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Pèlerinage à la Mecque : immersion dans les ultimes préparatifs d’une Béninoise pour une odyssée de foi

Pèlerinage à la Mecque : immersion dans les ultimes préparatifs d’une Béninoise pour une odyssée de foi

Le pèlerinage à la Mecque est le voyage d’une vie, surtout pour les pèlerins qui partent pour la première fois. Mariame Bagri épouse Babafata va au Hadj pour la première fois. Banouto a assisté à ses derniers préparatifs avant le départ, dans son domicile à Maria-Gléta 1, dans la commune d’Abomey-Calavi au Bénin. Reportage.

Le pèlerinage à la Mecque est le voyage d’une vie, surtout pour les pèlerins qui partent pour la première fois. Mariame Bagri épouse Babafata va au Hadj pour la première fois. Banouto a assisté à ses derniers préparatifs avant le départ, dans son domicile à Maria-Gléta 1, dans la commune d’Abomey-Calavi au Bénin. Reportage.

Mariame Bagri épouse Babafata fait sa valise pour le Hadj 2025

Mariame Bagri épouse Babafata fait sa valise pour le Hadj 2025

Les aiguilles de l’horloge frôlent les derniers instants de 7 heures du matin ce dimanche 25 mai 2025, à Maria-Gléta 1, dans la commune d'Abomey-Calavi. C’est une matinée des derniers préparatifs du Hadj dans la maison Babafata. Dans cette modeste résidence de quelques pièces bâtie sur une parcelle d’environ 400 m² .

 

Dans la cour de cette habitation au crépi rouge défraîchi par les années, Mariame Bagri épouse Babafata s’apprête à accomplir pour la première fois le rêve de toute une vie : le pèlerinage à la Mecque, cinquième pilier de l’islam. Elle est à 24 h du départ de son vol de Cotonou pour la Terre sainte. « Je suis animée d’une grande joie… En partant, que Dieu nous accompagne pour qu’on aille et qu’on revienne en bonne santé », implore-t-elle.

 

Cette mère de famille est assise sur une sajjada (tapis de prière chez les musulmans) sur la terrasse de sa résidence. Elle porte un voile multicolore qui la couvre de sa chevelure jusqu’aux genoux. Ses pieds ne sont pas visibles non plus. Ils sont bien couverts par un pagne sous le voile.

 

Cette musulmane fervente ne dévoile que son visage. Ce dernier est dominé par un henné noir (une sorte de crayon de beauté, traditionnel, Ndlr ) délicatement tracé sur ses sourcils, qui captent subtilement le regard. Plus qu’une simple parure, ce fil d’encre sur l’arcade sourcilière est un reflet de sa tradition dendi.

 

Une journée pas comme les autres

 

Le regard concentré, les mains occupées à plier deux vêtements soigneusement choisis. Ces tenues sont ensuite ajoutées au lot déjà rangé dans une valise de couleur grise. C’est avec cette valise qu’elle compte fouler la Terre sainte.

 

Sur son visage, l’émotion est palpable. Ce voyage, elle le porte depuis des années dans son cœur. « Je ne suis pas riche, mais mon époux et moi avons accepté de cotiser pendant des années pour que je puisse me rendre à la Mecque », explique-t-elle en faisant sa valise. Le pèlerinage n’est pas un luxe, c’est une nécessité spirituelle, rappelle-t-elle.

 

Une quête de purification, une marche vers l’absolu, en est rassurée la future pèlerine. « Tout ce que nous utilisons dans ce bas monde est éphémère. Nous allons à la Mecque pour atteindre une certaine dimension spirituelle et pour aller au paradis. C’est pour cela que l’on cherche l’argent pour aller là-bas », explique Mariame.

 

Des privations pour sa foi...

 

En dehors du sacrifice pécuniaire, Mariame s’est aussi privée depuis quelques semaines d’une chose dont elle raffolait : la noix de cola. « J’aime beaucoup la cola, mais comme je sais que c’est interdit à la Mecque, je ne garde même plus une seule cola chez moi ». Aussi difficile qu'il soit, la future Hadja a fait ce choix pour se conformer aux règles de la Mecque. « Ça fait au moins un mois que je ne mange plus de cola. Ça n’a pas été facile, mais j’ai pu laisser déjà », s'en réjouit-elle.

 

Après avoir eu vent de nombreux miracles qui se sont opérés pendant et après le Hadj, Mariame mourait d’envie d’y aller. « Il y a une infirmière avec qui j’ai discuté récemment. Elle m’a dit qu’elle est tombée malade et qu’on a dû lui faire une évacuation sanitaire en France, sans satisfaction. Son mari a alors exigé qu’on l’amène à la Mecque. Elle a dit qu’au nom de Dieu, elle a recouvré sa santé arrivée là-bas », rapporte-t-elle avec beaucoup d'assurance.

 

...aux adieux émouvants en famille

 

Avant de faire sa valise, Mariame apprend qu’elle a fait le Fajr (prière de l’aube) à 5 h 20. « J’ai prié que Dieu m’amène à la Mecque en bonne santé et qu’il me donne la force de faire le travail pour lequel je vais là-bas », confie-t-elle.

 

À environ trois mètres de sa position, se trouve encore la théière à eau qu’elle a utilisée pour le bain rituel avant la prière matinale. Un peu plus loin, dans un fauteuil au fond de la maison, son époux. Il est déjà allé à la Mecque une fois. De sa position, il suit tout ce qui se passe, en bon chef de famille. « Faites diligence, je vous informe qu’il s’en va être 9 h », informe-t-il. « Déjà », s’étonne son épouse Mariame.

 

Les enfants de Mariame, pour la plupart des majeurs, préfèrent quant à eux être plus proches de leur mère. Ils sont aux petits soins pour leur mère. Bouillie, beignets, biscuits, ses enfants lui offrent avec insistance des repas légers, bien qu’elle dise ne pas avoir faim. L’un d’eux prend de temps en temps des photos des faits et gestes de Mariame.

 

Par moment, Mariame consulte l’horloge. Il lui est difficile de se concentrer sur autre chose que le moment tant attendu : le départ. Comme si le quotidien avait suspendu son cours.

 

À 12 h précises, le taxi qu’elle a réservé se pointe au portail et klaxonne. La cour se transforme en scène d’adieux. Des accolades et des prières s’enchaînent. L’un des enfants porte la valise de Mariame dans le coffre du véhicule. Direction le point de rassemblement des pèlerins béninois à Akpakpa, à Cotonou.

 

De là, le lundi 26 mai 2025 à 7 h 35, elle et ses compagnons de foi ont rejoint l'aéroport international de Cotonou pour prendre le septième vol des pèlerins béninois vers l'Arabie saoudite. Le départ de l’avion est prévu pour 13 h 35, selon l’agenda.

 

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