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Procès affaire disparition de 4 milliards à la DGI : clôture des débats avec des révélations du frère du bokonon fait des révélations sur la voiture de l'ex-régisseur (Fin du Direct 3e jour)

Procès affaire disparition de 4 milliards à la DGI : clôture des débats avec des révélations du frère du bokonon fait des révélations sur la voiture de l'ex-régisseur (Fin du Direct 3e jour)

Au Bénin, le procès de l'ancien régisseur central des impôts, Carlos Adohouannon, et de ses codétenus, dans l'affaire de disparition de plus de 4 milliards FCFA à la direction des impôts se poursuit. Suspendue mardi 21 janvier 2024, l'audience a repris à la CRIET.

Au Bénin, le procès de l'ancien régisseur central des impôts, Carlos Adohouannon, et de ses codétenus, dans l'affaire de disparition de plus de 4 milliards FCFA à la direction des impôts se poursuit. Suspendue mardi 21 janvier 2024, l'audience a repris à la CRIET.

Troisième jour de procès dans l'affaire de disparition de plus de 4 milliards FCFA à la direction générale des impôts du Bénin. Ouverte lundi 20 janvier 2025, l'audience dans le cadre du procès de l'ex-régisseur central des impôts, Carlos Adohouannon, et de ses codétenus se poursuit devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). 

 

Elle a repris ce mercredi 22 janvier 2025 peu après 9 heurs. Carlos Adohouannon et ses codétenus sont dans la salle d'audience. 

 

Blaise Salanon à la barre

 

 

Se présentant comme opérateur économique, Blaise Salanon est un mis en cause dans cette affaire de disparition. L'homme âgé de 37 ans est un proche de Carlos Adohouannon, le principal mis en cause. Il est soupçonné d'avoir joué un grand rôle dans la disparition des fonds à la direction générale des impôts en 2019. 

 

A la barre, Blaise Salanon a déclaré qu'il a fait la presse de 2006 à 2012. Alors qu'il travaillait encore dans le domaine des médias, il a parrallèlement commencé la location de sonorisation. A la longue, il s'est lancé dans le transport avec un véhicule de quatrième main.

 

Le mis en cause déclare à la barre faire aussi, et ce, depuis 2012, la location de véhicule de transport en commun, communément appelé Tokpa-tokpa. Cette nouvelle activité lui rapportait 15 000 FCFA par jour. Sa flotte de véhicules s'agrandissait chaque année, avec un nouvelle acquisition. Elle doit être aujourd'hui constituée d'environ 34 véhicules, dit-il justifiant le manque de précision par le temps en prison. A ses dires, la location de véhicules lui rapporte par semaine 300 000 et 2 millions FCFA. 

 

Blaise Salanon se présente également comme le promoteur d'un bar. Son patrimoine immobilier est riche d'une maison à Abomey, trois maisons à Abomey-Calavi dont deux à étages et de quelques parcelles non bâties. La maison qu'il habite, a-t-il fait savoir à la Cour, ne lui appartient pas. Elle lui a été confiée. 

 

"Bokonon" de personnalités africaines? 

 

Père de cinq enfants et marié à deux femmes, le prévenu a indiqué être le fils d'un grand boconon (féticheur, ndlr). Il a affirmé que depuis son enfance, il aide son père dans ses activités de fétichisme. A force, il en a une bonne connaissance. A son départ du monde de la presse, il a poursuvi les activités de fétichisme aux côtés de son père.

 

Blaise Salanon déclare être entré en contact avec des personnalités politiques sur le continent à qui il offre ses services de fétichisme. Il cite entre autres, l'ancien chef de la junte en Guinée, Moussa Dadis Camara, l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, et Michel Djotodia qui a dirigé la Centrafrique à la chute de François Bozizé. 

 

Les déclarations du prévenu sur les offres de services de fétichisme sont remises en cause par le ministère public. Le procureur spécial près la CRIET relève que Blaise Salanon devrait avoir 16 ans au moment où la majorité des personnalités citées étaient au pouvoir. Et à 16 ans, pense le magistrat, il n'aurait pas eu accès à ces personnalités. 

