Des points dont Patrice Talon ne souhaite pas entendre au terme des travaux de l’audit du fichier électoral. Le chef de l’État a marqué son adhésion à l’audit du fichier électoral, mais en plaçant des "garde-fous".

Après la validation, par le gouvernement, du budget de 159,4 millions FCFA soumis par le comité de pilotage de l'opération d'audit du fichier électoral, le chef de l’État leur a fixé des éléments de cadrage. C’était lors d'une audience accordée au comité de pilotage le lundi 24 février 2025 à la Marina.

Le président Patrice Talon ne voudrait pas voir l’audit du fichier électoral déboucher sur des querelles politiques. Tout au long des échanges, il l’a martelé au comité de pilotage conduit par son président Jean-Baptiste Elias.  « Je considère que vous êtes en mission pour la République. Vous n'êtes pas en mission pour la mouvance, vous n'êtes pas en mission pour l'opposition, vous êtes en mission pour la République », a-t-il formellement notifié.

Dans ce même ordre d’idées, le chef de l’État est revenu sur un pan des discussions qu’il a tenues avec le parti les Démocrates conduit par son président Yayi Boni,  le lundi 27 novembre 2023 au palais présidentiel.

« J'ai dit au président Yayi, que j'ai reçu avec les Démocrates, que je comprends bien que politiquement, ils veuillent des modifications des dispositifs électoraux, notamment le Code. Et ça, vous le savez, que je n'étais pas favorable à une revue encore du code électoral. Je n'étais pas favorable à une assise nationale pour, soi-disant, un consensus national », a-t-il rappelé, soutenant que « le pays va bien, il se porte bien ».

Le chef de l'Etat avertit alors le comité de pilotage que l'audit du fichier électoral ne doit pas servir de prétexte pour relancer des contestations politiques. « Je ne veux pas qu'on vous utilise pour ça. Personne ne devra vous utiliser pour ça », a-t-il prévenu. L’audit du fichier électoral « n’a rien à voir avec le Code » ni « un troisième mandat de président de la République », a-t-il insisté.

La dernière chose dont Patrice Talon ne veut pas entendre parler, c’est une demande de report des élections générales de 2026 au motif d'imperfection du fichier électoral. Il soutient que la recherche du perfectionnisme ne doit pas empêcher la tenue des élections. « On a fait des élections avec la liste informatisée, cette liste-là est la même, le processus est le même, le dispositif est le même, l’outil est le même, je ne veux pas entendre dire que tant que ce n’est pas parfait, il n’y aura plus élection au Bénin », a-t-il déclaré.

Il justifie cette décision par le fait qu’attendre la perfection du fichier électoral dans un contexte où bon nombre de décès n’ont pas été déclarés pour actualiser la liste électorale serait illusoire et pourrait retarder indéfiniment le processus électoral. « Le parfait n’est pas de ce monde. Si vous dites que tant que tous les Béninois n’auront pas déclaré leur mort, il n'y aura plus jamais d'élection. Si vous faites ça, même dans mille ans, il n’aura pas d'élection », a-t-il argué.

Venant du comité de pilotage du fichier électoral, le chef de l’État dit attendre principalement des réponses à deux préoccupations. « Quelle est la réalité de notre liste ? Et quelles sont les imperfections qu'il faut améliorer ? Quelles sont les imperfections que nous savons pour lesquelles il n'y a peut-être pas encore de solution, mais comment on fait collectivement pour régler ça au fil du temps ? ».