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Dossier Frère Hounvi : 02 éléments que le procureur de Lomé a oubliés de clarifier

Dossier Frère Hounvi : 02 éléments que le procureur de Lomé a oubliés de clarifier

Si elle a le mérite de situer l’opinion publique sur la nature de l’opération qualifiée d’enlèvement, la réaction du procureur de Lomé sur l’arrestation de Steeve Amoussou en territoire togolaise laisse encore un point d’ombre. Steeve Amoussou est-il le chroniqueur anonyme "Frère Hounvi" ? Détenait-il une carte de réfugié au Togo ? La réponse à ces questions aura des conséquences non négligeables. Analyse.

Si elle a le mérite de situer l’opinion publique sur la nature de l’opération qualifiée d’enlèvement, la réaction du procureur de Lomé sur l’arrestation de Steeve Amoussou en territoire togolaise laisse encore un point d’ombre. Steeve Amoussou est-il le chroniqueur anonyme "Frère Hounvi" ? Détenait-il une carte de réfugié au Togo ? La réponse à ces questions aura des conséquences non négligeables. Analyse.

Le procureur de Lomé, Talaka Mawama

Le procureur de Lomé, Talaka Mawama

Nul doute. Le dossier Steeve Amoussou du côté de Lomé et « Frère Hounvi » du côté de Cotonou est encore loin de livrer tous ses secrets. Les bonnes choses, dirait-on, viennent de commencer. Pour tout amateur de chronique judiciaire, c’est le dossier à rebondissements du moment sur l’axe Cotonou-Lomé.

 

Puisque c’est d’un dossier à rebondissements qu’il s’agit, on a eu droit au premier de la série avec la réaction de la partie togolaise. Depuis l’arrestation survenue le lundi 12 août 2024 au quartier Adidogomé. C’est dimanche 25 août que le procureur de Lomé, Talaka Mawama a réagi.

 

Dans un communiqué lu à la télévision publique du Togo (TVT), il a dénoncé l’"enlèvement" du sieur Steeve Amoussou, de nationalité béninoise. Le parquet de Lomé s’est notamment insurgé contre l’acte qui, déplore-t-il, s’est produit « en violation flagrante du droit international et des règles en matière de coopération pénale internationale » et « s'analyse en l'incrimination d'enlèvement ou séquestration au sens des articles 283 et 284 du nouveau code pénal » en vigueur au Togo.

 

Dans le même communiqué, le procureur a révélé des noms de présumés ravisseurs et leurs complices. Parmi les ravisseurs présumés cités, figure un haut responsable béninois en la personne de Ouanilo Fagla Medegan, directeur du Centre national d’investigations numériques (CNIN).

Les insuffisances du communiqué de Talaka Mawama 


Le procureur de Lomé a fait le job à moitié. La gravité des faits susceptibles de créer une inimitié entre deux pays voisins commande que chaque partie participe à la manifestation de la vérité sans réserve. A l’examen, on est tenté de croire que la seule intention du procureur Talaka Mawama est de montrer que le Bénin n’a pas suivi les règles en matière de coopération pénale internationale. Pourtant, les faits dépassent le simple cadre de violation de règles entre Etats qui peut subvenir lorsqu’une partie doute de la disponibilité de l’autre à réellement coopérer ou la soupçonne de complicité. 

 

Puisqu’il le dit, le sieur Steeve Amoussou est reconnu des autorités togolaises, comme un individu de « nationalité béninoise » qui est « établi au Togo depuis plusieurs années ». De ce fait, on se surprend de constater qu’aucune mention n’a été faite de son statut professionnel dans le communiqué du procureur Talaka Mawama. 

Le diable, faut-il le rappeler, est dans les détails. Cette précision manquante sur le statut professionnel de Steeve Amoussou aurait permis de clarifier le lien supposé entre l’homme aux mains de la justice béninoise et le sulfureux chroniqueur avatar connu du côté de Cotonou sous le pseudonyme « Frère Hounvi ». 