 

Le prévenu apprend que ses consultations aux personnalités lui rapportait beaucoup de revenus. Il affirme que ses consultations pour l'ancien président lui rapportait au minimum 20 millions FCFA. Il déclare s'être rendu à Ouagadougou où Dadis Camara avait trouvé exil à sa chute en Guinée pour percevoir une somme de 13 millions FCFA. 

 

Blaise Salanon, dans sa déposition, a évoqué son revenu mensuel. A ses dires, il a au moins 9 millions FCFA par mois. Ce revenu va souvent jusqu’à 200 millions FCFA. 

 

Le bokonon s’explique sur une somme de 15 millions 

 

Au moment de son arrestation, il a été retrouvé dans le véhicule que conduisait Blaise Salanon, la somme de 15 millions FCFA. Il a été également retrouvé dans le véhicule un chèque. 

 

Interrogé sur cette somme et le chèque, le proche  de Carlos Adohouannon s’est expliqué. Il a déclaré concernant la somme dans son véhicule qu’il avait acheté un parcelle en face d'une église catholique. 

 

Mais les prêtres sont venus le voir pour négocier avec lui. Les prêtres lui ont fait comprendre qu'il ne peut pas développer ses activités occultes devant une église. Donc ils lui ont fait retourner un chèque de 15 millions par un notaire. Il est passé à la banque retirer l'argent et c'est resté dans le véhicule

 

Le président Céans indique que selon les documents, il a payé une seule parcelle en 2016. Le reste a été acheté de 2017 à 2019. 

 

Quid de ses relations avec Carlos Adohouannon

 

La Cour cherche à établir la nature des relations entre Carlos Adohouannon et Blaise Salanon. Elle interroge alors Blaise Salanon, à la barre. 

"Est-ce que que vous connaissez Carlos?", interroge le président des céans. A cette question, il répond par l'affirmative.  "Je connais Carlos mais je ne l'avais jamais vu. C'est en janvier 2019, Carlos m'a appelé pour me parler des produits de son réseau marketing. Après ça, je l'ai appelé pour lui dire qu’en allant dans la ville, je vais passer à ton service pour qu’il m'en dise plus sur les produits. Ce qui a été fait. Après je lui ai envoyé mon chauffeur pour me prendre le produit", a-t-il narré.

 

Il apprend que par la suite, Carlos lui a parlé de compléments alimentaires et le relançait. Il a donc envoyé son chauffeur lui prendre un carton contenant douze emballages du produit.

 

Blaise Salanon déclare que que Carlos et lui se sont vus quatre fois dont à trois reprises au lieu de travail de l'ex-régisseur central des impôts.

 

Le président des Céans : Carlos vous a-t-il fait de cadeaux ? 

 

"Je suis allé le voir une fois et il m'a donné des bons d'essence à hauteur de 100 000. Après il m'a envoyé trois liqueurs", répond-il.

 

Interrogé sur le transfert de nom de Blaise Salanon sur la maison de Carlos, le bokonon confie qu’il est en relation avec les parents de ce dernier et échange avec eux. A l’en croire, ce sont les parents de l’ex-régisseur qui se sont plaints du fait que leur fils en voulant payer la parcelle est allé acheter dans le bas-fond.

 

 « Après Carlos m'a dit qu'il veut vendre la parcelle. Je lui ai alors dit de faire les papiers. Je suis allé chercher mon quitus fiscal pour les élections en 2019 et je me perdais. J'ai appelé Carlos pour qu'il m'oriente vers le service concerné. C'est à l'occasion que Carlos m'a amené les papiers et m'a expliqué qu'il ne voulait pas vendre mais qu'il voulait faire un dossier et il veut que je sois, un avaliseur », déclare le bokonon à la barre.

 

Blaise Salonon dit avoir demandé un temps de réflexion. Après quoi, il a accepté la proposition de son ami Carlos Adohouannon.

