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Fusion Police-gendarmerie au Bénin : l’ex-DGPN Philippe Houndégnon relève des limites de la réforme

Fusion Police-gendarmerie au Bénin : l’ex-DGPN Philippe Houndégnon relève des limites de la réforme

Louis Philippe Houndégnon, ancien Directeur général de la police nationale du Bénin, fustige la manière dont a été faite la fusion entre la police et la gendarmerie. Il parle d’un « échec cuisant » de la réforme.

Louis Philippe Houndégnon, ancien Directeur général de la police nationale du Bénin, fustige la manière dont a été faite la fusion entre la police et la gendarmerie. Il parle d’un « échec cuisant » de la réforme.

Louis Philippe Houndégnon, Directeur général de la police nationale du Bénin

Louis Philippe Houndégnon, Directeur général de la police nationale du Bénin

Louis Philippe Houndégnon a la dent dure contre la réforme opérée par Patrice Talon dans le domaine de la sécurité publique. Dans « La grande interview » de Reporter Médias Monde, l'ex-directeur général de la police nationale du Bénin critique la manière dont s’est faite la fusion de la police et de la gendarmerie. 


A l’avènement de la rupture en 2016, le président Patrice Talon a décidé de fusionner les deux corps. Au cours de son entretien, l’ancien DGPN a été invité à se prononcer sur un propos du ministre de l'Intérieur Alassane Séïbou qui estimait que la plus belle réussite des réformes de Patrice Talon est la fusion de la police et de la gendarmerie.

 

Le flic envoyé d’office à la retraite ne s’est pas caché pour relever que le ministre s’est éloigné de la vérité dans ses propos. « La réforme de la police républicaine qui s’est engagée sur le fond de la fusion police-gendarmerie est un échec cuisant », affirme Louis Philippe Houndégnon qui a fait 29 ans dans la police avant d’être mis d’office à la retraite. 


L'ex-patron des forces de sécurité publique relève que la fusion de la police et de la gendarmerie devrait être une belle réforme et d'aucuns l’avaient déjà souhaité dans les pays francophones pour finir avec la guerre des polices. Toutefois, il reconnaît qu'avec cette fusion, le Bénin a fini avec le conflit police-gendarmerie. 


La voie proposée


Pour soutenir sa position sur la réforme, le policier à la retraite remonte à 2015. Louis Philippe Houndégnon explique que quand il a été nommé en 2015, Directeur de cabinet du ministère de l’Intérieur, il a remarqué que le budget de fonctionnement de la gendarmerie était un tout petit budget. Ce qui ne pouvait pas permettre à la gendarmerie de bien fonctionner.

 

Il a alors suggéré de créer une ligne pour des interventions conjointes des deux entités. A l’avènement de la rupture, il a suggéré à Sacca Lafia devenu ministre de l’Intérieur, qu’un décret soit pris pour mettre à la disposition de ce ministère, la gendarmerie. Ceci, pour permettre aux deux forces de travailler ensemble et de mutualiser les moyens. 


Concernant le personnel, il avait proposé une version managériale de la fusion. L’ancien DGPN avait préconisé la mise ensemble des deux personnels tout en laissant les officiers des deux entités aller progressivement à la retraite. Dans un second temps, l’Etat va commencer par recruter une nouvelle génération de fonctionnaires qui ne seront ni gendarmes ni policiers, mais seront à la disposition de la sécurité intérieure.

 

Ce système sera maintenu jusqu’au départ à la retraite de l’officier de police ou de la gendarmerie le plus gradé. Partant de là, les recrues seront formées et affectées dans les commissariats et dans les gendarmeries jusqu’à ce que les derniers policiers et gendarmes aillent à la retraite. 


Le côté juridique de la fusion


A côté de cette version managériale, Louis Philippe Houndégnon trouve qu’il y a la version juridique de la fusion qui a été faite en Belgique et en France. Et c’est là une écuelle de la réforme de Patrice Talon. « Ce qui a manqué à la fusion aujourd’hui, c’est tout juste que l’expertise juriste-prudentielle a échappé aux organisateurs de la fusion », souligne-t-il. Selon l'ex-DGPN, le juge administratif français dit que « si vous voulez fusionner deux corps, vous devez veiller à corriger les discriminations originelles qui existaient entre les deux corps à fusionner ». 


Au Bénin, ce qu’il fallait faire, « c’est de prendre tous les textes qui concernent les policiers et les gendarmes encore en service et les fusionner ». En le faisant, indique-t-il, il faut prendre la norme statutaire la plus favorable. Dans ce cas du Bénin, relève-t-il, c’est la norme de la gendarmerie qu’il fallait retenir. Après, il faut procéder au recensement de tous les aspects concernant le statut et aller ensuite devant la Cour suprême pour son avis avant d’aller à l’Assemblée nationale pour faire le statut de la fusion. 


Il soutient que le statut normal de la fusion n’est pas le statut actuel de la nouvelle police républicaine du Bénin. Pour lui, il y a l’obligation de réécrire la carrière de tous ceux qui sont concernés pour ne pas léser les uns et les autres. Selon Louis Philippe Houndégnon avant cette fusion, les équipements des deux corps aussi devraient être recensés de même que les propriétés immobilières de la gendarmerie nationale.


Des barrières de progression des agents 


L’invité demande que la réforme soit réexaminée. Car, « la réalité est là, les policiers aujourd’hui sont malheureux », affirme-t-il. « Les policiers ne sont pas contents, les gendarmes ne sont pas contents. Il y a une catégorie de gendarmes qu’on a favorisé et qui sont devenus des officiers. Et les autres ne sont pas contents », souligne-t-il.

 

A en croire l'ex-chef de la police nationale, le personnel de la police républicaine n’est pas bien payé, ne se sent pas en sécurité et ne se sent pas concerné par la réforme. Il relève qu’avec la réforme, des barrières de grade ont été mises pour faire avancer les gens. « Au sein des corps des hommes de rang, vous avez sous-brigadier major et brigadier major », explique le flic.

 

L'ancien DGPN précise que les grades de majora sont des grades terminaux dans chaque corps. Au niveau des commissaires de police, il y a commissaire-major et contrôleur-major. Il estime que ce sont des barrières pour ralentir le progrès des jeunes. En plus de cela, il fait remarquer que depuis 2016, les policiers n’ont pas porté leur galon. 


Concernant les bavures policières qui s’observent de plus en plus, Louis Philippe Houndégnon estime qu’il y a juste un manque de formation et d’encadrement psychologique pour les recrues.

 

1 commentaire

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Lino
il y a 1 mois
Sacré P.H.S Toujours imperturbable . Il faut avouer qu'il connaît papier comme le dit quelq'un ...
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