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RDC : Joseph Kabila privé de son immunité, le Sénat ouvre la voie à des poursuites pour « haute trahison »

RDC : Joseph Kabila privé de son immunité, le Sénat ouvre la voie à des poursuites pour « haute trahison »

L’ancien président congolais Joseph Kabila a perdu son immunité parlementaire à la suite d’un vote massif du Sénat, jeudi 22 mai 2025, qui autorise désormais la justice militaire à engager des poursuites pour complicité avec la rébellion de l’AFC/M23.

L’ancien président congolais Joseph Kabila a perdu son immunité parlementaire à la suite d’un vote massif du Sénat, jeudi 22 mai 2025, qui autorise désormais la justice militaire à engager des poursuites pour complicité avec la rébellion de l’AFC/M23.

Joseph Kabila, l'ex-président de la RDC

Joseph Kabila, l'ex-président de la RDC

Le Sénat de la République démocratique du Congo a tranché : Joseph Kabila, président de la République de 2001 à 2019 et sénateur à vie, n’est plus protégé par son immunité. La chambre haute du Parlement a voté jeudi 22 mai 2025 à une écrasante majorité la levée de cette protection : 88 voix pour, 5 contre et 3 bulletins nuls, suivant la recommandation unanime d’une commission spéciale de quarante membres.

 

Cette décision fait suite à la demande de l’auditeur général près la Haute cour militaire, qui accuse l’ancien chef de l’État de « participation à un mouvement insurrectionnel, trahison, participation à des crimes de guerre et crimes contre l’humanité » pour son rôle présumé dans la collusion avec la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda dans l’est du pays. Le ministre de la Justice avait déjà saisi la justice militaire en avril pour engager des poursuites contre Joseph Kabila « pour sa participation directe » à cette rébellion.

 

Dans l’hémicycle, le rapport de la commission spéciale s’est appuyé sur un faisceau de témoignages et d’éléments à charge, dont ceux d’un détenu affirmant que Kabila aurait conseillé au Rwanda de renverser le président Tshisekedi par un coup d’État plutôt que de l’assassiner. Les accusations, d’une gravité inédite, placent l’ancien homme fort de Kinshasa au cœur d’une tempête politique et judiciaire.

 

La réaction de Joseph Kabila n’a pas tardé. Sur le réseau social X, il a dénoncé un « geste, orchestré dans la précipitation et sans respect des équilibres institutionnels », estimant qu’il ne s’agit « pas d’un acte de justice » mais d’« une manœuvre politique désespérée, dans un contexte de panique généralisée au sommet de l’État ». Ses partisans du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), par la voix de Ferdinand Kambere, contestent la légitimité du Sénat à lever l’immunité d’un ancien chef de l’État. Ils estiment que « c’est au Congrès d’examiner l’opportunité de poursuites à son encontre » et dénoncent une « chasse aux sorcières ».

 

Du côté de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), les réactions sont partagées. Le sénateur Jules Lodi rappelle que la levée d’immunité « n’est pas un gage de culpabilité » et insiste sur la présomption d’innocence, tout en soulignant qu’« aucun Congolais n’est au-dessus des lois ». Son collègue Jean Tshisekedi salue au contraire « une mesure historique » : « Les faits reprochés (à Joseph Kabila) sont très dangereux pour notre nation. Ils touchent au cœur tout Congolais. Nous sommes là pour prêcher l’exemple ».

 

La levée de l’immunité de Joseph Kabila ouvre la voie à des poursuites judiciaires contre un ancien président pour des faits de « haute trahison » et de crimes graves, dans un climat de tensions et de divisions profondes au sein du pays.

 

 

 

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