 

 

Mais, le président de Céans a lu une déposition de Blaise où il avait dit que Carlos lui avait vendu une parcelle en 2015 par le biais de ses parents. Blaise dans sa réponse a indiqué que c'est sur la base de ce que les parents de Carlos lui avaient dit qu''il a accepté de signer les papiers pour Carlos.

 

 

Des contradictions entre Carlos et le bokonon

 

A la suite du juge, le représentant du ministère public relève qu’en déposant hier, Carlos n'a jamais parlé de vente de parcelle. Mais c'est à cause de la confiance qu'il avait pour Blaise qu'il a voulu lui confier sa parcelle. Aujourd’hui Blaise vient parler de vente.

 

Blaise soutient que c'est d'une affaire de vente dont Carlos lui avait parlé. Donc c'est à l'occasion du retrait de son quitus fiscal qu'il a signé les papiers de vente. C'est après la signature que Carlos lui a dit que c'était un transfert de nom pour lui permettre de déposer le dossier pour obtenir une exonération d'impôt décennale.

 

 

Blaise dit avoir fustigé cette manière de faire. Il a ensuite demandé à Carlos de lui remettre l'un des papiers et d'attendre avant d'introduire le dossier puis il est reparti avec un document. Après, il dit avoir multiplié les appels pour revoir Carlos. Quelques temps après, Carlos l’a informé qu'il a déjà déposé le dossier et obtenu ce qu'il voulait et que la mutation de nom peut se faire maintenant.

 

Blaise confie à la barre que si ce n'est pas la négligence, la mutation de nom serait déjà faite avant même que la situation qui a conduit à son arrestation ne survienne.

 

Le ministère public fait comprendre que ses déclarations lors de sa déposition au commissariat concernant l'affaire de parcelle et ses déclarations à la barre ne sont pas conformes.

 

Blaise dit n'avoir pas menti et que ce qu'il dit à la barre est la vérité. Sur les tickets valeurs offerts par Carlos, Blaise dit n'avoir pas besoin de tickets valeurs donc, il ne les a pas utilisés.

 

Normalement, estime le magistrat, Blaise devait refuser de prendre ces tickets valeurs si tant est qu’il n’en avait pas besoin.

 

Pour se défendre, Blaise relève que c'est lui-même qui a remis les tickets valeurs à la BEF.

 

Le président de Céans informe que Blaise a acheté une parcelle 43 millions, d'autres à 22 millions, un compte dépôt à terme de 200 millions.

 

Président de céans : Carlos est venu chez toi à Abomey ? « Oui », répond le bokonon.

Le ministère public enchaîne: « de quoi avez-vous parlé ? »

« J'ai remarqué qu'il n'était pas bien, il était débrayé ce qui n'était pas de ses habitudes. Donc je lui ai demandé ce qui n'allait pas? C'est alors qu'il m'a dit qu'il devait de l'argent à quelqu'un depuis deux semaines. Qu'il cherchait 200 millions pour payer un prestataire », répond le prévenu.

 

Blaise lui aurait dit que si c'est à un prestataire, c'est donc une affaire du boulot. "Et pourquoi il n'a pas payé ?", aurait demandé le bokonon à Carlos. Et à ce dernier de lui déclarer qu'il a fait des prêts à ses patrons et qu'il n'avait plus de fonds pour payer un prestataire. Blaise dit lui avoir alors conseillé d'aller à la police.

 

La magistrat indique que ces déclarations sont  contraires à ses déclarations au commissariat et lors de l'instruction.

 

Le bokonon raconte ses dernières discussions avec Carlos avant sa fuite

 

Après avoir refusé de se rendre à la police, Carlos aurait dit à Blaise Salanon qu’il a de l'argent à Lomé et qu'il se rendrait là-bas pour le recupérer. Comme il faisait déjà nuit, il a demandé s'il pouvait dormir et se rendre le lendemain à Lomé. Blaise a accepté.

 

Le bokonon précise que toutes ces conversations entre Carlos et lui se faisaient à la devanture de sa maison à Abomey. Ceci, explique-t-il, parce qu’il devait aller à un rendez-vous et c'est l'appel de Carlos qui l'a retenu à la maison.

