Deuxième jour de procès dans l’affaire de détournement présumé de 4 milliards FCFA à la direction générale des impôts. Ouverte lundi 20 janvier 2025, l’audience dans le cadre de ce procès avait été suspendue et renvoyée après plusieurs heures.
Dans ce dossier, huit personnes sont mises en cause dont l’ancien régisseur central des Impôts, Carlos Adohouannon. Il est le principal mis en cause dans cette affaire qui a éclaté en 2019.
Les huit prévenus sont poursuivis pour « association de malfaiteurs, détournement de derniers public, blanchiment de capitaux, complicité de détournement de derniers publics et de recel de détournement de deniers publics ».
A l’ouverture du procès, ils ont tous plaidé non coupable. Ils affirment ne pas se reconnaitre dans les faits mis à leur charge.
Carlos Adohouannon à la barre
A la reprise de l’audience, le président de céans a convoqué à la barre, Carlos Adohouannon. Vêtu d’une tenue traditionnelle communément appelée Goodluck de couleur grise, l’ancien régisseur central est arrivé, documents en mains.
Contrôleur des impôts, Carlos Adohouannon avait été affecté en décembre 2015 à la direction de la gestion des ressources en tant qu’assistant de l’ancien régisseur qui devait faire valoir ses droits à la retraite le 1er juillet 2016.
Père de deux garçons, il possède une voiture et une maison. Il a pris service en tant que régisseur en janvier 2017. Son salaire mensuel tournait autour de 110 000 FCFA.
Il a déclaré à la barre que le caveau et le coffre-fort dont les contenus ont disparu se fermaient à l'aide de clés et code. Après la passation, il a changé les clés que seul lui garde. Personne d'autre n'a les clés, même pas son assistant.
Si personne n’a la clé ni le code, pourquoi est-ce que les fonds ne se retrouvent plus dans le caveau. Ont-ils disparu?, interroge le président de céans.
A la question du président de céans, Carlos Adohouannon a répondu non. « Ce n'est pas qu'ils ont disparu. Mais c'est une situation qui a conduit à cela », a déclaré l’ancien régisseur.
Selon Carlos Adohouannon, il y avait plus de 4 milliards FCFA dans le caveau. Il explique que quand les fonds sont mis à sa disposition, il approvisionne le compte Fonds spécial d'équipements (FSE), puis garde le reste par devers lui.
Carlos Adohouannon explique l'orgine du problème
A en croire l'ancien régisseur central des impôts, la disparition des fonds du caveau a été engendré par une situation. La situation a fait savoir Carlos Adohouannon tire sa source de la loi de finances de 2018.
Selon l'ancien régisseur central des impôts, un article reconduit dans la loi de finances a été amputé d'une phrase. Conséquence : les prélèvements à la source que faisaient les receveurs qui venaient les verser auprès de lui sont devenus illégaux. Carlos Adohouannon dit que sur la base de cette disposition, il s'est opposé à continuer par enregistrer les entrées.
Informé de son refus de continuer à recevoir les fonds, le directeur général des impôts l'a interpellé. Il affirme avoir expliqué au DGI la situation. Le patron de l'administration fiscale lui a promis de voir quoi faire.
En attendant, le DGI a instruit les receveurs à garder les fonds à leur niveau. Puis après, est intervenue une réunion convoquée par le DGI. La réunion, aux dires de Carlos Adohouannon, a permis aux participants de comprendre son refus de continuer à recevoir les fonds collectés par les receveurs des impôts.
Nonobstant, le DGI lui a ordonné de continuer par percevoir les fonds en attendant qu'une solution soit trouvée à la situation. Suite à cette instruction, Carlos Adohouannon déclare avoir repris la perception des fonds. Il a cependant fait savoir à la Cour qu'il ne ne reversait plus systématiquement le quota du compte FSE. Ceci, a-t-il justifié, afin que personne ne se rende pas compte qu'au niveau de la DGR, on continue d'encaisser les prélèvements à la source.
Il indique qu'il fait néanmoins le point qui doit aller sur le compte FSE au DGR. Quand il fait le point, il sait déjà que le DGR va émettre des chèques pour payer des prestataires. Donc, il va verser les montants correspondants au point qu'il a fait au DGR dans le compte FSE.
