Le président Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine sont assis au début d'une réunion en tête-à-tête au palais présidentiel d'Helsinki, en Finlande, le lundi 16 juillet 2018.
Une rencontre historique, partie de poker géopolitique. À Anchorage, en Alaska, Donald Trump et Vladimir Poutine s’apprêtent à engager un face-à-face inédit depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022.
À la veille de cette rencontre très attendue, Donald Trump a déclaré qu'il pensait que Poutine souhaitait conclure un accord pour mettre fin à la guerre en Ukraine, mais que la rencontre avait 25 % de chances d'échouer.
Le président Trump a présenté le sommet comme une occasion de sonder les paramètres de Poutine pour mettre fin à la guerre et a reconnu qu'il faudrait d'autres réunions pour parvenir à un accord de paix définitif.
Attentes stratégiques de la Russie
Par ce rendez-vous avec le président républicain, le premier depuis le début de la guerre en Ukraine, le président russe a déjà gagné une certaine reconnaissance.
Vladimir Poutine a non seulement obtenu un sommet entre les États-Unis et la Russie, mais aussi un emplacement de choix : l'Alaska. C’est un lieu sécurisé pour Poutine et proche de la Russie.
L'Alaska continental se trouve à seulement 90 km de la Tchoukotka, en Russie. Vladimir Poutine peut s'y rendre sans survoler des pays considérés comme hostiles.
Mais Poutine veut plus qu'une simple reconnaissance internationale et des symboles. Il insiste pour que la Russie conserve tous les territoires qu'elle a conquis et occupés dans quatre régions ukrainiennes (Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson) et que Kiev se retire des parties de ces régions encore sous contrôle ukrainien.
Le message clé de Poutine à ce sommet sera de faire appel à l'instinct commercial de Trump. Jeudi 14 août 2025, le conseiller du président russe, Iouri Ouchakov, a déclaré que les dirigeants discuteraient de « l'énorme potentiel inexploité » des relations économiques russo-américaines.
« Un échange de vues est prévu sur le développement de la coopération bilatérale, notamment dans les domaines commercial et économique », a déclaré M. Ouchakov.
Le Kremlin pourrait faire des compromis car l'économie russe est sous pression. Le déficit budgétaire se creuse et les revenus des exportations de pétrole et de gaz diminuent. Pour le moment, il n'y a aucun signe de cela, les responsables russes continuant d'insister sur le fait que la Russie détient l'initiative sur le champ de bataille.
L’Ukraine ferme sur sa position
Un acteur clé est absent du sommet qui se tiendra dans l’État américain de l’Alaska : le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Lors de l'annonce du sommet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que tout accord conclu sans la participation de son pays était une « décision sans issue ». Ses alliés européens ont également déclaré qu'ils n'accepteraient pas un accord auquel l'Ukraine n'aurait pas souscrit.
Le dirigeant ukrainien refuse tout échange territorial. « Les Ukrainiens ne céderont pas leurs terres à l'occupant », déclare Volodymyr Zelensky, rappelant que la Constitution l’en empêche et qu’un tel accord provoquerait une crise politique à Kiev.
Donald Trump a déclaré qu'il prévoyait de téléphoner à Volodymyr Zelensky ainsi qu'à d'autres dirigeants européens après la réunion.
Entre menaces de sanctions et appétits énergétiques
Le président américain Donald Trump a menacé la Russie de « conséquences très graves » si Poutine n’acceptait pas de mettre fin à la guerre. Si le sommet se déroule bien, Trump dit organiser « peut-être » une réunion trilatérale avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Des dirigeants européens, toujours très méfiants envers Poutine, pourraient également y être conviés.
Mais les observateurs prennent les menaces de Trump avec réserve pour l’heure. Pour cause, l’Alaska recèle plus de trois milliards de barils de pétrole brut et d’immenses réserves de gaz, stratégiques pour la sécurité énergétique américaine. Trump pourrait y voir aussi une ouverture pour investir dans les gisements du grand nord russe, que Moscou peine à exploiter seul.
Des manifestations en Alaska
Des dizaines de manifestants pro-ukrainiens se sont rassemblés jeudi 14 août 2025 le long d'une route du centre d'Anchorage, à la veille des pourparlers entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine sur une base militaire américaine à l'extérieur de la capitale de l'Alaska.
Les manifestants ont brandi des drapeaux ukrainiens ainsi que des banderoles aux couleurs bleue et jaune du pays, exigeant que Trump ne fasse aucune concession à Poutine en échange de la fin de la guerre du Kremlin en Ukraine.Certains manifestants brandissaient des pancartes avec des slogans anti-Trump, notamment « Pas de rois ».
Selon TASS, l’Agence de presse russe, le Kremlin a donné l’ordre du jour du sommet. Selon le conseiller Louri Ouchakov, cette rencontre entre Trump et Poutine à laquelle assisteront des interprètes, ne s’articulera pas que sur le règlement de la crise ukrainienne. Les deux chefs d’Etats discuteront également d’autres sujets dont la coopération bilatérale dans le domaine économique. Un « petit-déjeuner de travail » est prévu à l’issue de l’entretien entre les deux hommes. Avant tout ceci, la presse assistera aux premières déclarations des deux dirigeants à l’ouverture du sommet « comme il est de coutume lors des négociations internationales », fait savoir le conseiller.
Avant l’Alaska, seuls deux dirigeants occidentaux, les premiers ministres de la Slovaquie et de la Hongrie, avaient rencontré M. Poutine depuis qu’il a ordonné l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en février 2022 et qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui pour crimes de guerre en mars 2023.
Donald Trump et Volodymyr Zelensky, quant à eux, se sont rencontrés le vendredi 28 février 2025. Les deux dirigeants ont eu un échange extrêmement tendu dans le Bureau ovale à la Maison-Blanche devant la presse américaine.
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