Une fausse alerte de trafic de drogue a conduit un douanier et deux informateurs communément appelés « klébés » en prison. Les trois prévenus sont poursuivis pour « abus de fonction, dénonciation calomnieuse, trafic d'influence, escroquerie et blanchiment de capitaux ».
Les faits se sont déroulés à Porto-Novo. Après une alerte d’un premier informateur sur un véhicule transportant de la drogue en direction de Porto-Novo, l’agent de constatation de la douane a contacté un aide civil communément appelé ''klébé" pour faire arrêter le véhicule.
La douanier se serait basé sur l’ancienneté et surtout la "proximité" du second informateur avec de responsables douaniers. L’agent a déclaré avoir appris que le second klébé serait proche de l’ancien directeur général de la douane béninoise, Alain Hinkati.
Il a expliqué avoir décidé de solliciter son aide parce que son chef brigade ne répondait pas à son appel en ce moment précis. Et l’adjoint de son unité était également pris dans une formation donc ne pouvait recevoir un appel.
"Pourquoi n’a-t-il pas appelé un autre ou la police pour l’aider comme cela devrait se faire ?", a interrogé la Cour. L’agent de constatation répondu que lorsqu'il a contacté le second klébé c'était pour prendre le numéro du commissaire du 4è arrondissement de Porto-Novo où le véhicule transportant la présumée drogue devrait passer. C’est-à-dire vers les rails de Gbodjè. Mais le véhicule aurait été finalement intercepté dans la zone de Beau-Rivage sans aucune trace de drogue.
Explication de l'informateur présumé proche de l'ex-DG douane
Le deuxième informateur présumé proche de responsables de la douane se serait fait une réputation dans le milieu après plus de 15 ans de collaboration avec les douaniers. Il aurait été présenté par le premier klébé à l’agent de constatation comme ami de l'ex-directeur général de la douane, Alain Hinkati, et aurait même de l’influence pour intervenir dans une affectation.
Mais à la barre, le klébé a nié tous les liens présentés par l’accusation pour justifier son influence dans le milieu. Devant la Cour, il a expliqué n’avoir jamais fait croire ou dire qu’il est un ami de l’ancien directeur général de la douane béninoise. Selon lui, il aurait plutôt dit dans son entourage qu’il a des entrées à la douane. Il n’a pas nié ses amitiés avec plusieurs responsables des douanes notamment dans les départements de l’Ouémé et du Plateau.
Le premier klébé serait aussi un allié sûr. Dans sa déposition à la barre, il a indiqué qu’il avait l’habitude de travailler avec les douaniers. Ses informations, a-t-il assuré, se sont pour la plupart avérées justes. La veille de cette interpellation, apprend le klébé, il a confié avoir filé une information au douanier qui a permis d’intercepter une marchandise de savon. L’agent de constatation l’a confirmé.
Liberté provisoire demandée
Les conseils des prévenus ont a demandé à la Cour spéciale de libérer leurs clients et de leur permettre de comparaître libres pour les prochaines audiences. Chacun des avocats de la défense a présenté les garanties pour que son client réponde à la convocation du juge. Ils ont même souhaité une liberté provisoire sous cautionnement d’une somme.
Mais le représentant du ministère public a dit niet. Le substitut du procureur spécial a opposé un refus et a demandé à la Cour d’en faire pareil. Selon lui, les prévenus ne présentent aucune garantie de représentativité.
Le juge a renvoyé le dossier au 16 mai 2024 pour rendre sa décision sur les demandes de mis en liberté provisoire et pour les réquisitions et plaidoiries des avocats.
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