L’ex-régisseur éclabousse 02 supérieurs
Depuis 2019, il a fait le budget d"exécution du FSE. Il a transmis aux différents responsables. Le budget a été transmis au ministre qui a refusé de le prendre en compte. Le ministère a exigé un point des fonds au niveau du régisseur central des impôts.
Le point, aux dires de Carlos Adohouannon, a été fait. Le solde des pénalités affichait un chiffre de plus de 2 milliards FCFA. Après, le DGR l'a appelé et lui dit qu'il faut transférer un milliard FCFA et établir une fiche d'autorisation de transfert à introduire au MEF. L’ancien régisseur affirme s’être exécuté.
Carlos Adohouannon affirme que son supérieur, le DGR, lui a dit que la fiche est transmise et qu'il attendait. Le patron lui a demandé de faire un projet de rapatrier des fonds.
Carlos Adohouannon déclare s'y être opposé. Face à son opposition, le DGR lui a dit que le ministre sera impliqué. Plusieurs jours après, il a été interpellé par le DGR et le DGI sur le projet de rapatriement de fonds. Il dit avoir demandé le motif de ce rapatriement de fonds à ses supérieurs qui lui auraient répondu que c’est sans question. Et que le rapatriement est pour six mois.
Le DGR et le DGI lui ont demandé combien il avait dans le caveau, affirme-t-il soulignant avoir répondu 4 milliards FCFA. Carlos Adohouannon déclare avoir fait remarquer à ses interlocuteurs qu’il ne pouvait rapatrier la totalité du contenu du caveau. Ensemble, assure-t-il, ils ont convenu de rapatrier plus de 3 milliards FCFA. Il en devait plus rester que 200 millions FCFA dans le caveau après l’opération ordonné par ses supérieurs.
L’ancien régisseur central des impôts affirme avoir demandé conseils auprès d’un collègue du service qui lui a suggéré de collaborer avec ses supérieurs.
Suite au conseil et à une nouvelle relance du DGR, il a fait savoir à son supérieur sa décision de collaborer. Aux dires de Carlos Adohouannon, cela se passait un vendredi, alors qu’il rentrait chez lui.
Carlos Adohouannon apprend avoir informé son patron de sa volonté de ne pas être associé à l’opération de rapatriement de fonds. Pour ce faire, il déclare avoir remis une copie de la clé du caveau au DGR. Avant cela, il avait pris soin de retirer les 200 millions pour la continuité du service dans son coffre-fort.
Le mardi qui a suivi, il est allé au caveau. Là, il s'est rendu compte qu’il était vide. Il est remonté voir le DGR qui lui aurait dit de ne pas s'inquiéter et que le rapatriement va durer six mois.
L'ex-régisseur justifie sa fuite
Carlos Adohouannon était-il menacé quand il acceptait finalement l’opération de rapatriement de fonds? L’intéressé répond non à cette question du président des céans. Il affirme avoir l’assurance de son patron que le ministre est associé.
L’ancien régisseur central des impôts apprend que quelques temps après l’opération de rapatriement de fonds, son patron est revenu sur l’opération de transfert d’un milliard FCFA sur le compte FSE.
La fiche de transfert des fonds approuvé par le ministre lui a été transmis par le DGR. L’ancien régisseur central des impôts affirme avoir été surpris. « J’étais embarrassé parce que je crois qu'il avait renoncé à ce transfert », a-t-il déclaré.
L’effet de surprise passé, il a été emmené à proposer un arrêté d'autorisation de transfert des fonds. Le projet a été soumis au DGR qui l’a paraphé. Après le DGR, le document a été paraphé par le DGI puis envoyé au ministre.
L’arrêté signé, aux dires de Carlos Adohouannon, lui a été remis par le directeur de la gestion des ressources. Au moment de la transmission du parapheur, Carlos Adohouannon déclare que son patron lui a fait savoir que personne d’autre ne doit être au courant de l’existence de l’arrêté. « Cet arrêté ne doit être connu que par toi seul », lui aurait notamment dit le DGR d’alors.
Carlos Adohouannon déclare avoir interpellé son patron sur comment effectuer le transfert d’un milliard FCFA sur le compte FSE alors que le caveau est vide. Le DGR lui aurait dit qu'il compte sur sa sagacité pour le faire.
A ses mots, Carlos Adohouannon affirme avoir fait la promesse à son patron de mettre les bouchées-doubles. Il assure qu'il ne pouvait que rassurer le DGR. Une autre réponse, fait savoir Carlos Adohouannon, l'aurait amené à la Brigade économique et financière.
