Faire en sorte qu'il n'y ait plus d'avortement clandestin au Bénin. C'est le but d'une campagne initiée par le réseau des journalistes pour les droits en santé sexuelle et reproductive (RJ-DSSR) en collaboration avec plusieurs organisations de la société civile. Dénommée "Doxami", cette campagne est initiée en vue de sensibiliser les populations pour réduire à néant les décès maternels dus aux avortements clandestins.
Selon l’enquête démographique et de santé de 2018 (EDS 5), les avortements clandestins représentent 15% des décès maternels, soit 397 décès pour 100 000 naissances vivantes. Ces chiffres sont bien au-delà de la norme de l’OMS qui limite à moins de 70 décès pour 100 000 naissances vivantes, selon Dr Raphaël Totognon, membre du Collège national des gynécologues et obstétriciens du Bénin (CNGOB),.
Un dialogue positif et constructif sur l’IVG
Signifiant "parlons-en" en fongbé, langue nationale parlée au sud du Bénin, "Doxami" est une campagne prévue pour durer deux ans. Elle entend oeuvrer pour un dialogue positif et constructif sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) au Bénin, ont indiqué les initiateurs de la campagne lors d'une conférence de presse lundi 23 septembre 2024 à Cotonou.
Le débat sur la santé sexuelle et reproductive, a expliqué Nafissate Hounkpatin, présidente de l’Ong Ilèwa, continue, malgré l'adoption d'une loi sur l'IVG fin 2021, de se heurter aux tabous et stigmatisations. « Nous avons des informations en ce sens que les femmes ne sont pas forcément informées de la loi qui a été votée et promulguée. Elles continuent par recourir aux avortements clandestins », a confié la sage-femme. Conséquence, le « carnage silencieux » des filles et des femmes se poursuit avec des « situations insoutenables ».
A travers la campagne "Doxami", « notre objectif est de déplacer le dialogue du niveau politique au niveau communautaire », a dévoilé Nafissate Hounkpatin. La stratégie de "Doxami", révèle Dr Raphaël Totongnon, vise à associer tous les acteurs impliqués dans le cadre de mise en œuvre des instruments juridiques en faveur du droit à la santé sexuelle et reproductive.
Des résultats encourageants
Au Bénin, depuis le vote de la loi et ainsi que la prise du décret d’application par le chef de l’État, des résultats encourageants ont été enregistrés. A en croire Folachadé Saïzonou, l’existence de cette loi a contribué à l’amélioration de la perception de l’avortement sécurisé.
Le nombre de demandes des soins pour l’interruption volontaire de grossesses a augmenté. Une réduction des complications liées aux avortements clandestins dans les hôpitaux est notée, de même qu'une meilleure disponibilité des médicaments d’interruption volontaire de grossesse dans les centres agréés.
Le lancement officiel de la campagne "Doxami" est prévu pour le vendredi 27 septembre 2024. Il intervient dans le cadre de la célébration de journée intérnationale du droit à l'avortement sécurisé (JIAS).
L'occasion de la célébration de la JIAS 2024, souligne Folachadé Saïzonou, membre de l’Ong Filles en actions, sera le moment de « mesurer le chemin qui reste à parcourir et de travailler à lever les obstacles qui exposent davantage les femmes et les filles à un risque accru d’avortement non sécurisé et de complication sanitaire ».
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