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Tension Bénin-Niger : ces imaginaires bases militaires françaises

Tension Bénin-Niger : ces imaginaires bases militaires françaises

Paranoïa, désinformation, manipulation ou faux-fuyant ? La junte au pourvoir au Niger prétexte d’une fausse présence de bases militaires françaises pour maintenir fermées les frontières avec le Bénin. Les autorités béninoises démontent ces accusations. Et vont plus loin.

Paranoïa, désinformation, manipulation ou faux-fuyant ? La junte au pourvoir au Niger prétexte d’une fausse présence de bases militaires françaises pour maintenir fermées les frontières avec le Bénin. Les autorités béninoises démontent ces accusations. Et vont plus loin.

« Le général Tchiani, s’il a l’occasion d’entendre cet audio, qu’il envoie tout ce qu’il a comme médias indépendants au Niger, ils n’ont qu’à venir on va leur faire visiter le Bénin, depuis Cotonou jusqu’à Malanville en passant par tous les coins, les axes frontaliers et ils viendront regarder s’il y a une base (militaire française, Ndlr) ici. » Ces propos du porte-parole du gouvernement béninois sont une réponse de Cotonou à Niamey, qui accuse le Bénin d’abriter des bases militaires françaises pour déstabiliser le Niger.

 

La tension entre le Bénin et le Niger, née au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet 2023 qui a reversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, est marquée par une nouvelle séquence. Lundi 6 mai 2024, le Bénin a décidé d’interdire ses eaux aux bateaux d’exportation du pétrole nigérien. Ce pétrole brut, faut-il le rappeler, écoulé via le pipeline Niger-Bénin, est stocké au terminal de Sèmè. Excellentes jusqu’au coup d’Etat contre Bazoum, les relations Bénin-Niger se sont détériorées avec l’application par le Bénin des sanctions de la Cedeao contre le Niger.

 

Les autorités béninoises disent avoir multiplié en vain les actions de normalisation de l’axe Cotonou-Niamey. Malgré les gestes de bonne foi du gouvernement béninois, le Niger a maintenu fermées ses frontières avec le Bénin. La junte est restée sourde aux différents appels des autorités béninoises. « Je suis peiné par les relations tendues entre le Niger et le Bénin, deux pays amis et frères. Je saisis cette occasion pour leur adresser un message de fraternité et d’amitié, de solidarité et dire que le Bénin restera dans cette dynamique aussi longtemps que, eux, ils le voudront (…)Si vous voulez charger vos pétroles dans nos eaux alors vous devez considérer que le Bénin n’est pas un pays ennemi », a souligné le président béninois, Patrice Talon au lendemain de l’annonce du blocage du brut nigérien à Sèmè.

 

Attention à la confusion

 

La réponse des autorités nigériennes au chef d’Etat béninois n’a pas tardé. « Nous avons souverainement décidé de garder notre frontière fermées avec le Bénin », a réagi le premier ministre nigérien, Lamine Zeine, dans une conférence de presse dont la vidéo a été publiée sur la page Facebook du CNSP (la junte) samedi 11 mai 2024. Dans son développement, Lamine Zeine accuse le Bénin d’abriter des supposées bases militaires où se trouvent des troupes françaises, renvoyées du Niger par les militaires après la prise du pouvoir.

 

Plus grave encore, allègue Lamine Zeine, certaines de ces supposées bases serviraient de terrain d’entrainement de terroristes qui iraient déstabiliser le Niger.  « Aujourd’hui, si nous savons que sur le territoire du Bénin, il n’y a pas ces troupes dont je vous ai montré de manière documentée l’emplacement, de ce pays qui est parti de chez nous, je vous assure, demain matin on ouvrira la frontière », a déclaré le premier ministre nigérien qui cite « Tourou, Kandi, Porga, Parc W, Madecali » comme des localités abritant ces imaginaires bases militaires françaises.

