Assemblée générale devant la gare de Lyon lors des mobilisations Bloquons tout, le 10 septembre 2025, à Paris. Rafaêl Yaghobzadeh (LE MONDE) »
En France, au moins 200 000 personnes ont pris part aux différents blocages et rassemblements, et des centaines d'interpellations ont été recensées mercredi 10 septembre 2025. Ces mobilisations ont été menées sous la bannière « Bloquons tout ». Mais que comprendre de cette mobilisation qui a secoué la France ?
Au-delà du vote de défiance contre Bayrou
Le mouvement "Bloquons tout" a été programmé bien avant que la date du vote de confiance au gouvernement de François Bayrou, sur fond de discussion budgétaire, ne tombe deux jours avant (le 8). Le mouvement tiendrait d'une refonte des "gilets jaunes", à ceci près que les ronds-points auraient cédé la place à des boucles sur les réseaux sociaux. Mais l'ex-Premier ministre va apporter de l'eau au moulin des initiés.
À l'origine
Selon les médias français, il faut remonter au mois de mai 2025 pour voir les premières mentions d'un appel à bloquer la France le 10 septembre sur une chaîne Telegram confidentielle. Un petit collectif associatif du Nord, baptisé « Les Essentiels » et dirigé par Julien Marissiaux, relais le mot d'ordre. C'est ce groupe qui défend les positions souverainistes qui publie les premiers visuels et slogans, sans rencontrer d'écho immédiat.
Mais à la mi-juillet, l'annonce des mesures budgétaires par le Premier ministre François Bayrou va se révéler comme un catalyseur. Le Premier ministre d'alors propose la suppression de deux jours fériés, des coupes dans les services publics, le gel de l'abattement des retraités, les franchises médicales… Ces mesures annoncées déclenchent une vague d'indignation sur les réseaux sociaux. À partir de ce moment, les appels à l’action se multiplient.
Le 24 juillet, le compte TikTok des « Essentiels » publie une vidéo qui cristallise le mot d'ordre : « Le 10 septembre, la France se confine. Pas de travail, pas d'école, pas d'achat. Juste le silence d'un peuple qui reprend son pouvoir. » Le message est repris sur X (ex-Twitter), Facebook, Telegram et d'autres plateformes sous le hashtag #bloquonstout.
Des enjeux politiques
À partir de là, la mobilisation prend une nouvelle dimension et le mot d'ordre échappe à ses initiateurs. Des groupes concurrents vont se former et le mouvement va devenir viral. Sur Telegram, le canal « Indignons-nous » apparaît comme l'un des principaux vecteurs d'organisation, réunissant plusieurs milliers d'abonnés.
Entre fin juillet et mi-août, le mouvement va s'élargir à d'autres sensibilités. Des chiffres issus de l'extrême droite, de l'ultragauche, des collectifs nés pendant la crise du Covid, mais aussi d'anciens Gilets jaunes se saisissent du 10 septembre. Les mots d'ordre varient selon les canaux : appel à la grève générale, boycott économique, occupation de ronds-points, blocages d'entrepôts, mise en place de caisses de grève ou encore relance du RIC (référendum d'initiative citoyenne).
Mettre la pression sur le gouvernement
Le mouvement "Bloquons tout" a misé sur des actions fortes et symboliques pour marquer son opposition à la politique d'Emmanuel Macron. Parmi les méthodes employées, on trouve les grèves sectorielles, les blocages d'infrastructures stratégiques (routes, raffineries, centres logistiques), les manifestations massives dans les grandes villes, ainsi que des rassemblements et occupations de lieux publics.
Cette stratégie vise à créer un effet de pression maximale sur le gouvernement en paralysant l'économie et en perturbant la vie quotidienne des Français. La dimension médiatique est également primordiale pour diffuser le message et rallier le plus grand nombre.
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