 

Blaise a alors instruit son petit frère de trouver une chambre à Carlos et est allé à son rendez-vous. Il est revenu vers 1heure. Le lendemain matin, il a demandé à son frère si Carlos est déjà parti. Le frère l'a informé que Carlos a quitté très tôt la maison et qu'il a laissé sa voiture avec la clé. C'était un samedi matin, apprend-il.

 

Le dimanche Carlos a appelé Blaise pour lui dire qu'il est bien arrivé à Lomé. Blaise lui a demandé s'il a pris l'argent. « Carlos a dit non, pas encore », confie le bokonon.

 

Blaise dit que c'est le lundi qu'il a appris que Carlos a volé 4 milliards FCFA. Et quand il a vu l’information, il a transféré le lien à Carlos. Carlos lui aurait dit qu'il n'a pas encore l'argent et qu'à cause des pressions qu'il recevait, il ne pouvait pas revenir. Dans la revue de presse de Dah Houawé, Blaise dit avoir appris que Carlos a été arrêté et est mort.

 

Il lui aurait encore écrit sans réponse. Après Carlos l'a appelé de la Côte d'Ivoire. Le bokonon dit lui avoir demandé pourquoi il changeait ainsi de numéros et lui a demandé de revenir pour faire face à la situation. Ce que Carlos a refusé de faire.

 

 

Le président de céans fait remarquer que Blaise avait pourtant des comptes bien fournis et pourquoi il ne pouvait pas aider Carlos? Blaise dit n'avoir pas ce genre de rapport avec lui.

 

Le substitut du procureur rappelle que Blaise a fait trois dépôts à terme: 110 millions, 200 millions et 300 millions. Ce que Blaise a accepté.

 

Le magistrat lui demande alors combien a été retrouvé chez lui lors de la perquisition ? Blaise dit en dehors des 15 millions retrouvés dans sa voiture, il ne se souvient pas du montant. Le représentant du ministère public lui rappelle que c'était 63 millions. En réponse, Blaise a indiqué que c'était des fonds qu'il entassait là dans le cadre des élections et autres cérémonies.

 

Carlos invité à nouveau à la barre

 

L’ex-régisseur de la DGI dit que son souci en allant chez Blaise, c'était pour aller larguer sa voiture et s'en fuir. « Ce n'est pas à cause de l'argent que je suis allé chez lui », a-t-il déclaré.

Ministère public : qu'est-ce qu'on doit retenir de l'affaire de parcelle ?

 « Ce n'est pas que j'ai vendu de parcelle à Blaise. Je lui ai expliqué que je vais mettre son nom sur les papiers de la maison », a expliqué le prévenu.

 

 

Selon le substitut du procureur spécial, si on tient compte de l'urgence de la situation, la piste d'Abomey pour larguer sa voiture est à supprimer surtout que Carlos a décidé d'aller à Lomé.

 

« Blaise Salanon n'a aucune emprise sur moi. On a un respect mutuel l'un envers l'autre », a-t-il réagi. Il dit avoir commencé la collaboration avec Blaise en 2018.

 

Selon Carlos Adohouannon, quand il prenait service en tant que régisseur le 1er juillet 2016, il n'y avait pas 4 milliards dans le caveau. Les quatre milliards, fait-il savoir, c'est l'accumulation de plusieurs années de dépôts.

 

L’ex-régisseur dit avoir su que Blaise Salanon est riche après avoir reçu l'arrêt de la justice.

 

Le président de céans demande ce que fait la mère de Carlos. L’ex-régisseur apprend que sa mère a été secrétaire à l'ONAB (ex-Office national du bois, NDLR) et est la retraite.

 

Le juge indiqué que la mère a une ferme. Mais on a retrouvé un contrat d'assistance entre Carlos et la personne recrutée pour travailler dans la ferme. Comment expliquer cela ?

 

 Carlos pour justifier cela indique que c'est suite à des problèmes répétés entre sa mère et son employeur qu'il a décidé d'être un intermédiaire et a voulu un contrat d'assistance.

