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L'énergie solaire, une alternative crédible aux difficultés énergétiques des grandes entreprises en Afrique?

L'énergie solaire, une alternative crédible aux difficultés énergétiques des grandes entreprises en Afrique?

L’un des défis majeurs auxquels font face les entreprises africaines est l’accès continu à une énergie abordable.

L’un des défis majeurs auxquels font face les entreprises africaines est l’accès continu à une énergie abordable.

La plupart des entreprises sont alimentées par le réseau national de distribution et se plaignent du caractère onéreux de leurs factures d’électricité. D’ailleurs, la mauvaise qualité du réseau et les coupures de courant (qui peuvent atteindre 80 heures par mois, selon la Banque mondiale) sont d’autant de facteurs qui rendent difficile l’activité des entreprises et affectent leurs performances économiques. Au Nigéria par exemple, un rapport de la Commission nationale de l’Énergie a indiqué que les conséquences du manque de fiabilité du réseau électrique se traduisent par une dépense annuelle de 29 milliards de dollars pour les entreprises. C’est plus de 5% du PIB du pays. Comment les entreprises peuvent-elles surmonter cet obstacle ?

 

 

Des systèmes électriques défaillants

 

 

En Afrique, les réseaux publics de distribution d'électricité font face à plusieurs défis et limites tels que l'insuffisance de production, la faible capacité de distribution, les défauts de maintenance des réseaux de transport de l'électricité, la vulnérabilité aux perturbations climatiques, la vétusté des systèmes de production et de distribution et le manque d’investissement dans la modernisation des installations.

 

 

Ces défaillances ont un impact significatif sur les entreprises, les hôpitaux, les écoles et les foyers, entravant la productivité, les soins de santé, l'éducation et la qualité de vie en général. Elles interviennent dans un contexte marqué par des coûts de l’énergie particulièrement élevés. Le prix de l’électricité constitue d’ailleurs l’un des principaux freins à la compétitivité des entreprises implantées sur le continent. Les solutions alternatives comme les générateurs ont elles aussi un coût prohibitif.

 

 

Les fournisseurs de solutions solaires comme recours pour les entreprises

 

 

Pour contourner cette difficulté, de plus en plus d’entreprises de la région se tournent vers des solutions solaires, conçues pour répondre aux besoins spécifiques des clients commerciaux et industriels (C&I). Elles fonctionnent selon une approche B2B (business to business) et couvrent l’installation de systèmes solaires sur mesure pour les entreprises commerciales et industrielles, afin de baisser leurs factures énergétiques. Par rapport à la demande plus importante des entreprises, les solutions solaires C&I intègrent des capacités plus importantes que la demande des consommateurs résidentiels.

 

 

Ces solutions ont actuellement le vent en poupe sur le continent, tant les besoins des entreprises dans ce cadre restent insatisfaits.

 

 

En 2022, les installations destinées aux consommateurs C&I en Afrique ont cumulé une capacité de 246 mégawatts (MW) en 2022, se classant en deuxième position après les installations solaires à grande échelle (630 MW). Suivent les installations solaires domestiques (67 MW) et les mini-réseaux (5 MW). Ces chiffres indiquent que le solaire constitue une piste sérieuse pour un pays comme le Bénin dont les besoins tournent autour de 300MW. D’ailleurs, plusieurs pays se distinguent par une adoption rapide des solutions solaires C&I, notamment le Sénégal, le Nigéria, le Cameroun, le Kenya, la Tanzanie, l'Ouganda, la RDC, le Maroc, l'Afrique du Sud, etc.

 

Des acteurs qui se positionnent

 

 

De même, de nombreuses entreprises internationales et locales ont réussi à laisser leur empreinte sur l'ensemble du continent, dans ce domaine. Parmi elles, on distingue Candi Solar, fondée en 2017, qui s’est fixée pour objectif de déployer 100 MW de solaire en Afrique du Sud au cours des prochaines années.