Carlos Adohouannon explique que pour le règlement d’une facture de 224 millions FCFA déjà sur sa table, il comptait sur une somme de 100 millions FCFA du budget national et des ressources encore disponibles à son niveau. Mais les fonds attendus du budget ne sont pas venus.
En incapacité de régler la facture, il affirme avoir pris la décision de fuir en raison des pressions. Il dit qu'il n'avait pas l'intention de quitter le pays. Il en veut pour preuve, le paiement de primes d’un montant de 120 millions FCFA aux agents.
Il avait prévu ensuite de trouver un moyen pour régler la situation. Mais, il a finalement décidé de quitter le pays. Avant de prendre la tangente, il a jugé bon de se débarrasser de son véhicule.
Pour ce faire, il a appelé Blaise Salanon. Ce dernier, aux dires de Carlos Adohouannon, se trouvait au moment des faits à Abomey. Il s’est donc rendu à Abomey pour le voir. Carlos Adohouannon déclare que sa rencontre avec Blaise Salanon n’avait pas pour objectif de lui raconter la situation dans laquelle il se trouve. Mais face aux questions de ce dernier, il s’est retrouvé à lui narrer les faits mais pas dans les détails.
Le DGR accusé d’avoir effacé les preuves
Selon la déposition de Carlos Adohouannon, la somme rapatriée par ses supérieurs seraient de 3,8 milliards FCFA.
L’ancien régisseur central des impôts a déclaré qu’après sa fuite, l’intégrité de son bureau a été violée et des choses emportées. L’enregistrement de la caméra, les chèques qu'il lui a délivrés après des prêts, le parapheur qui contenait l'arrêté d'autorisation de transfert de fonds et la fiche de transfert d’un milliard FCFA sur le compte FSE ont disparu.
Carlos Adohouannon accuse le directeur de la gestion des ressources d’être responsable de ces disparitions d’objets.
Carlos Adohouannon contredit le DGR sur des chèques
Lors de sa comparution lundi 20 janvier 2025, le DGR d’alors a été interrogé sur des chèques délivrés à Carlos Adohouannon. Il a déclaré que ces chèques ont été mis pour des opérations sur son compte personnel dans le cadre du renouveler d’un visa pour un contrôle sanitaire à l’étranger. Mais il a déclaré s’être ravisé.
A la barre, Carlos Adohouannon s’est exprimé sur ces chèques. Il a contredit son patron d’alors. Il affirme que les chèques délivrés par le DGR étaient des prêts. Le DGR aurait sollicité ses prêts au motif que son compte n’était pas encore pourvu.
Selon Carlos Adohouannon, le DGR lui a expliqué qu'il faisait une tontine. Il aurait promis de rembourser les prêts dès ce serait son tour de ramasser la tontine. Quand le moment viendrait, Carlos Adohouannon pourrait encaisser les chèques qui lui étaient délivrés.
Les prêts consentis au DGR, à en croire l’ancien régisseur, étaient destinés à financer des travaux confortatifs d’un projet de ferme.
Le ministère public demande à l’ancien régisseur central s’il raconte des salades à la Cour. Il assure que non. Il déclare que les procès-verbaux de ses auditions depuis Dakar où il a été arrêté jusqu’à Cotonou peuvent faire foi.
Un avocat interroge Carlos Adohouannon
"N’est-ce pas une stratégie bien élaborée ?", relance le ministère public. Carlos Adohouannon dit que non. Il pense que la Cour peut se rapprocher du juge d’instruction qui l’a auditionné à la CRIET. Il assure que sa version des faits n’a jamais variée lors de ses nombreuses auditions devant le juge alors qu’il ne gardait pas de fiche.
« Pourquoi avoir retiré les 200 millions du caveau avant de remettre la clé du caveau pour le rapatriement ? », demande le ministère public. « C’est par mesure de prudence », répond Carlos Adohouannon.
L’ancien régisseur pense que si le DGR lui a demandé de cacher l'arrêté d’autorisation de fonds, c'est parce que tout arrêté à incidence financière doit passer par le Bureau d’analyse et d’investigation (BAI). Mais l'arrêté en question n'est pas passé par le BAI.
Le ministère public relève que Carlos a évoqué des lignes de défense qu'il n'avait jamais évoquées depuis le début de l'instruction comme l'affaire de tontine.