« Est-ce que cela nécessitait un contrat d'assistance ? », interroge le ministère public. Carlos confie  qu'il voulait un cadre juridique.

 

Il explique que c'est lorsque sa mère devait faire valoir ses droits à la retraite, qu'elle a reçu 15 millions. Elle lui a fait appel pour un investissement. Carlos n'ayant pas un projet, a demandé un temps de réflexion. Mais sa mère est allée  acheter une ferme et lors de l'exploitation des problèmes ont commencé.

 

Un visa, des devises internationales et un billet d’avion retrouvés chez le Bokonon

 

Des billets de dollars (Photo d'illustration)
Des billets de dollars (Photo d'illustration)

 

Le bokonou de nouveau à la barre. Le président de céans fait la lecture de ce qui a été retrouvé dans le véhicule de Salanon lors de son arrestation. Dans le véhicule il a été retrouvé d'importantes sommes en FCFA et en euro, un visa Schengen, un billet d'avion Air France départ le 6 octobre et retour 13 octobre 2019.

 

Le ministère public fait une corrélation entre le départ de Carlos le 20 septembre 2019 et celui prévu de Blaise. Il a demandé si Blaise aussi voulait s'en fuir ? « Non », a répondu Blaise ajoutant que c’est pourquoi il a un billet retour.

 

Lors de l’enquête préliminaire, souligne le président de céans, la femme de Blaise a confié que c'est en 2017 que les activités économiques de Blaise ont pris de l'envergure. En réponse, Blaise a dit qu'il ne peut tout dire à sa femme.

 

La soeur de Blaise Salanon à la barre

 

A la reprise de l’audience après une suspension de plus d’une heure, la Cour a convoqué à la barre, Gisèle Salanon, soeur ainée de Blaise. Elle est soupçonné d'avoir touché d'une manière et d'une autre aux fonds aux origines douteuses de son frère.  

 

Interrogée, Gisèle Salanon, en détention préventive dans cette affaire, a déclaré être allée voir son frère après son interpellation par la Brigade économique et financière (BEF). Sur le chemin du retour, affirme-t-elle, elle a reçu un coup de fil. 

 

L’homme à l’autre bout du fil s’est présenté comme un avocat de son frère et lui a fait savoir qu’il avait besoin d’elle. De retour à BEF, Blaise lui a remis la clé de son bureau à son domicile. Il lui a demandé de s’y rendre et d’ouvrir un coffre-fort contenant des billets de banque qui s’y trouve. 

 

Elle aurait reçu pour ordre de prendre une partie de l’argent pour payer les honoraires d’avocats sollicités par son frère. Elle dit s’être exécutée. Une fois les avocats payés, elle a déplacé le reste de l’argent qu’elle a confié à un certain Romain qu’elle présente comme un frère avec qui elle a grandi à Abomey. 

 

Le lendemain, au levé du jour, elle est revenue à Calavi. Elle poursuit que suite à l’appel d’un ami de son frère qui lui a suggéré d’informer le roi d’Abomey de la situation, elle a dû effectuer un voyage vers la cité historique, le même jour. 

 

De retour à Abomey, elle n’a pu aller voir le roi pour lui narrer la situation de son frère. Interpellée, avant d’avoir eu le temps de se rendre à la Cour royale. 

 

Elle apprend qu’elle a été interpellée par les agents de la BEF alors qu’elle se trouvait au domicile de l’ami de son frère qui nomme Behanzin. Elle devait s’y changer pour le déplacement à la Cour royale. 

 

A la barre, Gisèle Salanon reconnaît avoir sollicité l’aide de son frère quand elle faisait face à des difficultés financières. Le président de Céans demande si elle ne s'est jamais demandé l'origine de la fortune de son frère ? Elle confie qu'elle avait une idée des activités de son frère.

 

Le président de Céans demande pourquoi quand le frère lui a dit de prendre l'argent et de payer les avocats, elle a ramené le reste à Abomey ? « Je ne sais pas. J'ai juste fait ce qui m'est venu à l'esprit », répond-elle assurant que Blaise ne lui a pas dit de ramener l'argent à Abomey. 

