Le silence inquiétant de la Cedeao face à la crise entre le Bénin et le Niger vient d’être rompu. Si ni la commission ni la conférence des chefs d’Etats et de gouvernements de l’institution sous-régionale n’ont pas encore pas réagi publiquement, le Parlement vient de le faire. A l’issue de sa deuxième session extraordinaire de l’année tenue du 20 au 25 mai 2024 à Kano au Nigeria, la sixième législature du Parlement de la Cedeao a pris une décision face à la crise. 

Selon le communiqué final de cette session, le Parlement a décidé « de mener des visites de terrains pour comprendre et aider à aplanir les incompréhensions entre le Benin et le Niger au sujet de récentes tensions observées entre les deux pays frontaliers ». Une première réaction d’une instance de la Cedeao dans cette crise.

Cette crise entre les deux pays a débuté après le coup d’Etat du 26 juillet 2023 qui a renversé le régime de Mohamed Bazoum. Au lendemain du putsch, la Cedeao a pris des sanctions contre les militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey. Parmi ces sanctions, il y a la fermeture des frontières terrestres et aériennes du Niger.

Le Bénin, membre de l’institution a mis en application ces sanctions. Ce que n’ont pas apprécié les putschistes. Après la levée des sanctions, ils ont décidé de maintenir la frontière avec le Bénin fermée. Pourtant, du côté béninois, la frontière a été déjà ouverte. Malgré les tentatives menées par le gouvernement béninois, les putschistes sont restés campés sur leur position.

La tension va monter, quand début mai 2024, le gouvernement béninois bloque l’embarquement du pétrole nigérien au niveau du terminal de Sèmè-Kpodji. Porto-Novo reproche à Niamey de refuser la normalisation des relations entre les deux pays et de préférer agir dans l’informel. Après que les démarches légales aient été rempliées par le Niger, le Bénin a alors autorisé le chargement du pétrole nigérien par un navire chinois qui mouillait dans ses eaux.

Selon les autorités béninoises, c’est encore une fois la preuve que le Bénin n’a rien contre son voisin. Elles estiment que l’embarquement du pétrole nigérien au terminal de Sèmè-Kpodji est une preuve de bonne foi. Elles ont même accepté la tenue d'une réunion tripartie prévue dans le cadre de l’accord signé pour l’exportation du pétrole nigérien via le Bénin et demandé par la partie chinoise. Depuis, Porto-Novo attend la réaction de Niamey.