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Tèkè, Zangbéto, Guèlèdè... : quand Cotonou vibre aux rythmes et danses ancestrales au Tour du Bénin en traditions

Tèkè, Zangbéto, Guèlèdè... : quand Cotonou vibre aux rythmes et danses ancestrales au Tour du Bénin en traditions

Un spectacle de Zangbéto, de masque Guèlèdè et de danses traditionnelles mettant en lumière la diversité culturelle des 12 départements du Bénin a eu lieu vendredi 28 novembre 2025 au centre culturel et artistique Ilè Okpê de Cotonou. Retour sur ce beau spectacle à la fois multi-scénique et multi-ethnique orchestré par des jeunes.

Un spectacle de Zangbéto, de masque Guèlèdè et de danses traditionnelles mettant en lumière la diversité culturelle des 12 départements du Bénin a eu lieu vendredi 28 novembre 2025 au centre culturel et artistique Ilè Okpê de Cotonou. Retour sur ce beau spectacle à la fois multi-scénique et multi-ethnique orchestré par des jeunes.

Danse Tipenti

Danse Tipenti

Zangbéto, Guèlèdè, danses traditionnelles pour revisiter les 12 départements du Bénin. Dans la soirée du vendredi 28 novembre 2025, le centre artistique et culturel Ilè Okpê de Cotonou a vibré au rythme fusionnel de la danse et du style vestimentaire de chaque grande région du pays. Le spectacle est l’œuvre collective “des Terribles du Bénin”, “les Héros du Bénin” et “les Trois L”.

 

Avant chaque tableau chorégraphique, le directeur artistique, Eric Orphée Gnikpo, explique au public l’histoire de la danse à suivre. « Il ne servira à rien que le public s’asseye pour suivre juste un enchaînement de danse. Mais si avant que la danse ne soit exécutée, on essaie déjà de leur expliquer les occasions au cours desquelles elles s’exécutaient, ça sera un moyen pour ces derniers d’être vraiment accrochés. Raison pour laquelle chacune des danses traditionnelles est précédée d’une séquence explicative », a-t-il justifié.

 

Le groupe de danse commence le premier tableau avec la danse “tèkê” des Bariba. Ce sont dans les départements du Borgou et de l’Alibori que le public assis à Cotonou se retrouve. Le choix de la danse tèkê pour démarrer la soirée n’est pas anodin. À l’origine, elle était exécutée uniquement lors d’événements majeurs comme l’intronisation d’un roi. « Nous avons choisi de démarrer par le Tèkê pour en quelque sorte élever notre public comme des rois que l’on intronisait à cette soirée », a justifié le directeur artistique, Eric Orphée Gnikpo.

 

Au premier tableau, 6 danseurs torses nus occupent l’espace. Disposés en deux rangs, les danseurs sont coiffés de bonnets rouges ornés de bandeaux blancs et portent un pantalon bouffant. Ils gardent dans leur main gauche un chasse-mouche fabriqué à partir d’une queue de bœuf et dans la seconde main un bâton. Cet  accessoire est à l’origine du surnom du Tèkê : “danse des bâtons”. À l’arrière-plan des chorégraphes se tient l’orchestre. Les musiciens, vêtus de tenues traditionnelles orange et brunes, jouent du tambour et d’autres percussions, installant un tempo qui dicte la cadence des danseurs.

 

La danse Tèkê encore appelée danse du baton

 

Le deuxième tableau a offert au public la danse “Tipenti”. C’est une danse traditionnelle de réjouissance exécutée par les peuples Otammari et Bètamaribê, principalement dans les départements de l’Atacora et de la Donga, au nord du Bénin. À l’origine, cette danse était réservée aux hommes cultivateurs et se pratiquait pendant la récolte du petit mil ou du sorgho.

 

Lors du spectacle, les danseurs de “Tipenti” étaient torses nus, coiffés d’un casque de bufflon et portaient des bracelets en laine de mouton aux bras et aux pieds. Les hommes étaient torses nus avec un short à la couleur de la girafe. Tandis que la seule dame du groupe de danse était vêtue d'un débardeur rouge et de raphias de couleur jaune et verte, un clin d’œil aux couleurs nationales. Un meneur de danse jouait de la flûte traditionnelle Fatan’fa, apportant une mélodie placide à cette chorégraphie.

 

Véritable marqueur d’identité pour les populations d’Abomey et du Zou en général, la danse du “Zinli” a été aussi servie au public. Pagne noir noué à la poitrine et la crue chevelure voilée par un foulard aussi noir orné d’un cauris, les “agodjié” de la soirée ont esquissé des pas de “Zinli” à la hauteur des Amazones du Dahomey. Jadis réservé aux initiés, ce rythme traditionnel, porté par les tambours akoumba et ganké, conserve une portée spirituelle forte.

 

La divinité Zangbéto 

 

Le Kaka ou rythme de bois était également au rendez-vous. Il a été accompagné d’une démonstration phénoménale de la divinité Zangbéto. Transporté inanimé, le Zangbéto fut soulevé, révélant un intérieur entièrement vide. Quelques instants plus tard, la divinité s’éveilla et se mit à danser avec majesté. À peine le Zangbéto commença-t-il à s’émouvoir que la pluie se mit à tomber. Selon les organisateurs, cette pluie n’est pas fortuite. Elle constitue un signe de bénédiction et l’aval « des mânes de nos ancêtres».

 

Classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO, le Gèlèdè, pilier de la culture yoruba, a été aussi offert au public enthousiasmé. Les rythmes Tchinkoumè du peuple Mahi et Goubé des Idatcha, tous deux du département des Collines, ont été aussi exécutés pour le plaisir du public. Les rythmes Tchoklé, Agbadja, Agétché, Aschipè et Kpanou gnon n’ont pas non plus été occultés lors de la soirée.

 

Pour Kévin Dossou-Yovo, cheffe chorégraphe de l'équipe, le spectacle visait principalement à montrer que le Bénin est riche en culture. Roland, l’un des spectateurs, déclare être « comblé » par ce qu’il a vu. Encore porté par l’énergie de la soirée, il dit avoir retrouvé dans les tableaux présentés un reflet fidèle de ses propres références culturelles mais aussi de la mosaïque culturelle nationale. « J’ai parcouru le Bénin à travers ce beau spectacle. Je suis Mahi. Ils ont fait du Tchinkoumè, et je me suis retrouvé dedans », a-t-il extériorisé. Roland trouve « bien dommage » qu'il y ait une frange de la jeunesse « plus orientée vers le modèle occidental ». Il plaide pour une organisation et une diffusion élargies des spectacles culturels afin de susciter l'intérêt d’un plus large public.

 

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