 

 

On retrouve aussi Daystar Power, qui est présente sur le marché ouest-africain et qui a ouvert une représentation en Afrique du Sud au mois de juin dernier. L’entreprise a mobilisé 20 millions de dollars auprès de la Société financière internationale (SFI) en 2021 et a déjà installé des systèmes solaires pour une centaine de clients au Nigéria. Elle envisage d’atteindre une capacité installée 400 MW d’ici 2025.

 

Selon les analystes, face à une demande sans cesse croissante, les acteurs du marché solaire C&I devraient renforcer leur présence au cours des prochaines années en Afrique, notamment dans les pays où l'accès à l'électricité est le plus limité.

 

 

Tristan Kochoyan est le fondateur de Power:On, l'un des pionnier sur l’électrification rurale au Bénin depuis 10 ans. Il a récemment lancé kalao, une solution d'énergie solaire C&I en Afrique francophone. D’ailleurs, kalao est le pionnier de la révolution des solutions C&I dans le pays d’Afrique de l’Ouest. D’après son fondateur, les entreprises C&I sont un véritable vecteur d’optimisation de coûts pour les entreprises, car elles permettent de faire baisser drastiquement le coût de l’énergie tout en améliorant la fiabilité des installations électriques. Ces entreprises proposent une palette variée de solutions qui peuvent satisfaire même les consommateurs industriels les plus exigeants.

 

Au Bénin par exemple, la majorité des entreprises opérant sur le territoire dépendent de l’offre de la société publique de distribution d’électricité (SBEE). Le coût de l’électricité, déjà élevé d’après de nombreux acteurs industriels, en encore renchérit en cas d’interruptions de la fourniture du réseau public. En effet, l’alimentation électrique doit alors être assurée par  des groupes électrogènes, ce qui maintient leurs factures dans des proportions relativement élevées.

 

La solution C&I qu’apporte kalao consiste en l’installation d’un système photovoltaïque hybride combinant l’énergie du solaire avec celle du réseau électrique et des groupes. Dans certains cas, des batteries peuvent également être intégrées au système. L’énergie tirée des panneaux solaires permet de réduire d’autant la consommation issue des autres sources, et donc de faire baisser la facture énergétique totale dans des proportions significatives. Le système étant hybride, les clients peuvent continuer à opérer leurs machines et installations sans aucun problème. L’offre de kalao est dédiée aux entreprises dont la facture excède 1 500 dollars, soit 1 millions de FCFA.

 

De plus,l’offre de kalao comprend un financement intégré, les entreprises ne sont donc pas tenues de faire d'importants investissements en capital. La société permet leur permet de bénéficier immédiatement des économies d'énergie tout en remboursant progressivement l'investissement initial grâce aux économies réalisées.

 

De belles perspectives pour les solutions solaires C&I en Afrique

 

Convaincu que les entreprises continueront de chercher des solutions moins onéreuses pour leur consommation d’électricité, le chef d’entreprise se dit confiant sur l’avenir des solutions C&I en Afrique. « Il y a de la place sur le marché africain des solutions C&I, comme en témoignent les investissements affluant de toutes parts ces derniers temps. L'industrie solaire peut facilement apporter une solution durable aux défis d'accès à l'énergie auxquels font face les entreprises africaines, d'autant plus qu'elle propose des technologies matures et éprouvées qui fonctionnent de manière optimale et qui conviennent aux budgets des demandeurs », a-t-il déclaré.

 

 

Preuve du dynamisme des solutions C&I, en décembre dernier, le géant énergétique anglo-britannique Shell, (qui a décidé de s’ouvrir à des solutions plus propres) a annoncé l’acquisition, au Nigéria de Daystar Power, l’un des leaders régionaux des solutions C&I. L’objectif visé par Shell est de « mieux répondre aux besoins des entreprises en Afrique de l’ouest ».

 

 

Côté perspectives, les experts s’accordent à dire que le secteur solaire C&I a de beaux jours devant lui en Afrique, avec le marché nigérian ayant à lui seul un potentiel de 15 milliards de dollars. Pour un pays comme le Bénin pour lequel la demande est relativement moins importante, il s’agit clairement d’une opportunité susceptible d’apporter une réponse efficace aux difficultés liées à la satisfaction des besoins énergétiques des entreprises.

 

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