Angélique Kidjo ouvre son univers musical. Marraine et présidente du jury du concours « Prix Rfi découverte 2025 », la Béninoise a fait part, à travers une interview à RFI, de sa sensibilité musicale. La compositrice-chanteuse-interprète a expliqué d’où vient sa musique et ce qui peut l’accrocher chez un artiste.
Authenticité et originalité dans la musique
Angelique Kidjo a une vision culturelle connue à travers le monde, mais reste fidèle à ses racines. Pour elle, l’authenticité et l’originalité sont très importantes quand on décide de faire carrière dans la musique. C’est d’ailleurs ces deux qualités musicales qui peuvent faire « vibrer » la superstar béninoise lorsqu’elle écoute un autre artiste.
Pour Angélique Kidjo, « ce qui est intéressant, c'est de voir le monde que l’artiste écrit et que ça soit distinctif. C’est-à-dire, cet artiste, quand on l'entend, on sait que c’est cet artiste et personne d’autre » . Il est important « que cet artiste ait une parole, ait quelque chose à dire et à un monde qui est unique et spécifique à lui ou à elle », a ajouté l’interprète du titre emblématique « Agolo ».
Et pour avoir cette originalité, Angélique Kidjo conseille d’éviter de plagier les autres. Mais plutôt recourir à sa culture et à ses origines. « Moi, on m’a toujours dit ça quand j’ai commencé ma carrière. On m’a dit "il faut savoir d’où tu viens pour savoir où tu vas" », a conté l’artiste africaine ayant remporté le plus de Grammy Awards individuellement.
Curiosité, adaptation et appropriation
L’icône de la musique qui a sorti 16 albums et remporté cinq Grammy Awards a confié que depuis son enfance, elle était animée par l’esprit de curiosité. La diva béninoise a expliqué que c’est important de maintenir le contact avec tout le monde, y compris la jeune génération.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle a accepté d’être la marraine et la présidente du jury du « Prix Rfi découverte ». Elle a expliqué que ce rôle lui « permet de rester en contact avec ce qui se fait un peu partout et de voir aussi l’évolution de la musique et comment elle est traitée aujourd’hui ».
Cette artiste multigenre est convaincue que la musique est l’un des rares médiums pour créer des ponts. « J’aime casser les codes. Je n’ai pas envie qu’on me mette dans un bocal », a-t-elle expliqué.
Angélique Kidjo apprend qu’elle est très curieuse depuis son enfance. « J’ai toujours eu cette curiosité depuis que je suis gamine à poser des questions. Pourquoi si, pourquoi pas ça. (…) Quand je n’ai pas de réponse, je ne partais pas. Car j’avais besoin de comprendre pour pouvoir avancer », a-t-elle relaté. Elle a révélé que sa curiosité lui avait valu le surnom de "pourquoi, quand, comment ?".
Après cette phase de compréhension, Angélique Kidjo entame une seconde phase. La deuxième étape, explique l’artiste à la voix placide, « c’est comment est-ce que je m’adapte à ça , comment est-ce que je me l’approprie et comment je le rends ». Grâce à sa curiosité et sa capacité d’adaptation et de appropriation, la diva a su se servir de sa musique pour découvrir le monde et son histoire.
« Depuis que j’ai commencé à chanter, la musique m’a amené à découvrir l’histoire de l’esclavage, à découvrir l’histoire de l’apartheid, la dictature chez moi. Cela a exacerbé mon sens de la justice. Et la musique que je fais vient de là », a renseigné Angélique Kidjo.
Le national avant l'international
De plus en plus, les artistes de certains pays tels que le Nigéria et de l’Afrique du Sud semblent prendre le dessus dans l’industrie musicale africaine. D’aucuns ont l’impression que les artistes des pays ouest-africains francophones ont un peu plus de mal à percer à l’international. Pour changer la donne, « il faut qu’on arrive à créer nos rythmes, quelque chose de particulier ».
Il ne sert à rien de chercher à se faire un nom à l’international lorsqu’on n'est pas encore connu dans son pays, selon la chanteuse. Avec son riche parcours de plus de 40 ans de carrière, elle conseille : « Il faut déjà, au sein de son propre pays, arriver à avoir une musique qui fédère tout le pays. Et quand on a ça, on peut l’amener à l’international ».
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