Léhady Soglo, ex-maire de Cotonou 

Réaction de Léhady Soglo aux propos de Patrice Talon sur les détenus politiques au Bénin. Lors de la visite de travail de son homologue français, Emmanuel Macron, à Cotonou, le président béninois a été formel : « au Bénin, il n’y a pas de détenus politiques ». Ces propos du chef de l’Etat béninois à l’occasion de la conférence de presse qu’il a animée avec le président Macron n’ont pas laissé indifférent l’ancien maire de Cotonou. Invité sur le plateau de France 24, l’ex-édile de la capitale économique béninoise en exil en France a réagi aux propos du président Talon.

« Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut point entendre », a réagi Léhady Soglo

L'ex-maire de Cotonou croit « que le président Talon est dans le déni ». Léhady Soglo soutient, contrairement au président Talon, qu’il y a des prisonniers politiques au Bénin. L’ancien maire de Cotonou cite notamment l’ex-Garde des Sceaux Reckya Madougou condamnée en décembre 2021 à 20 ans de prison, Professeur Joël Aïvo condamné à 10 ans de prison et le syndicaliste Laurent Mètongnon comme les cas les plus emblématiques.

Evoquant les exilés politiques, l’ex-autorité municipale de Cotonou apprend qu’il en fait partie et attire l’attention sur des cas de personnes entrées en clandestinité. Léhady Soglo pense d’ailleurs que le président Talon ne devrait pas parler ainsi. « Car, justifie l’ex-maire de Cotonou, si son prédécesseur s’était comporté avec lui comme il se comporte aujourd’hui avec les prisonniers politiques, il n’aurait pas pu recevoir monsieur Emmanuel Macron puisqu’il a été lui aussi, à un moment donné de sa vie, en exil ».

Nécessité de décrisper

Léhady Soglo juge que le Bénin vit depuis 2016 un recul démocratique. « Les juristes béninois, les experts régionaux, internationaux s’accordent pour reconnaitre que depuis 2016 nous sommes dans un système qu’on peut qualifier d’autocratique », affirme-t-il. Et pour l’ex-maire de Cotonou, il est absolument « indispensable » que le Bénin sorte de cette situation. Pour ce faire, pense Léhady Soglo, « il faut effectivement continuer le plaidoyer pour faire toucher du doigt à monsieur Patrice Talon l’intérêt de décrisper, de détendre ».

La décrispation, selon l’ex-maire de Cotonou, « ça passe par les libérations des opposants politiques mais ça passe aussi par le retour des exilés ». Car, argumente Léhady Soglo, « c’est dans l’intérêt du Bénin que tous ses filles et fils puissent se retrouver, être rassemblés. Nous avons besoin d’un pays apaisé parce que, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, c’est lorsqu’il y a effectivement des fissures que le lézard peut se faufiler et le lézard aujourd’hui, il est à nos portes. La réalité djihadiste est quotidienne ».