Louis Philippe Houndégnon a comparu, lundi 27 janvier 2025, devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). L’ancien directeur général de la police nationale du Bénin s’est défendu devant le juge.
Arrêté le mercredi 13 novembre 2024, L’ex-DGPN est poursuivi à la CRIET pour les faits d’« incitation à la rébellion et de harcèlement par le biais d’un système électronique ». Le prévenu a plaidé non coupable lors de la première audience de son procès.
Convoqué à la barre, ce lundi 27 janvier 2025, l'ancien patron de la police s’est expliqué sur les accusations contre lui. Dans une posture de force de l’ordre, l’officier mis à la retraite d'office, à la demande du représentant du ministère public, a présenté son parcours professionnel à la Cour.
De la présentation, il ressort que Louis Philippe Houndégnon a gravi différents échelons en tant que fonctionnaire de la police. Il a commencé en tant que brigadier et a atteint le grade de général avant d'être déchu. L'ancien chef de la police nationale du Bénin a évoqué les différents postes de responsabilités occupés jusqu'à de secrétaire permanent de la Commission nationale de lutte contre la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme, dernier poste occupé avant d'être mis à la retraite d'office.
L’ex-patron des flics a déclaré ne pas être violent et qu’il ne saurait mettre sa compétence pour un coup d’Etat. L’ancien directeur général de la police a confié qu’il est dans la posture de simple citoyen depuis sa mise à la retraite d’office qu’il considère comme une "radiation".
Des sorties médiatiques
Louis Philippe Houndégnon s'est expliqué sur ses sorties médiatiques et a confié qu'il s'agit d'une stratégie de défense. Après les affaires de tentative de coup d’Etat impliquant Olivier Boko et Oswald Homéky, l’officier de la police mis à la retraite d'office dit avoir été alerté sur son possible arrestation dans le dossier.
Le mieux qu’il a trouvé à faire et considère comme stratégie, a-t-il fait savoir, c’est de s’exprimer pour donner sa position. Il clame d’abord son innocence et insiste qu’il ne saurait jamais s’associer à une combine de déstabilisation. « Vous n’entendrez jamais mon nom associé à ces choses-là », a martelé l’ex-DGPN.
Et pourquoi Louis Philippe Houndégnon a choisi cette option alors qu’il devrait se vêtir d’une réserve compte tenu de rang, a cherché à comprendre le ministère public. L’ex-patron des flics a soutenu que depuis sa mise à la retraite d’office, il est devenu un citoyen lambda. Sauf que, a-t-il éclairci, il a toujours la réserve de secret défense.
En réponse, le représentant du ministère public lui a fait savoir qu’on ne saurait jamais le prendre comme un citoyen lambda. Pour ce qu’il est et ce qu’il a été, soutient le premier substitut du procureur spécial, l’ex-patron des flics ne peut pas se considérer contre un citoyen lambda. Le magistrat lui a reproché de n’avoir pas eu de la retenue.
Dans ses sorties, réfute Louis Philippe Houndégnon, il n’a jamais évoqué des sujets frappés du sceau de secret défense. Selon lui, il a décidé de parler afin qu’on ne le lie pas au dossier de tentative de coup d’État.
Quid du matériel policier et militaire retrouvé chez lui?
Le domicile de Louis Philippe Houndégnon a été perquisitionné après son arrestation. Plusieurs matériels de police ont été retrouvés dont des cartouches, de gilets par balles, des tenues de la police et de l’armée. Lors de l’audience de ce lundi 27 janvier 2025, l'ancien chef de la police a apporté des clarifications sur la détention de certains matériels militaires à son domicile.
Le prévenu a fait savoir que les cartouches datent de 2005. selon sa déposition, il s’agit des munitions tests de validation qu’il a laissé dans sa valise. L'ex-DGPN a indiqué que ces munitions sont d’une particularité rare. Car, justifie-t-il, elles sont compatibles à un pistolet dénommé "Scorpion", de fabrication italienne. A l'en croire, cette arme n’est pas courante sur le marché. Le prévenu dit avoir testé ces munitions dans le cadre d’une acquisition en 2005. Il dit avoir conservé quelques-unes dans une valise dans une chambre qu’il ne fréquente pratiquement plus.
Louis Philippe Houndégnon a reconnu que ces munitions ne devraient plus se retrouver chez lui. Mais il a confié qu’il n’a pas prévu d'en faire usage. « C’est un oubli réel », a signifié l’ancien commissaire central de la ville de Cotonou. Concernant le gilet par balles, L’ancien directeur général de la police nationale a expliqué qu'il est personnel et privé. Il dit l’avoir acquis avec deux plaques céramiques. Et que tout le monde peut avoir son gilet. Idem pour la tenue de la police.
Pour la tenue militaire, Louis Philippe Houndégnon a fait savoir qu'elle est américaine. Il dit l'avoir ramené des formations de guerre au Pakistan et aux États-Unis. Il a assuré que « tout ce qui est compromettant a été restitué systématiquement ».
Un homme craint
Louis Philippe Houndégnon n’a pas caché ses capacités et ses compétences de biens faits les choses. Selon lui, ces qualités notamment sa "maîtrise d’arme" font que les gens le craignent. « Même dans la police, comme dans l’armée », a-t-il déclaré, assurant que cette crainte des gens vis-à-vis de lui le gêne.
L’ex-directeur général de la police dit être redoutable avec les armes. À la barre, il a déclaré avoir la capacité de toucher un stylo à 1000 mètres. Nonobstant cette adresse, Louis Philippe Houndégnon assure n'être pas un homme à s'associer à des actes de déstabilisation de son pays. « La connaissance des armes n’est pas une aubaine pour prendre des armes et faire du n’importe quoi », a-t-il rassuré.
03 propositions de coup d’État contre Talon
Dans l’une de ses sorties médiatiques, l’ex-DGPN affirme avoir reçu des propositions de coup d’État contre l'actuel président qu’il a déclinées. Devant la CRIET, il a réaffirmé avoir été approché par trois différentes personnalités lui proposant de renverser l’ordre constitutionnel. Louis Philippe Houndégnon a cité un ancien ministre sous le défunt régime, et deux officiers à la retraite. L’ancien chef de la police qui a révélé l'identité des personnalités dit avoir signalé les sollicitations au ministère de la défense.
Louis Philippe Houndégnon estime que son malheur c’est d’avoir dit tout haut que la réforme de police républicaine n’est pas un succès, dénoncé la loi sur la mise à la retraite d’office. L’ancien haut fonctionnaire de la police pense également que son tort est d’avoir fait comprendre que « la stratégie de lutte contre le terrorisme ne respecte pas la nomenclature en la matière ».
Le prévenu a clamé son innocence pour les faits mis à sa charge. « Je ne connais rien dans le numérique pour faire harcèlement », a-t-il signifié pour rejeter le chef d'accusation de harcèlement par voie numérique.
Dans ses dépositions à la barre, Louis Philippe Houndégnon ne reconnaît pas non plus avoir incité à la rébellion lors de ses sorties médiatiques incriminées.
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