En sentinelle, sur une position de l’armée béninoise au sein du Parc national de la Pendjari, Jérôme*, débout au milieu d’herbes de taille moyenne, a les yeux fixés sur tout et rien à la fois. La main sur la gâchette de l’arme qu’il porte, l’homme, un casque sur la tête, est prêt à défendre l’intégrité du territoire du Bénin. Ni les intempéries ni la tombée de la nuit ne vont lui faire abandonner cette position. « Les sentinelles passent la nuit-là, ils passent des semaines-là. Sous la pluie (et le soleil, ndlr) », confie un officier supérieur de l’armée. Le haut gradé explique que les hommes sont « obligés » de garder leur position car une attaque peut venir à tout moment.
Sur le front de la guerre contre l’ennemi invisible, les soldats se font souvent mordre par des reptiles ou piquer par des insectes. Il arrive quelques fois que certains agents des Forces de défense et de sécurité paient de leur vie leur engagement à défendre le territoire.
La gorge serrée par l’émotion, Faustin* se souvient de comment il a perdu un frère d’arme le 11 avril 2022. Ce jour-là, se rappelle Faustin, très ému, ils revenaient d’un ravitaillement sur une position de l’armée béninoise à Porga quand ils sont tombés sur un engin explosif improvisé. « Il y a des risques du métier. Mais ce jour-là, j’étais totalement abattu », confie-t-il.
« C’est dur », confie un sous-officier des Forces armées béninoises avant d’ajouter : « mais c’est notre mission ». « Nous sommes des militaires. (…) Nous acceptons de défendre le territoire peu importe les conditions », assure le Lieutenant-Colonel Abdou Raoufou Assouma, commandant du Groupement tactique interarmes du fuseau ouest.
Consciente de ce que les soldats « ne peuvent pas manœuvrer dans ces conditions-là pendant six mois » au risque d’altérer leur niveau opérationnel, la hiérarchie militaire a défini des team-side, un peu comme dans les missions des Nations unies. Selon les explications du commandant du Groupement tactique interarmes du fuseau ouest, il est procédé de manière régulière à des rotations au sein du personnel de sorte qu’après une position très difficile, le soldat soit affecté sur une autre moins difficile. « On essaie de varier les plaisirs », a-t-il fait savoir.
Des investissements pour améliorer les conditions
L’Etat béninois a procédé à des investissements colossaux en vue d’améliorer les conditions de travail des Forces de défense et de sécurité au front. Et ce, tant sur le plan des infrastructures que du matériel pour permettre aux soldats au front de monter en puissance.
Sur le terrain, plusieurs infrastructures sont en construction. Entre autres, des bases opérationnelles avancées (BOA) et des postes avancés fortifiés (PAF). « Les BOA sont en quelque sorte des mini-camps. Il y a tout ce qu’il faut pour les hommes », apprend le Lieutenant-Colonel Mathieu Hessou, commandant théâtre adjoint de l’opération Mirador. Les postes avancés fortifiés sont, détaille l’officier supérieur de l’armée, des « mini mini-camps ».
Ces infrastructures en construction offrent un certain nombre de commodités pour permettre au soldat, après un certain temps au front, de venir se ressourcer et se reconditionner.
Les bases avancées opérationnelles et les postes avancés fortifiés sont construits en matériaux définitifs. Est-ce à dire que la menace sera longue à éradiquer ? « Pas forcément. Il vaut mieux avoir une permanence de personnel sur le long des frontières pour continuer cette protection de notre territoire », a répondu le Lieutenant-Colonel Mathieu Hessou.
L’Etat béninois a également acquis du matériel militaire au profit des forces armées. Entre autres, des aéronefs, des drones. « Aujourd’hui, on a évolué. On a des moyens logistiques, on a des troupes aguerris à travers des formations, des cours théoriques et pratiques qui sont dispensés partout dans les centres de formation. On a des ressources humaines, matérielles suffisantes pour faire face à la menace », assure le Lieutenant-Colonel Abdou Raoufou Assouma, commandant du Groupement tactique interarmes du fuseau ouest.
*Les noms de certaines personnes ont été modifiés pour raison de sécurité
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