 

Le Bénin rejette les accusations de la junte nigérienne.  « Une base militaire n’est pas une aiguille dans une botte de foin. Donc il (le général Tchiani, Ndlr) peut déployer les moyens satellitaires qu’il veut pour venir voir si on a une base ici », contre-attaque le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji dans une réaction diffusée par Bip radio.

 

En parlant de bases militaires et avec les localités énumérées par son premier ministre, la junte nigérienne fait peut-être une confusion avec les bases opérationnelles avancées (Boa) et les postes avancés fortifiés (Paf) dont se dote l’armée béninoise dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme, estime un observateur de la tension entre le Bénin et le Niger. Lors d’un reportage de Banouto sur le front de lutte contre le terrorisme mi-2023, le Lieutenant-Colonel Mathieu Hessou, commandant théâtre adjoint de l’opération Mirador, expliquait que les Boa sont comme des mini-camps les postes avancés fortifiés des mini mini-camps. Ce sont, précise le porte-parole du gouvernement, de « petits camps militaires réalisés pour sécuriser notre pays, lutter contre le terrorisme. Aujourd’hui, nous avons réalisé une bonne vingtaine et il y a d’autres qui sont encore prévues.  Il y en a notamment dans nos communes frontalières. Le chef de l’Etat en avait parlé il y a à peu près deux ans dans un message sur l’état de la Nation, et ça c’est connu de tout le monde.»

 

Le chef d’Etat béninois, dans son intervention ayant précédé celle du premier ministre nigérien, trouve lui-même « ridicule » les accusations de la junte avant d’insister sur sa disponibilité pour la normalisation des relations entre les deux pays. « J’appelle de tous mes vœux les autorités nigériennes pour que le Bénin et le Niger retrouvent la fraternité qui a toujours existé et les rassurés que le Bénin n’agressera jamais le Niger. Il n’est pas de notre intérêt », a-t-il assuré.

 

« Il n’y a pas de base militaires françaises au Bénin »

 

La fake news liée à la présence de base militaire française au Bénin n’est pas nouvelle. Apparue depuis que les troupes françaises de la force Barkhane sont devenues indésirables dans le Sahel, cette infox a pris tellement de l’ampleur qu’elle a été déjà démentie plusieurs fois par les autorités béninoises et même françaises.

 

 « Non, il n’y a pas de base militaire française au Bénin. Non, il n’est pas envisagé la mise en place d’une base militaire française au Bénin », martelait en décembre 2023 le chef d’état-major général des forces armées béninoises, le général Fructueux Gbaguidi. C’était lors d’une conférence de presse conjointe à Cotonou, avec son homologue français, le général Thierry Burkhard, qui était en visite au Bénin.  

 

« Une base militaire, ça se décide à deux. Le Bénin n’a pas reçu de demande, le Bénin n’a pas fait de demande. Une base militaire est légale. Aucune loi n’a prévu la mise en place d’une base militaire française au Bénin. Une base militaire est physique avec des bâtiments, des armes lourdes, avec des aéronefs », a précisé le général Fructueux Gbaguidi. « Il n’y a aucune velléité de l’armée française d’installer une base militaire au Bénin et il n’y a pas une demande des forces armées béninoises d’installation d'une mission permanente qui stationnerait ici », a ajouté son hôte et chef d’état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard. 

 

Bien avant, en octobre 2022, c’est le ministre béninois des affaires étrangères de l’époque, qui a démenti cette infox. « Je puis vous dire, contrairement à ce que certains affirment qu’il n’existe aucune base militaire étrangère au Bénin », avait déclaré Aurelien Agbénonci lors d’une conférence de presse sur une visite de travail du président Patrice Talon aux Pays-Bas.

1 commentaire

1 commentaire

Bakary
il y a 4 mois
@Tchegbehounton Djoho, Usurpateur ou pas , apprenez à vos enfants mal éduqués de savoir parler à leurs voisins
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Tchegbehounton Djoho
il y a 4 mois
Tchiani, un bourriquot usurpateur de pouvoir.
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