Le ministère public fait remarquer à Carlos Adohouannon quand l'affaire de la somme d’un milliard est revenue, normalement il devait aller voir le DGI pour poser le problème puisque c'est le ministère même qui a autorisé le rapatriement des fonds.
« Quand est-ce que vous avez parlé de la disparition que 4 milliards ? », interroge l’avocat. Carlos Adohouannon répond que c’est quand il s’est rendu à Abomey voir Blaise Salanon qui était un ami de ses parents.
« Quelle est la précaution que vous avez prise pour constater le déplacement des 3,8 milliards », enchaîne l’avocat. L’ancien régisseur répond: « Aucune, comme c'est déjà convenu ».
Carlos Adohouannon conteste le montant disparu
Selon l’accusation, la somme disparue du caveau est d’un peu plus de 4 milliards FCFA. A la barre, Carlos Adohouannon conteste cette somme.
Il affirme que la somme manquante ne saurait être plus de 4 milliards comme l’avance l’accusation. Il relève avoir fait un paiement de primes à des agents à hauteur de 120 millions, le vendredi 20 septembre 2019 avant sa fuite.
L’ancien régisseur dit avoir effectué des avances pour les frais de mission à l'extérieur d’agents, des régularisations à faire qui sont certifiées, des dépenses qui devaient être régularisées et qui ne le sont pas.
Toutes ses sorties d’argent, aux dires de Carlos Adohouannon, devraient être déduites de la somme annoncée manquante. L’ancien régisseur affirme cependant ne pas avoir encore en tête tous les montants.
Carlos Adohouannon affirme avoir été « floué ». Et regrette ne pas avoir pris des gants dans cette affaire.
L'ancien régisseur central des impôts affirme que quand il quittait le Bénin, il n'avait que de quoi prendre le taxi pour Lomé. C'est une fois de l’autre côté de la frontière, qu’il s’est rendu dans l’agence de marketing de réseau auquel il a souscrit pour retirer ses bonus qui s'élevait à plus 5 millions.
Carlos Adohouannon confie qu'il avait prévu de revenir faire face à la justice. Mais en raison de la fermeture des frontières, il n'a pu venir plus tôt comme il le projeter. Il affirme avoir entrepris les formalités de retour à Cotonou avant son arrestation.
Le DGR se défend après les accusations de l’ex-régisseur
L'audience, après les dépositions à la barre de Carlos Adohouannon, a été suspendue peu avant 13 heures. A la reprise des débats, le DGR est convoqué à la barre. Le supérieur de Carlos Adohouannon se défend après les accusations de son collaborateur d'alors.
Il dit n'avoir reçu aucune clé de caveau et nie avoir discuté d'un quelconque transfert de fonds avec Carlos Adohouannon.
Le DGR dit «également n’avoir pas eu accès au bureau de Carlos Adohouannon après son départ. Il dit avoir informé le DGI de la disparition de Carlos Adohouannon. Sur instruction, il a fait appel à un huissier qui est venu mettre des scellés sur le bureau et le caveau. Et c'est n’est qu’au moment où l’IGF voulait faire l’audit que les scellés ont été levés.
Le supérieur de Carlos Adohouannon assure que les accusations de l'ancien régisseur en cause dans cette affaire sont des ragots. « C'est des histoires qui me tombent sur la tête comme ça », a déclaré l’ex-patron de Calrlos Adohouanon.
Interrogé sur son patrimoine, le directeur de la gestion des ressources a confié être le propriétaire d'une ferme près de 217 hectares à Djidja, une seule maison à étages à Cotonou et un chantier abandonné à Abomey-Calavi. Il dit également disposer de quelques parcelles, quelques têtes de bœufs et de la volaille.
"Mais comment Carlos Adohouannon a su que le DGR a une ferme ?", interroge le président de céans. En réponse, le DGR dit avoir l'habitude de conseiller à n'importe qui, surtout les jeunes, en leur disant de faire des investissements.
« Quel est votre revenu mensuel », demande le juge au DGR. « Environ un million », a-t-il répondu. Le président poursuit en lui demandant s’il fait une tontine. Le DGR répond par l’affirmative. « Comment Carlos l'a su? », interroge le juge à nouveau. « Je lui ai parlé de ça. Il est allé ramasser une fois pour moi », a répondu l’ex-patron de Carlos Adohouannon.
