Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?
Je suis Ludoski Cakpo. De formation, je suis électricien en électricité bâtiment, mais je suis devenu littéraire par passion. Je suis donc l'auteur de cette œuvre que vous connaissez peut-être : ‘’L'enfant mère’’. C'est mon premier ouvrage, je veux dire officiellement, puisqu'en 2020 déjà, j'avais écrit ce petit numéro d'information : ‘’COVID-19, la révélation du 21ᵉ siècle’’, cette maladie qui sévissait vraiment à cette époque. ‘’L'enfant mère’’ est paru en 2023 aux éditions Afrique Éclat. Il compte 100 pages. Aussi pour faciliter la tâche aux lecteurs.
De quoi parle votre recueil de nouvelles ‘’L'enfant mère’’ ?
Dans nos sociétés, on entend aujourd'hui dire que nos jeunes filles sont brimées, brimées par leurs supérieurs ou leurs patrons sous divers aspects. J'ai essayé de dénoncer ici plusieurs causes de ces phénomènes, en tenant pour responsable la jeunesse féminine elle-même. Des causes dont on ignore peut-être l'existence ou qu'elles ignorent elles-mêmes. C'est là que je parle d'auto restauration des valeurs féminines. J'en appelle donc à la jeunesse féminine elle-même pour la restauration de ces valeurs, la restauration des valeurs africaines.
Quels sont les thèmes abordés dans votre livre ?
Dans cette œuvre, plusieurs thèmes ont été abordés. J'ai parlé de la dépigmentation, de l'homosexualité, de la maternité précoce (c'est d'ailleurs la nouvelle éponyme, celle qui donne son titre au livre ‘’L'enfant mère’’). J'ai abordé la thématique de l'amour pour la patrie. Des Africains pensent aujourd'hui qu'il faut aller à l'extérieur pour se développer, pour s'enrichir, pour s'épanouir etc... Je ne refuse pas l'idée de partir, mais il faut partir pour revenir et servir son pays. J'ai également parlé de l'amour défendu. Nos jeunes filles pensent aujourd'hui qu'il faut entrer dans des relations avec des hommes religieux pour des raisons qu'elles-mêmes ne définissent pas vraiment, elles sont juste poussées par des passions inutiles. J'ai aussi évoqué les ambitions néfastes de nos jeunes filles.
Enfin, j'ai parlé de ce phénomène qui prend de l'ampleur aujourd'hui : le phénomène des ‘’sugar daddy’’, où nos jeunes sœurs pensent qu'il faut entretenir des relations avec des vieux pour avoir tout ce qu'elles désirent, mais elles ne savent pas ce qu'elles y perdent en réalité. Elles ne le savent pas. J'en appelle donc à toute la jeunesse, à une prise de conscience de la jeunesse féminine. Toute personne qui lit ce livre ou qui le lira doit être un canal par lequel la jeunesse féminine prendra conscience pour une auto-restauration de ces valeurs.
Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de ‘’L’enfant mère’’ ?
Eh bien, j'ai été marqué par la façon dont les valeurs féminines, voire les valeurs africaines, se perdent ici à cause de plusieurs phénomènes. Nos jeunes filles montrent en fait qu'elles ne reçoivent plus l'éducation que nos parents ont reçue à l'époque, ou alors qu'elles n'intègrent plus cette éducation-là.
Votre remarquable recueil traite-t-il de la fiction ou des faits réels ?
Le contenu de tout le livre repose en grande partie sur de l’imaginaire. Mais tout part toujours d’un fait, la plupart du temps, vécu. La majorité des noms donnés aux personnages étaient des noms de personnes que j’ai côtoyés.
Votre troisième nouvelle aborde la rumeur qui traverse le temps faisant état de relations amoureuses entre des clercs et jeunes filles fidèles de l’église. Séminariste et futur prêtre, n’a-t-il pas été difficile de vous pencher sur le sujet ?
Effectivement, j'ai eu un peu de mal à aborder la question. Mais puisque ici, je parle surtout de la mauvaise posture de nos jeunes sœurs et non de nos clercs, je l'ai abordé. J'ai insisté sur le fait que toute déviance observée chez nos clercs, passe souvent par une sollicitation de la part de nos jeunes sœurs. Et c'est là le point focal de mon exhortation : si nos sœurs peuvent changer leur mentalité, ce phénomène cessera de prendre de l'ampleur. Je l'ai abordé aussi, parce que je pense qu'on ne saurait être porteur de la voix du peuple si l'on doit encore voiler les réalités évidentes. Vous remarquerez que j'ai été assez direct dans cette nouvelle comme dans les autres.
Pourquoi ce zoom dans votre environnement professionnel ?
Oui, je n'ai fait aucune formation littéraire ni de séries littéraires pendant mes études académiques. Mais j'avais toujours cette passion pour la littérature. Je me réjouis en fait de pouvoir concilier mon statut professionnel qui est purement technique et mon statut d'écrivain qui est purement de la passion. Un jour, on m'a posé la question de savoir comment un électricien peut être écrivain. Là, j'ai souri et j'ai dit, "c'est une grâce".
Quel est le message que vous voulez passer à travers votre œuvre ?
À travers "l'Enfant Mère", j'ai voulu faire la lumière sur ces phénomènes dont presque personne n'ose souvent parler, mais qui nuisent à l'épanouissement de la jeunesse africaine. Je voudrais que par mes écrits, l'on puisse se rendre compte de l'ampleur de ces maux et œuvrer pour une prise de conscience de la jeunesse féminine.
Que représente la littérature pour vous ?
Ah la littérature ! Comme je l'ai dit, c'est pour moi une passion. C'est le moyen pour moi d'impacter mon entourage et de modeler ma personnalité.
Qu’est-ce qui explique, selon vous, la réticence à la lecture chez les jeunes ?
Je pourrais dire que c'est l'avènement des nouvelles technologies. Il y a aussi de ces jeunes qui voient la lecture comme une perte de temps et préfèrent mettre ce temps à profit pour leurs exigences professionnelles rentables ou leur quête de bonheur express. C'est pourquoi il n'est pas rare d'entendre : "the time is money". Alors, que dans les livres sont cachés les plus grands trésors.
Comment renverser la tendance ?
Pour renverser cette tendance selon moi, il faut habituer les écoliers à la lecture, non par obligation, mais en faisant germer en eux une passion. Puisqu'avec le numérique aujourd'hui, c'est difficile d'opérer un changement au niveau des jeunes.
Avez-vous un message pour clore cet entretien ?
Je voudrais simplement vous exprimer ma joie pour cet entretien qui me permet encore une fois d'atteindre les jeunes. Vivement que tout jeune comprenne la responsabilité que je lui confie, à travers mon œuvre, dans le processus de conscientisation de la jeunesse féminine.
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