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Musique béninoise : entre ambitions et obstacles à l'exportation internationale

Musique béninoise : entre ambitions et obstacles à l'exportation internationale

Une conférence publique sur la promotion de la musique béninoise a été organisée à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Cette rencontre a réuni plusieurs acteurs du secteur musical afin de discuter des obstacles et stratégies pour sortir la musique béninoise de l’ornière et faire parler d’elle à l’international.

Une conférence publique sur la promotion de la musique béninoise a été organisée à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Cette rencontre a réuni plusieurs acteurs du secteur musical afin de discuter des obstacles et stratégies pour sortir la musique béninoise de l’ornière et faire parler d’elle à l’international.

Présidium de la conférence publique sur la promotion de la musique béninoise

Présidium de la conférence publique sur la promotion de la musique béninoise

«Promotion de la musique béninoise à l'international : entre ambitions et obstacles». Tel est le thème qui a focalisé les réflexions samedi 25 janvier 2025 à l’Université d’Abomey-Calavi. C’était à la faveur d’une conférence publique organisée par des auditeurs du Master I à l’École nationale des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication (ENSTIC). 

 

Le journaliste culturel Sêmèvo Bonaventure Agbon est le coordonnateur de l’événement. Il a dans son discours attiré l’attention des participants sur le fait que la musique béninoise n’est pas spontanément jouée dans les bars, les restaurants dans les autres pays.

 

Un constat qu’a aussi fait le chroniqueur de musique Jean-Discipline Adjomassokou.  Il déplore que le Bénin n’ait pas pu véritablement réussir à fédérer un genre musical représentatif alors que dans le même temps, la Côte d’Ivoire a imposé le ''coupé-décalé'', le Nigeria l’afrobeat et le Cameroun le ''makossa''.

 

Il trouve que ce retard observé dans la promotion de la musique béninoise est dû essentiellement à deux choses. L’absence de soutien des rythmes musicaux initiés par des artistes et le manque de formation adéquate des artistes et acteurs culturels associés.

 

« Quand quelqu’un sort, modernise une musique traditionnelle, on l’abandonne, on le laisse seul alors qu’ailleurs ce n’est pas le cas» , regrette Jean-Discipline Adjomassokou.

 

«Lorsque Didier Bilé avait sorti le zouglou en 1990, tous les jeunes artistes ivoiriens s’étaient mis dans le zouglou, illustre-t-il. Quand le coupé-décalé est sorti, ça a été pareil. Si la rumba du Congo existe encore à ce jour, c’est parce que tous les artistes, les anciens comme ceux qui sont là aujourd’hui, se sont mis à faire la rumba. Mais ici, au Bénin, on a connu des styles : Stan Tohon avec le ''Tchink System'' mais combien d’artistes font le Tchink System aujourd’hui ? »

 

Sur le volet de la formation, Jean-Discipline Adjomassokou salue la création de l’Institut national des métiers d'art, d'archéologie et de culture (INMAAC) mais note une insuffisance.  «L'INMAAC offre une formation de niveau universitaire, il faut d'abord obtenir un baccalauréat, alors que des talents n'atteignent pas forcément ce niveau d'études », souligne-t-il.

 

Abondant dans le même sens que ces prédécesseurs, Tony Yambodè, administrateur culturel, reconnait que le Bénin est riche en rythmes et possède une diversité culturelle du nord au sud.

 

En dépit de cette richesse, le Bénin a du mal à imposer un rythme musical à l’international. C’est un paradoxe que Tony Yambodè tente vaille que vaille de comprendre. Il pointe du doigt le manque d’accompagnement des différents concepts musicaux que les béninois ont fait sortir jusque-là.

 

«Par le passé, il y a eu le Tchink System que nous n’avons pas accompagné. Il y a aussi le ''Soyoyo'', qui n’a pas été soutenu. Aujourd’hui, il y a l’Adjapiano, mais nous ne savons pas si cela va perdurer », s’inquiète-t-il. 

 

Les intervenants accordent leurs violons sur la nécessité d'une intervention étatique et d’un engagement plus prononcé dans la promotion des artistes béninois.

 

 Si le Bénin dispose d’un réservoir de talents indéniable, le défi consiste à structurer l’industrie musicale, à fédérer les artistes autour d’un style distinctif et à mobiliser des acteurs clés (État, médias, professionnels du secteur) afin d’assurer une visibilité accrue à l’international.

 

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