De combien s’agit-il et à quoi cela a-t-il servi ? Le DGR soutient que le montant ramassé était de 5 millions. A la seconde question relative à l'usage fait de la somme, il affirme ne plus se souvenir des investissements faits à l'époque. Car, explique-t-il, c'est au fur et à mesure qu'il a des ressources qu'il investit.
A la suite du président, le ministère public veut en savoir plus sur les chèques dont parlait l’ex-régisseur dans sa déposition. Le DGR dit que ses chèques n'ont rien à voir avec un quelconque prêt. « Pourquoi Carlos est tout le temps dans votre bureau ? », demande le magistrat. A l’instar des autres collaborateurs, répond le DGR, Carlos va également dans mon bureau.
Le patron ne reconnaît pas avoir reçu des ouvriers dans son bureau et demander à Carlos de lui remettre de l'argent.
Le ministère public le relance sur le projet de transfert de fond dont l’ex-régisseur faisait également allusion. Le DGR déclare n'avoir jamais eu connaissance d'un projet de transfert de fonds. En plus, il dit n'avoir connu la position géographique du caveau qu'après la disparition de Carlos. « Il n'y a jamais eu d'arrêté qui autorise de transfert de fonds », a-t-il ajouté.
La Cour confronte l'ex-patron de Carlos Adohouannon
« L'argent est où ? », demande le représentant du ministère public. « Monsieur le procureur spécial, je n'ai aucune idée. Pour moi c'est l'occasion de comprendre ce qui s'est passé », a répondu le supérieur de Carlos Adohouannon.
Il affirme également n'avoir pas reçu de point mensuel des fonds au niveau de son collaborateur. « Je n'ai jamais vu ces 3 milliards. Je n'ai jamais eu accès à ces 3 milliards ", a déclaré le DGR Lambert Abley.
« Pourquoi malmenez-vous le jeune comme ça? », relance le procureur spécial. Au DGR de répondre : « Par nature, je suis accueillant et je ne saurais malmener un jeune ».
A la suite du procureur spécial, un avocat de Carlos intervient : « Est-ce logique à votre entendement que quelqu'un qui a quatre milliards et qui a réussi à sortir du pays puisse décider quelques mois après de revenir sachant qu'il encourt 20 ans ou la perpétuité ? ».
Le DGR répond : « Je ne veux pas m'avancer sur cette question ».
Le représentant de la DGI à la barre
Après le DGR, la Cour a convoqué le représentant de la DGI, Pascal Dantondji, à la barre.
La Cour l'interroge sur la nécessité ou non d'un arrêté d'autorisation pour le transfert de fonds.
Il répond que dans le cas d'espèce, il n'était point nécessaire qu'un arrêté du ministre soit pris pour transférer des fonds d'un compte à un autre.
« Je viens d'entendre des contres vérités. Je n'ai jamais envoyé le point récapitulatif des fonds à mon niveau à qui que ce soit par mail », réfute Carlos Adohounannon. Sa réaction fait suite à la déposition du représentant de la DGI. Selon ce dernier à la barre, avant l'émission du chèque de 224 millions, le DGI a demandé un point et Carlos l’aurait fait par mail.
Après confrontation avec les mails en question, l’ex-régisseur dit qu'il a instruit un collègue qui a envoyé le mail.
Quid de Blaise Salanon dans cette affaire ?
Quelle relation y a-t-il entre Carlos Adohouannon et Blaise Salanon ? L'ancien régisseur assure que sa relation avec Salanon n'a aucun lien avec l'affaire de disparition de fonds à la DGI. « Aucun copek n’a atterri » dans les mains Blaise Salanon, jure Carlos Adohouannon.
Il dit avoir pris le numéro de Blaise Salanon et l'a contacté début 2018 pour élargir son réseau marketing. « L'essentiel de nos rapports a tourné autour de cela », a-t-il déclaré. C'est par la suite, ajoute-t-il, que Blaise lui aurait expliqué qu'il connaît son grand-père paternel. Et c'est pour cela qu'il aimait les parents de Carlos.
