Patrice Talon, président du Bénin (image d'archives )
Devant les journalistes, Patrice Talon a ouvertement reconnu avoir commis une erreur en 2019 en étendant la limitation du mandat aux élus législatifs. La révision de la constitution de 2019 disposait que le député est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable deux fois.
Une décision prise, selon lui, par mimétisme avec le régime applicable au président de la République, mais qui ne tient pas compte des différences fondamentales entre les fonctions exécutives et parlementaires. « Le fait de limiter le nombre de mandats pour des élus qui ne sont pas dans l’exécutif (…) c’est peut-être une erreur pour deux raisons », a-t-il affirmé, rappelant que le Bénin évolue dans un régime présidentiel où « l’action publique est exercée par le président de la République ».
Des exigences différentes entre exécutif et législatif
Le président Patrice Talon a insisté sur la distinction entre les charges pesant sur le chef de l’État et celles qui incombent aux députés. « Tout ce que je viens de dire, le bilan, le temps d’action, l’efficacité dans le rôle (…) c’est requis pour le président de la République, mais ce n’est pas requis pour un député », a-t-il martelé. Pour le président, la limitation des mandats présidentiels se justifie par l’intensité de l’action exécutive : « Il ne faut pas qu’un homme s’éternise au pouvoir ».
À l’inverse, il estime que l’expérience est un atout majeur dans l’action parlementaire. « Le député le plus efficace (…) c’est le député qui a de l’expérience », observe-t-il, évoquant des élus « plus pertinents dans les analyses, dans les suggestions, dans les propositions » lorsqu’ils ont capitalisé plusieurs mandats. Selon lui, la réforme a eu pour effet de « priver le pays de ce que les gens ont pu capitaliser comme expérience politique », une ressource essentielle au travail législatif.
Une réforme source de démotivation politique
La seconde erreur reconnue concerne l’impact de la limitation sur l’engagement politique. « Celui qui ne peut plus être un élu, il est démotivé. Il n’est plus engagé. Il n’est plus actif », constate Patrice Talon. Il souligne une fragilisation de l’animation de la vie politique et de l’appartenance partisane.
Il plaide pour un renouvellement fondé sur le mérite plutôt que sur un principe automatique. « Ce n’est pas en toute chose dans la vie que le renouvellement systématique est bien fait », a-t-il illustré, comparant la politique à la médecine où l’expérience demeure un gage de qualité.
Réaffirmant son attachement à la responsabilité politique, Patrice Talon conclut sur la nécessité d’assumer les choix passés : « On a fait une erreur et j’estime que celui qui est bien né doit pouvoir corriger ses erreurs sans qu’on le lui répète deux fois. » C'est pourquoi dans constitution révisée le 14 novembre dernier et promulguée ce mercredi 17 décembre, les mandats des députés et des élus communaux ne sont pas limités.
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