 

Une confusion s’est en effet installée autour de l’identité de Frère Hounvi depuis que, d’après les fuites de son audition du mardi 20 août devant le parquet spécial de la CRIET, il est rapporté que Steeve Amoussou ne s’identifie pas comme l’homme qui se cache derrière le profil du Frère Hounvi. Un de ses avocats, Me Aboubakar Baparapé avait pourtant, dans ses premières déclarations, lié l’avatar et l’individu enlevé à Lomé. « Alors qu’il venait de prendre son repas de la soirée, Steeve Amoussou alias Hounvi qui était sorti de sa maison, acheter un article auprès d’une dame en face de son domicile sera interpellé par quatre individus qui, sans déclarer leurs identités, vont procéder à son kidnapping. » avait rapporté Me Aboubakar Baparapé au micro de nos confrères de Bip radio.


Avant, lui, Martin Rodriguez, l’homme d’affaires et opposant béninois en exil aux Etats-Unis par qui l’opinion publique a été alertée avait lui aussi lié Steeve Amoussou à Frère Hounvi. « Le frère Hounvi de son vrai nom Steeve qui était sorti de la maison et, pratiquement au portail, s'est fait cueillir par des hommes qui l'attendaient et qui l'ont bousculé pour le mettre manu militari au bord de la 4x4 et ont démarré en direction du territoire du Bénin », a déclaré Martin Rodriguez dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux. Plusieurs activistes et leaders d’opposition à Patrice Talon ont aussi fait le lien avant de se dédire après l’audition à la CRIET.

Dans ce contexte, le procureur de Lomé aurait fait œuvre utile en communiquant le détail sur le statut professionnel de l’homme dont-il décrie l’enlèvement. Répondre par oui à la question « Steeve Amoussou est-il le Frère Hounvi ? » reviendrait à suggérer que le Togo protègerait des individus en conflit avec les autorités béninoises. 


Autre élément de réponse manquant dans la déclaration de procureur de Lomé, Steeve Amoussou était-il détenteur d’une carte de réfugié au Togo comme l’a également annoncé son avocat, Me Baparapé ? La réponse à cette question permettrait de savoir d’apprécier le degré de la gravité de cet enlèvement mais également de savoir si l’homme n’agissait-il pas en violation de son statut de réfugié qui l’oblige à la réserve sur les activités politiques de son pays de provenance.  Il est tout de même surprenant que la mention de son statut présumé de réfugié ait manqué dans les éléments à charge que le procureur de Lomé a cités. 

 

L’un dans l’autre, nous sommes encore bien loin d’avoir tous les éléments d’appréciation de ce dossier. Si le procureur de Lomé Talaka Mawama n’a fait qu’une partie du boulot, à dessein certainement, il revient à son homologue béninois du parquet spécial de la CRIET de situer l’opinion. Il y va de la crédibilité de la justice béninoise.

 

4 commentaires

4 commentaires

Sam
il y a 1 mois
@TCHEDE, Commentaires inutiles on dit que l'akassa n'est pas bon et vous défendez que c'est chez le chef ça été préparé. Comment les togolais peuvent savoir que le l'identité d'un kaleta sous son masque ou vous êtes payé pour que le procureur prennent sa bouche pour mangé le piment en lieu et place des ravisseurs du Bénin ? Hokambiô wê....
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tchoutchouantoine
il y a 1 mois
@TCHEDE, Le Bénin n'a pas de leçon à recevoir chez le voisin car nous nous sommes entrain de chercher le frère hounvi , et on l'a trouvé au Togo peu importe les conditions dans lesquelles on l'a retrouvé où on l'a amené. Qui peut dire ce que le frère hounvi dit de nos institutions Togo ? Le gouvernement est une institution qui représente la nation béninoise donc quiconque porte atteinte à nos institutions porte atteinte à notre souveraineté. Alors .... Restons tranquille la justice va nous dire plus
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Arsène...
il y a 1 mois
Bavardage intitule... Quel est l'intérêt pour le Togo d'associer Steeve à Hounvi. Le Togo dénonce une violation qui lui est faite... Soyez réfléchit et cohérent la prochaine fois dans vos post. Ne nous faite plus perdre de temps pour des posts qui ne méritent pas le minimum d'intelligence intellectuelle.
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