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Refus de visite de députés à Madougou: les avocats de l’opposante détenue rejettent les arguments de la CRIET et l’APB

Refus de visite de députés à Madougou: les avocats de l’opposante détenue rejettent les arguments de la CRIET et l’APB

Les avocats de Reckya Madougou ont relevé, samedi 30 mars 2024, des insuffisances dans les réactions de la CRIET et l’APB pour justifier l’interdiction de visite d’un groupe de députés à l’opposante en prison.

Les avocats de Reckya Madougou ont relevé, samedi 30 mars 2024, des insuffisances dans les réactions de la CRIET et l’APB pour justifier l’interdiction de visite d’un groupe de députés à l’opposante en prison.

Reckya Madougou

Reckya Madougou

Des « insuffisances juridiques et des contradictions notoires ». Ce sont les éléments relevés par le conseil d’avocats de Reckya Madougou dans les réactions d’abord de la CRIET puis de l’Agence pénitentiaire du Bénin (APB). La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) et l’ABP ont réagi après qu’un groupe de députés du parti Les Démocrates a été empêché de visiter l’opposante qui purge ses 20 ans de peine à la prison de Missérété. 

 

 La CRIET et l’APB, à travers leurs réactions, ont justifié le refus opposé au groupe de députés de voir l’ex-ministre de la justice de Boni Yayi par des mesures post-covid 19 qui ne permettent pas les visites en groupe et l’obligation d’avoir un permis de visite. 

 

Sur la question du covid-19, les avocats de l’opposante rappellent qu' « aux termes du compte rendu du conseil des ministres du 16 mars 2022, le gouvernement béninois a levé toutes les mesures d’interdiction de regroupement concernant la covid 19 au Bénin ». « Il ressort de l’analyse des éléments détaillés dudit compte rendu que le motif concernant le respect des mesures liées à la covid 19 invoqué par le Procureur spécial près la CRIET est totalement infondé », ont-ils déduit. 

 

En ce qui concerne l'obligation de permis de visite, le conseil d’avocats prend aux mots le directeur général de l’APB qui écrit dans son communiqué que « nul ne peut être admis à visiter un détenu s'il n'est porteur d'un permis de visite ». 

 

« L'analyse de cette affirmation suppose que toutes les visites des détenus dans n'importe quel établissement pénitentiaire du Bénin sont assujetties à la détention d'un permis de visite », font-ils remarquer. Ce, avant d’inviter le directeur de l'Agence pénitentiaire du Bénin à leur « indiquer, preuves à l'appui, le nombre de permis de visite qui ont été délivrés aux visiteurs des établissements pénitentiaires du Bénin au cours de l'année civile 2023 et sur les trois (03) premiers mois de l'année 2024 ».

 

Ce n’est pas la première fois que des visites d’élus de l’opposition à Reckya Madougou sont refusées. Par le passé, des visites avaient aussi été refusées à Joël Aïvo détenu à la maison d’arrêt de Cotonou où il purge une peine de dix ans de réclusion criminelle pour « complot contre la sureté de l’Etat et blanchiment de capitaux ». L'opposant au régime Talon, faut-il encore le rappeler, n'a jamais reconnu ces faits et est considéré comme un détenu par par l'opposition et dans l'opinion publique. Par le passé, l’Agence pénitentiaire avait brandi le décret n°73-293 du 15 septembre 1973 portant régime pénitentiaire pour soutenir sa décision de ne pas autoriser les députés à visiter les deux opposants.

 

En mai 2023, la Cour constitutionnelle a jugé contraire à la constitution ledit décret. « Nous avons communiqué cette décision de la cour constitutionnelle à l'actuel Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, par courrier quelques semaines après sa prise de fonction courant le mois de juillet 2023, l'invitant à instruire ses services compétents (l'APB et le parquet spécial de la CRIET) à se conformer à ladite décision », informent les avocats de la candidate recalée à la présidentielle de 2021. 

 

La publication de Maître Renaud Agbodjo renseigne qu’après ces précédents actes, « le président du groupe parlementaire Nourenou Atchadé ainsi que l'honorable député Kamel Ouassangari ont également saisi le garde des sceaux à l'effet de rendre visite à madame Reckya Madougou sans aucune suite depuis plus de trois (03) mois ».

 

« Ce silence est symptomatique du mépris du gouvernement et de toute la chaîne judiciaire vis-à-vis des droits fondamentaux de madame Reckya Madougou pourtant ex-ministre de la justice, de la législation et des droits de l’homme qui s’est acquittée de ses fonctions de manière républicaine et juste », s’indignent les avocats. 

 

Ils annoncent des visites individuelles des députés du parti d'opposition Les Démocrates à Reckya Madougou. 

 

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