Célestine Bahoungboche, une vendeuse de pain vêtue d'une tenue de l'indépendance du Bénin
Jeudi 1ᵉʳ août 2024, fête d’indépendance au Bénin. La journée a été chômée payée pour les travailleurs de la fonction publique au Bénin mais aussi du secteur privé. Une équipe de Banouto a sillonné quelques quartiers de Cotonou. Dans les rues de la capitale économique, le trafic est fluide contrairement aux autres jours ouvrés de la semaine.
Dr Octave Houannou, est un médecin neurologue libéral, indépendant. Au domicile du médecin cotonois qui exerce en clientèle privée, la fête se déroule bien. « Comme c'est un jour férié, nous sommes restés à la maison et on a regardé le défilé militaire à la télévision », confie-t-il.
La fête de l'indépendance représente une grande fête pour le médecin. « Cette célébration nous rappelle le jour où nous sommes devenus réellement indépendants ; le jour où nous pouvons décider de nous-mêmes et décider du devenir de notre pays », a déclaré Dr Octave Houannou . Le médecin a expliqué aussi que la fête de l'indépendance du Bénin est le moment de se rappeler des filles et fils du pays qui ont mené des luttes contre la domination coloniale.
Pendant que Dr Octave Houannou a suivi le défilé militaire à la télé depuis sa maison, Célestine Bahoungboche, a fait l’option de vaquer à ses activités commerciales tout en la célébrant à sa manière. Devant son étalage de pain au carrefour Adjaha, elle s’est vêtue dans une tenue aux couleurs du drapeau du Bénin. Majestueusement dans sa tenue indémodable “boba” ( modèle traditionnel béninois), elle dit avoir acheté et cousu la tenue spécialement pour la fête de l’indépendance. Sur le tissu, on peut voir une représentation de la statue de l’amazone, du drapeau du Bénin, avec la légende: "Bonne fête de l’indépendance".
«La fête de l'indépendance n’est pas à banaliser », en est consciente Célestine Bahoungboche. En dépit de son patriotisme, elle dit qu’elle ne pouvait pas se permettre de laisser son commerce et rester à la maison. « Pour la fête en famille, j’ai prévu faire de la salade quand je rentrerai pour le dîner », a-t-elle confié en langue locale Fon.
À quelques encablures du marché Adjaha, Bernadette Bessan braise du poisson. Cette vendeuse de “poisson fumé” explique qu’elle n’a pas suivi le défilé. « Moi je n'ai pas l'habitude de suivre la télé pour ces choses-là », a -elle lancé. A la question de savoir ce qu’elle a alors l’habitude de suivre à la télé, elle répond : « la dernière fois, j’ai appris qu’il ont construit de nouveaux marchés , j’ai allumé la télé pour suivre cela. »
La sexagenaire a conté qu’elle s'intéressait à la fête de l'indépendance quand elle était encore plus jeune. « Sous le régime de Mathieu Kérékou, nous les femmes du marché Adjaha, on venait nous chercher avec des bus et on allait suivre le défilé. Ça se faisait à la place des Martyrs (actuelle place du souvenir , Ndlr) » a-t-elle conté. Pour les prochaines cérémonies officielles de la fête de l'indépendance, Bessan Bernadette suggère aux dirigeants du pays d’envoyer des bus pour transporter les femmes des marchés vers le lieu du défilé.
Honvo Augustin est un conducteur de taxi moto. Nous l’avons rencontré à la sortie d'une poissonnerie au quartier Agla à Cotonou. « Je suis venu acheter de la viande “ aileron” pour faire plaisir à mes enfants », a-t-il expliqué. Il dit qu’il ne fête pas les 64 ans d’indépendance du Bénin. Mais comme c'est un jour de fête nationale, il a jugé bon de faire plaisir aux enfants après avoir gagné un peu d’argent en conduisant son taxi-moto.
« La journée a été chômée, payée pour les travailleurs. Si moi, je laisse mon activité pour rester devant la télévision, qui va me payer ma journée ? » s’interroge-t-il. Il n'est donc pas question de rester à la maison pour célébrer la fête, selon lui. «C'est pourquoi j’ai pris ma moto pour faire office de “Zémidjan” (nom par lequel l’on désigne les conducteurs de taxi-moto au Bénin, Ndrl )», a-t-il renchéri.
Pour lui, le Bénin n’est pas encore complètement indépendant. « Tant que nous continuerons à tendre la main aux colons pour la réalisation des infrastructures au Bénin, c’est que nous ne sommes pas indépendants », a-t-il estimé. « Les prêts que nous faisons aujourd’hui, ce sont les générations futures qui vont les rembourser », a-t-affirmé. Ce Béninois souhaite vivement que les dirigeants travaillent davantage à l'autonomisation du pays.
Cap sur une boutique de vente de divers à Fidjrossè. « Que voulez-vous acheter?», lance Angèle Dovonou très accueillante. Mais lorsqu'elle découvre qu'elle n'a pas affaire à un client, le sourire qui rayait sur son visage s’éclipse. Aucun drapeau affiché ni à l'entrée ni dans sa boutique. Après une résistance, elle finit par accepter de répondre aux questions. Elle dit n'avoir pas eu l’idée de placer des drapeaux devant sa boutique. « Je n’ai pas suivi le défilé. Je n'ai pas de télé dans cette boutique pour suivre cela », a-t-elle expliqué. Contrairement au conducteur de taxi-moto, cette jeune béninoise prévoit comme célébration en famille.
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