Des parents d'élèves au portail d'un centre de composition à Godomey, commune d'Abomeuy-Calavi
Lundi 2 juin 2025, jour d'examen au Bénin. Après plus de 8 mois de cours, les élèves des classes de CM2 et les candidats libres composent dans 805 centres pour le Certificat d'études primaire (CEP). A l'instar des centaines d'autres candidats à cet examen national, le petit Farel est prêt pour aller affronter les épreuves.
Il est 6h47 ici chez les parents de Farel à Gbodje-Sedje, arrondissement de Godomey dans la commune d'Abomey-Calavi. La maison est déjà en ébullition à cette heure. Vêtu d'un jean neuf et d'un Lacoste blanc soigneusement repassé, le jeune élève n'attend que le top de ses géniteurs pour rejoindre son centre de composition. À ses côtés, ses parents s’activent. Son père, José H. veille sur les derniers détails avec un air rigoureux. Il tend à son fils une tisane au miel, un "booster de mémoire" dit-il, avant d’embrayer sur une série de questions de révision : "100 + 400 ?, comment s'appelle le Président de l'Assemblée nationale ? Et le Président du Bénin ?"
Face à l’hésitation du garçon, le ton se fait plus ferme : "Tu ne connais pas ces choses et tu vas à l'examen. Tu vas faire quoi ?", lance-t-il. Finalement, les réponses arrivent, accompagnées d’un soupçon de confiance. En remettant au candidat son badge, le père enchaîne avec une autre question : "comment s'appelle le Président de la Cour constitutionnelle ?".
Pendant ce temps, la mère de Farel vérifie son sac : stylos, crayons, ardoise, tout est passé au peigne fin. Avant le départ, un moment de silence s’installe. Les trois se tiennent la main pour une courte prière. José embrasse son fils sur le front. Le moment est solennel.
Au centre de composition
Dehors, un conducteur de taxi-moto attend déjà. Il est un peu plus de 7h. La mère et son fils prennent place. Direction, le centre de composition de Gbodje-Amahoun.
Le portail est assiégé. Candidats, parents, vendeurs de fournitures, tout un petit monde s’affaire dans une ambiance électrique. L’entrée du centre ressemble à un marché. Cartables neufs suspendus aux bras, stylos à la main, quelques enfants terminent leurs dernières révisions en marchant.
La mère de Farel l’escorte jusqu’à l’intérieur. Elle l’aide à retrouver sa salle et sa table.
"C’est bon madame. Vous pouvez partir. Revenez à midi. On va faire quelques réglages avec eux avant le lancement des épreuves" lui lance poliment un membre de l’administration. Elle hoche la tête mais n’obtempère qu’à moitié.
La foi comme dernier rempart contre le stress
"Je ne vais pas rentrer. Je vais l’attendre jusqu’à midi", confie la mère, en rejoignant d’autres parents massés devant le portail. Certains sont assis sur des pierres ou des sacs, d’autres, debout, guettent à travers les grilles, le regard figé.
Il est exactement 8h quand la sirène retentit. Silence dans la cour. Le CEP 2025 vient officiellement d'être lancé au centre de composition de l'école primaire publique Gbodje-Amahoun.
À l’extérieur, la mère de Farel sort son chapelet et commence à prier en silence, les yeux fermés, le cœur suspendu aux réponses que son fils, en salle, est en train de coucher sur papier.
La réussite ne se joue pas seulement sur des feuilles d’examen, mais dans la foi, les sacrifices et l’amour indéfectible de ceux qui attendent de l’autre côté du portail, peut-on comprendre ici.
Au Bénin, la session normale de l’examen du Certificat d’études primaires (CEP) démarrée ce lundi 2 juin 2025 sur toute l’étendue du territoire national, prend fin le mercredi 4 juin. Selon la direction des examens et concours du ministère des Enseignements maternel et primaire, 271 890 candidats dont 131 660 filles et 140 230 garçons planchent pour obtenir ce précieux sésame.
0 commentaire
0 commentaire