C’est alors que l’un de ses avocats lui demande si Blaise l’a conseillé de se rendre aux autorités. « Non et s'il l'avait fait, je ne l'aurai pas fait », a répondu Carlors Adohouannon. S’en suit une série de questions-réponses entre l’avocat et son client. « Est-ce que vous savez que vous risquez la perpétuité ? », interroge l'avocat. L'accusé principal répond par l’affirmative. « Et pourquoi vous êtes revenu ? », poursuit l’homme de droit. L’ex-régisseur répond : « C'est pour affronter la situation ».
A l’avocat de poursuivre : « Avant de prendre la décision de revenir, saviez-vous ce que vous risquez ? ». Cette fois-ci, Carlos Adohouannon répond par la négative.
Le président de céans demande à l’ex-régisseur si sa maison est au Nom de Salanon ? Carlos explique que c'est en voulant bénéficier d'un acte d'exception décennale d'impôts, que par souci de discrétion, il a décidé de mettre le nom de Blaise Salanon. Donc il a transféré l'immeuble au nom de Blaise.
Le juge demande alors au prévenu où Carlos a trouvé 15 millions pour acheter sa maison sise à Agla Hlazounto en 2015. En réponse, Carlos dit défier tout agent des impôts « même le DGI » qui puisse justifier ses biens. L’ex-régisseur dit ensuite qu’il a acquis cette maison avec ses économies. A l’en croire, il s’agit d’un projet de 10 ans. A l’époque, le régisseur dit avoir occupé un poste qui lui permettait d'avoir des à-côtés. En plus de cela, il confie qu’il donnait aussi des consultations.
Paul Edoh, le chauffeur de Salanon à la barre
La Cour et le ministère public veulent déterminer les vrais rapports entre l’ex-régisseur et Blaise Salanon. Le nom d’un intermédiaire entre les deux hommes est cité. La Cour demande à Carlos Adohouannon s’il connaît Paul Edoh. « Oui », a-t-il répondu ajoutant que c’est le chauffeur de Blaise. « Son patron l'a envoyé chercher les produits chez moi dans le cadre de mon réseau marketing », poursuit l’ex-régisseur.
Ensuite la Cour souhaite savoir combien de fois Paul Edoh est allé voir le voir. « Trois fois au bureau », a-t-il répondu. Mais qu’est-ce que Paul Edoh apportait à Carlors de la part de Blaise Salanon ? « Edoh ne ramenait pas grand-chose. C'est une fois que Salanon m'a appelé pour me dire qu'il a envoyé son chauffeur pour me donner quelques cadeaux pour la fête d'anniversaire de mon fils qui est né un 10 janvier », répond l’ex-régisseur.
Carlos confie ensuite à la Cour qu’il ne connaissait pas le domicile de Salanon avant sa décision de s’en fuir, suite à la disparition des fonds en cause dans cette affaire.
Dans le cadre de la fête du 10 janvier, l’ex-régisseur dit avoir appelé Salanon pour lui demander d’envoyer son chauffeur lui prendre un présent. « Le colis contenant des liqueurs et une enveloppe de 100 000 FCFA », a-t-il précisé.
A sa suite, Edoh Paul est convoqué à la barre. La Cour lui demande de parler de sa relation avec Blaise Salanon. Déposant en langue fon, le chauffeur dit avoir conduit le père de Salanon pendant 3 mois avant de conduire Salanon aussi. Il confie s’être rendu trois fois chez l’ex-régisseur de la part de son patron Salanon.
La première fois, explique-t-il, c'est le secrétaire de Salanon qui lui a remis un numéro et une enveloppe avec pour consigne de payer du carburant dans la voiture et d'aller à la rencontre du propriétaire du numéro en question afin de lui récupérer des choses. Pareil pour les deux autres fois, poursuit-il.
Par la suite, confie le prévenu à la barre, il dit avoir amené Salanon vers Carlos Adohouannon deux fois au bureau. Mais à chaque fois, précise-t-il, c'est l’ex-régisseur qui venait à leur rencontre sur le parking de la DGI.
Pourtant, relève le procureur spécial, Paul Edoh avait indiqué lors de l’instruction du dossier qu’il avait été 10 fois chez l’ex-régisseur. Le prévenu conteste avoir dit cela.
Après sa déposition, la Cour a décidé de suspendre l'audience. Les débats vont reprendre mardi 22 janvier 2025 à 9 heures, précise l'envoyé spécial de Banouto à la CRIET.
Fin du direct !
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Noumonvi hounyo Nest
il y a 2 semainesRodrigue
il y a 2 semainesLino
il y a 2 semaines