Quatre activités humaines concernées
La déforestation n’a rien de nouveau, et remonte à l’époque où les hommes ont commencé à empiéter sur la forêt pour cultiver leurs champs, agrandir leurs villes, creuser des mines et construire des routes. Toutefois, ce qui s’apparentait à une régulation maîtrisée ces derniers siècles est devenue une destruction massive au vingtième, qui se poursuit aujourd’hui et produit déjà des conséquences ; sur le réchauffement climatique d’un point de vue planétaire, et sur les populations locales, qui sont soient expulsées soit affectées par la dégradation de leurs forêts. Cela dit, ces activités humaines ne sont pas toutes exercées avec la même intensité. Il convient donc de les distinguer en fonction de leur impact sur l’environnement.
La principale cause de déforestation est, et de loin, l’activité agricole, qui représente 73% des surfaces rasées. Viennent ensuite l’expansion urbaine et le développement d’infrastructures, qui représentent toutes deux 10% des espaces déforestés, et enfin l’exploitation des sols (mines, forages) qui en représente 7%. Précisons tout de même que parmi les 73% correspondant aux activités agricoles, 40% sont dus à l’agriculture commerciale (plantations de palmier à huile, de canne à sucre, de soja, et pâturages pour l’élevage intensif), alors que 33% concernent l’agriculture de subsistance, qui fait vivre les populations locales.
Importance du One Forest Summit
Les forêts, puisqu’elles constituent les poumons de la planète (avec les océans), devraient appartenir à l’humanité tout entière, mais elles dépendent malheureusement encore du bon vouloir des pays sur les territoires desquels elles poussent, qui sont parfois incapables ou réticents à limiter leur exploitation. Heureusement, des initiatives internationales commencent à voir le jour pour protéger les forêts tropicales, comme le One Forest Summit, organisé à Libreville, au Gabon, les 1er et 2 mars 2023. Cette rencontre a été l’occasion, pour les Etats concernés et partenaires, de développer leur ambition collective concernant la préservation durable des forêts, et de dégager de grands axes pour orienter la transition écologique des entreprises impliquées dans la déforestation.
La plupart des entreprises concernées se sont d’ailleurs déjà engagées dans des plans d’action plus ou moins précis pour réduire leur empreinte carbone. Le géant malaisien Sime Darby, premier producteur d’huile de palme coté au monde, s’est par exemple engagé à réduire ses émissions de 50% d’ici à 2030, et à stopper toute déforestation à compter de 2025… ce qui lui laisse encore le temps de raser plusieurs milliers d’hectares. Et pour éviter de déforester tout en continuant de s’étendre, Sime Darby a trouvé la solution, et se contente de déplacer le problème, en rachetant les plantations de ses concurrents.
Mais d’autres entreprises leaders de leur secteur, comme le géant minier CMOC par exemple, ont adopté des plans d’action plus ambitieux. En effet, bien que l’activité minière ait un impact moindre en termes de déforestation, elle affecte tout de même l’écosystème et peut contribuer à la dégradation des forêts alentour. Pour atteindre la neutralité carbone et préserver l’environnement, la CMOC a donc établi un plan reposant sur quatre domaines clés ; l'efficacité énergétique, l'électrification des machines, le recours aux énergies renouvelables, et le captage et le stockage du carbone ; que l’entreprise mettra en œuvre en trois temps. A court terme (avant 2030), elle instaurera progressivement des mesures d'efficacité énergétique pour réduire l'intensité de ses émissions (par unité de minerai traité) de 15 % et atteindre le pic d'ici à 2030. A moyen terme (2030-2040), l’entreprise déploiera de vastes mesures d'efficacité énergétique, d'électrification et d'énergie renouvelable pour réduire l'intensité de ses émissions de 60 % d'ici à 2040 par rapport au pic de 2030. Et à long terme (2041-2050), la CMOC continuera d’intensifier ces processus, pour réduire ses émissions de 67 % d'ici 2045 par rapport au pic de 2030, et atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
Responsabilité de tous
Mais au-delà des efforts plus ou moins consentis par les Etats et les entreprises, c’est aux populations de prendre conscience de leur responsabilité concernant la destruction des forêts. Des campagnes d’information doivent donc être menées pour sensibiliser les individus aux ravages de la déforestation, et aux conséquences désastreuses qu’elle a sur les populations locales, et pourrait aussi avoir sur eux-mêmes, si ce n’est déjà le cas. En effet, les forêts sont de vrais pièges à carbone, et leur destruction a un impact direct sur le réchauffement climatique, lui-même à l’origine de nombreuses catastrophes partout sur la surface du globe.
Cela dit, s’en prendre simplement à la déforestation dans son ensemble ne présente pas grand intérêt, et il convient d’en distinguer les causes, en les classant selon leur importance et leur intérêt pour la population. Ainsi, il apparait que l’agriculture commerciale, la plus importante cause de déforestation, est également celle qui présente le moins d’intérêt. En effet, alors que le « bien manger » est devenu l’une des préoccupations majeures de nos sociétés, il paraît aberrant de raser des forêts pour produire de l’huile de palme mauvaise pour la santé, ou faire de l’élevage intensif. L’expansion urbaine et le développement d’infrastructures en revanche, moins importantes en termes de déforestation, présentent un intérêt certain pour les populations souhaitant se loger ou se déplacer. Et il en va de même pour l’exploitation minière. Ne représentant que 7% de la déforestation totale, cette dernière en est peut-être la cause la plus légitime. Car c’est de ces mines que proviennent les métaux nécessaires à la conception des batteries et autres composants électroniques essentiels à la fabrication d’objets technologiques nécessaires dans la lutte contre le changement climatique.
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