Les Démocrates
L’ancien président Boni Yayi a été porté à la tête du parti "Les Démocrates". Il a été désigné pour remplacer Eric Houndété lors du congrès qui s’est déroulé les 14 et 15 octobre 2023 à Parakou. Des Béninois ont diversement apprécié l’élection de l’ancien chef de l’État à son nouveau poste.
Prosper n’est pas surpris de revoir l’ancien président jouer encore les premiers rôles en politique. « Le parti n'a fait qu’officialiser les choses. Yayi a toujours été le capitaine du bateau ''démocrates''. Eric Houndété n'était que la face visible de l'iceberg », a-t-il. Selon lui, ce qui devrait intéresser ce n’est pas la désignation de Yayi mais la plus value de son choix pour l’opposition et la politique au Bénin.
Didier n’est pas aussi surpris. « Ce n’est véritablement pas une surprise. Pour celui qui connaît Boni Yayi, du point de vue vision aspiration, on n’est pas étonné », a-t-il renchéri.
Le jeune habitant de Sèmè-Podji a estimé que l’ex-chef de l’État n’aurait pas dû. « Je pense qu’on pouvait se passer des services de Boni Yayi dans la mesure où même étant président d’honneur, il a un poids, il influence. Il n’a pas besoin d’être à la tête de ce parti avant de donner des directives », a-t-il jugé.
Didier a poussé plusieurs interrogations dont il aimerait pouvoir avoir des réponses. « Que va-t-il se passer durant le reste du mandat de Talon ? On sait comment cela s’est passé pour que Talon vienne au pouvoir. Est-ce un esprit de revanche qui amène Boni Yayi à prendre le pouvoir au sein de l’opposition ? On connaît Yayi, le président de la République. Yayi, le chef de file de l’opposition qu’en serait-il ? Les jours à venir nous réservent d’énormes surprises », a-t-il lâché.
« Ça craint vraiment pour la jeunesse béninoise »
Jeune homme résident à Abomey-Calavi, Ousmane ne comprend pas qu’après deux mandats à la tête du pays, Boni Yayi se mette encore au devant de la scène politique. « Sincèrement ça tourne au ridicule chez lui. Fait 10 ans au pouvoir et est encore dans les girons de la politique comme s' il n'a rien fait en politique! », a-t-il exprimé. Selon lui, Yayi devrait laisser la place aux jeunes. « Ça craint vraiment pour la jeunesse béninoise. Qu’est-ce qu’il veut encore ? », se demande Ousmane.
Madoelle, quant à elle, est en colère contre l’ancien président. « Je suis tout de même abasourdie de constater qu'un homme de son acabit pourrait manquer de sagesse. Cela m’écœure ! », s’est-elle offusquée. Selon la jeune femme, Boni Yayi aurait trouvé autre chose que de revenir au devant de la scène en politique après 10 ans de pouvoir.
Jeune entrepreneur, Benjamin trouve que le poste de président d’honneur qu’occupait Boni Yayi s’accommodait avec sa personnalité. Il a déploré que l’ex-président ait fait intégrer son fils dans le bureau. Il aurait souhaité voir un proche de Joël Aïvo dans ce bureau des Démocrates.
« Je pense que c'est un choix qui permettra juste d'animer un peu plus la vie politique du pays , car si on peut le dire l'opposition n'existe pas », a analysé Patrice. En mission à Parakou, le jeune spécialiste des finances dit avoir constaté une ferveur dans le rang des congressistes après la désignation de Yayi. « Avec ce que j'ai vu à Parakou ce week-end lors du congrès des Démocrates, je pense que ce choix vient redonner espoir à la vie politique du septentrion », a-t-il confié.
Seulement que Patrice craint, comme Didier , le retour des vieux démons. « Reste à savoir si cela ne va pas ressortir l'histoire ancienne entre Yayi et Talon. Car on a assisté à beaucoup de choses entre ces deux leaders politiques », a-t-il rappelé.
Expérience et sagesse
Rafatou a approuvé le choix des Démocrates d’avoir confier les rênes du parti à l’ex-chef de l’Etat. « Je pense que c’est une bonne chose. En dépit de tout, Boni Yayi est un homme pacifique et rassembleur. Il faut cela aussi en politique. Surtout quand il aura des problèmes à régler. Je crois que c’est son caractère d’homme de paix qui a milité en sa faveur », a-t-elle indiqué.
C’est une bonne nouvelle selon Abdoul. Le spécialiste en Biochimie médicale a estimé que c’est une bonne chose en raison de « l’expérience et la sagesse » de Yayi. L’ex-président est bien aimé par le peuple béninois. « Malgré qui a quitté le pouvoir, il a encore la faveur de la population », a-t-il fait savoir.
On pourrait dire aussi, assure le jeune, que les Démocrates et Boni Yayi sont précautionneux. « Je trouve que c’est pour éviter l’influence du pouvoir en place sur le parti comme ce qui s’est passé avec les FCBE. Je pense que c'est ce qui aurait été fait en 2019 pour éjecter Boni Yayi des Forces cauris pour un Bénin émergent », a-t-il laissé entendre.
« L’élection de Boni Yayi va maintenir le flambeau des Démocrates plus haut que nous espérons », a déclaré Youssouf en justifiant que le peuple béninois porte Yayi dans son cœur. « L’ancien président n’est pas encore mort politiquement », a-t-il ajouté. Selon Youssouf, Boni Yayi peut encore beaucoup apporter au parti "Les Démocrates". « Ceux qui se sont réunis pour choisir Yayi comme leader ont bien réfléchi. Je crois que ça va changer beaucoup de choses. C’est d’ailleurs la seule personne qui peut rassembler le nord, le sud, l’est et l’ouest du Bénin face au président Patrice Talon », a-t-il analysé.
Yayi et les Démocrates en 2026
Boni Yayi vise 2026 ? Isaac pense que l’ancien chef de l’État a un œil bien ouvert sur les élections générales de 2026. « Au vue de cette nouvelle configuration du bureau politique du parti "Les Démocrates", il apparaît clairement que l’ancien président Boni Yayi ne veut pas se faire compter les échéances électorales de 2026 », a-t-il analysé. Il poursuit : « Ce qui apparaît certain au lendemain de ce congrès des Démocrates est que Boni Yayi n’entend pas du tout quitter la scène politique béninoise de si tôt ».
Selon Isaac, Boni Yayi veut « garder toutes ses cartes en mains pour le positionnement des candidats aux différentes élections dans son camp ». Il déduit aussi de cette élection de Yayi que le président sortant Eric Houndété ne fait pas l’unanimité au sein du parti. Car, confie-t-il, le président Houndété serait « jugé par certains à tort ou à raison comme étant trop conciliant avec le régime Talon ».
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