La suspension de RFI dans les pays de l'AES fait mal. Interrogé sur comment il vit la suspension de RFI dans certains pays, Jean-Marc Four, directeur de la radio française a fait savoir, sur Bip radio, qu’il la vit “mal”. “On ne peut pas vivre ça bien”, fait-il observer.
Dans les trois pays de l'AES, les bandes FM de Radio France Internationale (RFI) sont coupées. Le média français est suspendu au Mali depuis le 17 mars 2022. Huit mois après le Mali, le Burkina Faso a ordonné à son tour, samedi 3 décembre 2022, la suspension de RFI. La junte nigérienne a aussi fait pareille le jeudi 3 août 2023.
Le directeur de RFI dit “regretter” cette situation. S’il se désole de voir ces suspensions “affecter plusieurs personnes”, il se réjouit tout de même de voir que la coupure de la bande FM dans ces pays, n'empêche pas l'écoute de se poursuivre. “Ce n’est pas parce que nous sommes coupés en bandes Fm que les gens arrêtent de nous écouter” renseigne l'invité de l'Entretien Grand Format sur Bip Radio.
Il a expliqué que les auditeurs de RFI vivant dans les pays de l’AES, font l’option de l'écoute en ligne. “On a des témoignages très nombreux”a-t-il confié. Il a fait savoir que l’émission “Appel sur l’actualité” qui est une émission interactive de RFI, animée par Juan Gomez enregistre “régulièrement” des gens qui appellent en direct du Mali en dépit de la suspension du média français. “Cela veut dire qu’ils ont trouvé une stratégie de contournement pour nous écouter”, assure-t-il.
RFI n’est “pas financé par le gouvernement français”
Pour Jean-Marc Four, les dirigeants de ces pays se fondent notamment sur le fait que RFI soit basé sur le territoire français pour la suspendre. “Comme nous sommes fâchés contre la France, donc on va couper RFI”, c’est, selon lui, l’argument que brandissent les chefs d’Etat de l’AES pour couper les bandes FM de RFI dans leurs différents pays.
Et pour lui, cet argument est “décalé de la réalité”. Car, justifie-t-il, “RFI est un média du service public et non un média d’État français”. La radio couvre ses charges grâce aux impôts payés par les français, a expliqué le patron de la radio. “Nous ne sommes pas financés par l’État ou par le gouvernement directement. Nous sommes financés par les Français” nuance-t-il tout en insitant que “ce n’est pas la même chose”.
Il dit qu’il n’a jamais reçu de coup de fil de quelque autorité française que ce soit pour faire passer une information ou pour traiter tel angle dans un sujet. Il assure veiller à un traitement impartial de l’information, peu importe là où elle se déroule. “Il n’y a ni censure ni autocensure. (...) Un journaliste qui s’exprime sur l’antenne de RFI (...), il vient en toute liberté dire ce qu’il a à dire sur son sujet”. Le plus important, précise-t-il, c’est de rester fidèle à l’information.
RFI, radio coloniale?
Jean-Marc Four estime que certaines personnes ont tort de traiter RFI comme une radio coloniale. “J’ai même tendance à penser qu’on fait un gros boulot justement pour montrer tout ce qui s’est passé pendant la période coloniale. Et toutes les exactions qu’a pu commettre l’État français durant cette période”, a déclaré Jean-Marc Four. Il annonce pour preuve la diffusion imminente sur RFI d’une production sur le massacre des tirailleurs sénégalais. Il estime que "l’État français met beaucoup de temps à reconnaître sa responsabilité dans cette affaire". Nous, dans un mois, nous allons sortir une production sur le sujet. Je l’ai écouté et ce n'est pas tendre avec la France” a-t-il assuré.
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