 

 Le président des céans lui demande combien il y avait dans le coffre-fort ? « Je sais. A la BEF les fonds ont été comptés et c'est noté », commence-t-elle. Le président de céans indique que c'est 31 millions FCFA que la BEF a compté. « Donc si on ajoute les 4 millions de l'avocat, ça fait 35 millions », complète-t-elle. 

 

Le président de Céans a indiqué que le coffre-fort de Blaise était caché sous son frigo. Et lors de la perquisition en sa présence, les agents ne l’avaient pas vu. Il fait savoir que c’est après que Blaise a appelé sa grande sœur et non ses deux femmes pour cacher l'argent. 

 

« Tu n'as pas compté l'argent ? », demande le ministère public à Gisèle. La prévenue répond par la négative. « J’ai juste compté les lots parce que c'était en lot de 500, 1000, 2000 FCFA », a-t-elle expliqué. Elle dit avoir compté 13 lots qu'elle a mis dans un sac et a déplacé à Abomey. 

 

L’avocat de Gisèle lui demande si elle cconnaît ceux à qui son papa fait des consultations ? « Non. Papa reste à Cotonou. Nous nous sommes à Abomey », explique-t-elle. 

 

L’avocat de Carlos demande à Gisèle si elle avait vu une fois son client avant son arrestation ? Elle répond que non. Le conseil de Carlos enchaîne avec une nouvelle question. Il veut savoir si Blaise lui a par hasard il dit qu’il détenait une partie de l’argent disparu à la DGI dans son bureau et lui avait ordonné de déplacer.

 

Elle répond également par non. « Il m'a juste dit que je vais trouver de l'argent dans son bureau, de prendre pour payer les avocats et prendre soin du reste », soutient-elle.

 

Après l’avocat de Carlos, le ministère public place également une question. Il demande à Gisèle si, avec du recul, elle pense avoir posé des actes répréhensibles ? Elle confie s’être posé déjà la question et est arrivée à la conclusion qu’elle a juste rendu service à son frère puis s’est retrouvée dans cette affaire. 

 

Romain Ahouessou à la barre

 

 

Informaticien, Romain Ahouessou travaillait dans le bar de Blaise Salanon à Abomey. Il affirme qu’il assurait la maintenance des appareils du bar et enregistrait les livraisons de boissons. C’est à lui que Gisèle a confié le sac rempli d’argent après l’avoir retiré du coffre-fort de son frère Blaise. 

 

Savait-il combien contenait le sac qui lui a été confié par Gisèle, interroge le président de céans.  « Je ne sais pas », dit-il en guise de réponse. Il explique que c’est quand la BEF est venu l’interpeller qu’il a su que c'était de l'argent qu'il y avait dans le sac qu'on lui avait remis avec pour ordre de le mettre dans la voiture. 

 

Romain apprend qu’il lui avait été dit que le sac contenait des documents de son patron. Le sac se trouvait non pas dans la voiture mais dans le bar, à l’endroit où Romain reste pour exécuter ses charges quand les agents de la BEF sont venus le surprendre. 

 

« Pourquoi tu ne t'es pas interrogé quand on t'a remis un sac qui contient les documents de Salanon pour mettre dans la voiture et après là où tu resterais dans le bar ? », questionne le ministère public.  « Moi, cela ne m'a rien dit. On ne m'a pas dit de prendre le sac et de le garder », se défend Romain.

 

« Combien de boissons vous recevez par semaine ? », demande le président de céans « Ça dépend. Généralement ce sont les lundis qu'on reçoit les boissons. Au moins on prend 200 000 FCFA de boissons », répond-il. Il assure n'avoir jamais vu Carlos auparavant. 

 

Marc Salanon à la barre

 

Après la soeur ainée et l’employé, un autre proche du bokonon est convoqué à la barre. Il s’agit de Marc Salanon, son jeune frère. Chauffeur de profession selon ses dires, il gérait le bar de son frère Blaise. 

