle a condamné le prévenu a 10 ans dont 5 ans de prison ferme pour "enlèvement, séquestration et vol à main armée".
L’accusé a passé 3 ans 4 mois à la date de sa condamnation. Il lui reste encore 20 mois à passer derrière les barreaux.

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