Ford Germain Tohouénou, premier au Bac 2025 au Bénin
Banouto: Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris que vous étiez le premier au Bac 2025 au niveau national ?
Germain Tohouénou : Ça a été une surprise agréable pour tout le monde, puisque ce n'était pas gagné d'avance. Donc, vraiment, on était très contents. On était fiers.
Pourquoi pensez-vous que ce n'était pas gagné d'avance ? Est-ce à cause des difficultés rencontrées au cours de l’année scolaire?
Bien que j'ai eu le relevé de notes depuis le lundi 21 juillet, donc j'ai déjà vu la moyenne, mais ce n'était pas gagné d'avance puisque l'année passée, par exemple, le premier avait eu 19 de moyenne.
Donc, je ne pouvais pas dire que j'étais sûr. Et puis, il y a eu en 2012 aussi où le premier avait eu 18,77. Si je disais que vraiment j'étais sûr que ça allait arriver, c'est que je suis en train de mentir. Ça a vraiment été une surprise.
Parlez-nous un peu de votre parcours scolaire jusqu’ici ?
J'ai fait toutes les classes de la maternelle jusqu’en terminale. J’ai été toujours brillant depuis le cours primaire. Et puis, arrivé au collège, j'ai littéralement occupé la première place de la sixième jusqu'en terminale. Je n'ai jamais occupé autre rang que la première place de tout mon parcours de la sixième en terminale.
Vous habitez une zone non encore électrifiée. Décrivez-nous vos conditions de vie et d’études au quotidien.
Les poteaux électriques ne sont pas venus jusqu'à là où papa a construit. Nous utilisons donc les panneaux solaires. Il y en a dans ma chambre.Et c'est grâce à ça que j'étudie. Seulement, des fois, lorsque le temps est sombre toute la journée à cause de la pluie, il arrive qu'en pleine nuit, la lampe s'éteint puisque ça n'a pas suffisamment chargé.
Lorsque ça arrive comme ça, c'est vraiment difficile. Je dois aller voir, peut-être maman pour emprunter son téléphone, plus ou moins, je n'en ai pas. Donc, j'emprunte son téléphone et j'allume la torche. Ou bien, nous avons d'autres lampes qui sont là aussi, de secours. Et c'est ça que j'allume pour pouvoir étudier.
Vous n'avez pas eu de téléphone durant votre cursus scolaire. Est-ce que cela a été un handicap pour vous ou bien cela vous a plutôt permis d'être beaucoup plus focus sur vos études ?
Ne pas avoir de téléphone portable n'a, honnêtement, pas été un handicap pour moi, puisque le téléphone de maman était là. Si j'avais besoin de faire des recherches ou bien quoi que ce soit d'autre, je peux utiliser le téléphone de maman. Mais ne pas avoir de téléphone, ça a plutôt été un atout pour moi.
Avez-vous bénéficié d'un encadrement particulier à la maison ? Avez-vous eu par exemple des répétiteurs?
Dans aucune matière, je n'ai eu de répétiteurs à la maison. Depuis toujours, je travaille de façon autonome. J'apprends à traiter les exercices moi-même. Puisque les livres ont des corrigés-types, quand je finis de traiter les exercices, je regarde ce que le corrigé a proposé, j'essaie de voir, je me corrige et je m'améliore au fur et à mesure.
Quel rôle vos parents ont joué tout au long de l’année scolaire?
Mes parents ont eu un rôle très important, puisqu'ils m'ont bien conseillé. Papa a mis tous les livres à disposition. Les livres que je dois pouvoir utiliser pour réussir. Tout a été fait.
Puis au bout de l'année scolaire, même quand il a été affecté à Banikoara, pour pouvoir enseigner là-bas, maman aussi a su bien gérer la maison. Elle mettait la rigueur et puis ça a bien marché. Donc vraiment, ils ont tous beaucoup œuvré pour cette belle réussite.
Est-ce que vous avez suivi des travaux dirigés (TD)?
Oui, bien sûr. L'établissement organise des TD tous les samedis de 7h à 13h à l'endroit des apprenants des classes de terminale.