 

Le bar a été repris par son frère. Après des réaménagements pour un montant d’environ 25 millions FCFA, il a été ouvert le 5 février 2017. Le président de céans fait remarquer à Marc qu’il n’avait pas donné de chiffres concernant le coût de rénovation du bar repris par son frère. « C’est vrai », reconnaît-il soulignant qu’il ne pouvais pas se rappeler exactement le montant. Il ajoute qu’après la première, une deuxième rénovation du bar avait été faite. 

 

 

Le président de céans voudrait savoir les recettes hebdomadaires du bar. Marc répond : « Entre 1 à 3 millions selon les événements abrités ». A combien s’élève la recette mensuelle ? Le gérant du bar du bokonon qui percevait un salaire compris en 30 000 et 50 000 FCFA évoque une fourchette de 8 à 10 millions FCFA. 

 

 

Quel usage était fait des recettes hebdomadaires? « Quand par exemple on a un million FCFA, 500  000 vont à la banque, 300000 pour les boissons, 100 000 dans une caisse pour gérer les imprévus, le reste pour les factures », révèle Marc.

 

 

A la question du président de céans de savoir si Marc dit la vérité, il assure que oui. Il estime que l’agent de la BEF peut témoigner qu’il a produit toutes les preuves de ce qu’il a dit ou fait par rapport au bar. 

 

Le président de céans l’interroge ensuite sur Carlos. « Connais-tu Carlos ? », questionne le président de céans. Marc dit oui. Il dit l’avoir vu qu’une seule fois. « C’est quand il est venu voir mon grand frère. Mon grand frère nous a présentés. Après avec Carlos, on n'a pas échangé. Il m'a juste laissé sa voiture en me disant qu'il reviendra la récupérer », relate Marc. 

 

La plaque de la voiture de Carlos changée après sa disparition

« Qu'est-ce que tu as fait du véhicule de Carlos ? », questionne le président de céans. Marc déclare avoir garé le véhicule de Carlos dans la cour de son frère où stationnaient trois autres voitures. Mais qu’il a dû se résoudre à le déplacer et le garer chez Romain Ahouessou, l’employé de son frère. Il justifie ce déplacement par le fait qu’avec l’arrivée du véhicule de Carlos, il était devenu impossible de manoeuvrer les autres voitures. 

 

Marc est propriétaire d’une voiture. Il a déclaré à la barre qu’elle lui a été achetée par son frère Blaise. Il déclare posséder deux parcelles. Mais n’a pas d’argent sur son compte en banque. 

 

Il confie que son frère a souvent parlé de Carlos auprès de lui. Le président de céans fait la lecture d’une déclaration à Marc. De la lecture, il ressort que Marc a déclaré aux enquêteurs que Carlos et Blaise sont « des frères amis qui ont grandi ensemble ». Le jeune frère de Blaise conteste cette déclaration. 

 

Est-ce qu'il savait que le sac ramené par sa soeur contenait de l'argent. Il dit oui. Sa grande sœur lui aurait expliqué qu'après perquisition, les éléments de la BEF n'ont pas vu ces fonds.


Selon la déclaration lue par le président de céans, c'est que les fonds remis par la grande sœur étaient destinés à refaire le bar. Marc rectifie: "les enquêteurs ont confondu. L'argent qui servait à la réfection du bar était déjà avec moi et on avait même commencé". 


Quelles sont les activités que ton grand frère finance ? "En politique dans le zou, répond Marc, mon grand frère est sans égal pour la mobilisation des militants. Il finançait les besoins qu'avaient les populations".

Le jeune chauffeur souligne cependant que les fonds du bar ne financent pas ces activités politiques. Ce sont les fonds des activités traditionnelles de mon frère et d'autres activités qui servent à financer ses actions politiques.

 

« Quand la BEF est venu, je lui ai dit là où se trouve la voiture de Carlos. Mais, ce n'était plus la même plaque qui était sur la voiture », a déclaré le frère de Blaise Salanon. Il explique que quand, quelques jours après, l'affaire Carlos a éclaté, il a paniqué. « En attendant que je ne vienne à Cotonou pour voir mon grand frère que je n'arriverais plus à joindre, j'ai enlevé la plaque et placé une autre », poursuit-il.

 

Ministère public: combien il y avait dans le sac que vous a remis votre grande sœur ? « Je n'ai pas compté », a-t-il répondu.

Romain Ahouessou de nouveau à la barre

L'employé du bokonon chez qui le véhicule de Carlos a été garé est de nouveau convoqué à la barre. Le ministère public lui demande s’il connait la voiture de Marc Salanon. Il répond par l’affirmative. « La voiture qu'il est venu garer chez toi, c'est son véhicule ? », interroge le magistrat. « Ça y ressemble. Et il a dit qui voulait garer ça un peu », a répondu le prévenu.

Le magistrat lui demande s’il sait quand la plaque a été changée. « Non », a-t-il répondu.

Ensuite le substitut du procureur lui demande combien il a pris dans l'argent ? « Rien », déclare le prévenu.

 

Victorine, nièce de Salanon à la barre

A sa suite, la Cour convoque dame Victorine, une nièce de Salanon à la barre. Au moment de payer l'un des avocats, Gisèle a constaté que les fonds qu'elle avait retirés avant de laisser le reste à Abomey n’étaient pas suffisants. Elle a donc appelé la première femme de Blaise Salanon pour lui dire qu'il y a une caisse dans leur chambre à coucher (dans la maison de Salanon déjà perquisitionnée, Ndlr) qui contenait de l'argent. La première femme de Salanon a remis donc les sous à la nièce qui a rejoint Gisèle, la grande sœur de Salanon au niveau du carrefour de l'Etoile rouge (à Cotonou, Ndlr) pour lui remettre les sous.

 

 

La nièce est déclarante en douane. Ces faits se sont déroulés le dimanche alors que Blaise Salanon a été arrêté le vendredi d'avant.

Une fois à l'Etoile rouge, apprend Victorine, Gisèle dit avoir reçu un appel et lui a dit que son programme avait changé et qu'elle devrait repartir à Abomey (avec Behanzin). Elle a donc remis deux millions à la nièce de les remettre à Rose, la deuxième femme de Salanon. Ce qu'elle a fait.

 

 C'est la deuxième femme qui devait se charger de remettre les sous au second avocat en raison du changement de programme de Gisèle qui devait repartir à Abomey. Gisèle avait déjà appelé l'avocat qui lui avait dit qu'il était à la messe. Donc Gisèle l'attendait lorsque le programme d'Abomey est venu.

 

 

Blaise Salanon à nouveau à la barre

Le ministère public revient sur des aspects de la déposition de Carlos Adohouannon.

Substitut du procureur : lorsque Carlos est venu chez toi et t'a dit que ces patrons ont fait de prêts, est-ce qu'il t'a cité les noms? « Non », affirme-t-il.

 

« Le départ pour Lomé, est-ce que c'est toi qui lui a donné cette idée ? », a poursuivi le magistrat.  A cette question également, le prévenu répond par la négative.

« C'est Carlos qui m'a dit ça. Et quand je suis revenu et j'ai vu sa voiture, j'ai demandé à mon frère si Carlos n'est plus parti. Mon frère m'a dit que Carlos est parti de bonne heure et qu'il a laissé sa voiture », a déclaré Blaise Salanon.

 

Ministère public: ton frère Marc a dit qu'il n'a pas échangé avec Carlos, est-ce c'est vrai ?

« Je ne me retrouve pas dans certaines déclarations de mon frère », lance Blaise Salanon.

 

Après ces questions réponses, l'audience a été suspendue. Ella reprendra demain jeudi 23 janvier pour lecture des textes, réquisitions et plaidoiries, précise l’envoyé spécial de Banouto à la CRIET.

 

Fin du direct !

 

3 commentaires

3 commentaires

Arsène Junior
il y a 2 semaines
Merci beaucoup pour le travail. C'est vraiment fantastique.
Répondre
Rodrigue
il y a 2 semaines
Merci beaucoup
Répondre
GLELE Judicaël
il y a 2 semaines
Très intéressant !
Répondre