Vous avez fait un sans-faute dans les matières scientifiques. Vous avez eu 20 sur 20 en mathématiques, en physique-chimie et en SVT. Quelle a été votre méthode de travail dans ces trois matières principales de votre série?
La méthode de travail, c'est qu'il faut traiter beaucoup d'exercices, vraiment beaucoup. En mathématiques et en physique, il faut découvrir beaucoup d'exercices, découvrir de nouvelles formes pour pouvoir mettre en pratique les propriétés. En SVT, c'est à peu près la même chose. Là, il y a surtout la méthodologie pour chaque partie qu'il faut maîtriser.
À part ça aussi, il faut s'habituer aux exercices, en traiter suffisamment et régulièrement. Il n'y a pas un nombre limite d'exercices, par exemple, 200 exercices ou 300, qu'on traite et qu'on dit c'est fini. Tant qu'on en trouve, on continue par traiter de nouvelles formes. Toujours aller de l'avant pour pouvoir découvrir de nouvelles choses.
Votre père est enseignant des Sciences de la vie et de la terre (SVT). Est-ce lui qui vous a inculqué cet amour pour les matières scientifiques ?
La passion pour les sciences, je l'ai vraiment depuis longtemps. J'ai toujours été passionné par ça. A partir de la quatrième, cette passion s'est accentuée. Puisqu'on a commencé des choses un peu sérieuses, j'ai découvert, j'ai appris.
Et puis même à la maison, j'ai encore l'électrolyseur que j'ai fabriqué moi-même. Avec cela, j'essaye de reproduire des expériences apprise en classe, moi-même à la maison.
Maintenant que vous avez obtenu votre premier diplôme universitaire, quelle filière souhaitez-vous faire dans le supérieur?
Je veux poursuivre mes études en automatisme, en robotique. C'est vraiment ce qui m'intéresse. C'est une filière qui est vraiment importante. Ça fait partie des trois ingénieries les plus recherchées actuellement dans le monde. Et c'est ce qui m'attire beaucoup.
Est-ce que vous avez déjà l'idée d'où vous pourrez poursuivre vos études?
Oui, je peux les poursuivre aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou en Chine.
Que souhaitez-vous dire aux jeunes candidats qui rêvent aussi de décrocher le Bac, en occupant la première place ?
Ce que moi, je vais leur recommander, c'est de bien écouter les conseils de leurs parents d'abord, puisque c'est la chose la plus importante. Ensuite, il doit savoir que le travail bien fait, ça paye toujours. Les réseaux sociaux, les téléphones portables, il faut s'en méfier. Ce n'est pas qu'il ne faut pas s'en servir, mais il faut les utiliser modérément. Savoir quand les utiliser, les heures où il faut les utiliser et les heures où il faut les laisser pour aller étudier.
Faire la part des choses, être conscient afin de pouvoir aller de l'avant. J'aimerais aussi leur dire que réussir au Bac n'est pas vraiment quelque chose d'extraordinaire, il suffit de croire en soi, de croire en son rêve, de travailler et puis ça se concrétisera.
Qu'avez-vous à dire pour clore cet entretien?
Je dirai tout simplement que l'excellence peut venir de partout et de n'importe qui. On n'a pas nécessairement besoin d'être nanti pour cela. Même lorsqu'on vit modestement, lorsqu'on a déjà le minimum, il suffit de se mettre au travail pour réaliser de grandes choses.
Je remercie vraiment infiniment mes parents et mes enseignants pour tout ce qu'ils ont fait pour moi... le soutien moral, financier, matériel, tout ce qu'ils ont fait, les bons conseils, pour tout cela, je leur dis infiniment merci.
Je remercie également tous le personnel de mon collège, toutes les autorités à tous les niveaux. Je leur dis infiniment merci puisque c'est grâce à eux aussi que je suis arrivé à ce niveau-là.
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Candace
il y a 2 moisMarielle GBEHOUN
il y a 2 moisDmitryy
il y a 2 mois