Plus aucune goutte de pétrole ne coule du Niger vers le Bénin. C’est en tout cas ce qu’il ressort d’une mission effectuée les 11 et 12 juin 2024 par le ministre nigérien en charge du pétrole sur le champ pétrolier d’Agadem dans la région de Diffa. La mission, selon un compte-rendu de la télévision nationale nigérienne, a permis au ministre Mahaman Moustapha Barké d’aller constater l’effectivité de la fermeture des vannes de l’exportation du pétrole via le Bénin.
La fermeture des vannes du brut nigérien destiné à l’exportation a été ordonnée par les militaires au pouvoir à Niamey depuis le 26 juillet 2023. Le général Abdourahame Tiani, chef de la junte au pouvoir, a ordonné la fermeture des vannes du pétrole destiné à l’exportation suite à l’interpellation de cinq Nigériens au Bénin. Les personnes interpelées l’ont été après s’être introduites, selon le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), frauduleusement sur le terminal du pipeline Bénin-Niger à Sèmè-Podji.
Le parquet spécial près la CRIET a inculpé, jeudi 13 juin 2024, trois des cinq ressortissants nigériens interpellés sur le site de l’oléoduc à Sèmè-Podji. Les deux autres ont remis en liberté. Depuis leur interpellation, Niamey dénonce un enlèvement assurant que les personnes interpellées sont ses représentants.
Chaine et cadenas autour des vannes
Lors de sa mission sur le champ pétrolier d’Agadem, le ministre nigérien du pétrole s’est rendu sur plusieurs sites. A la station de Mélék, le ministre nigérien du pétrole a constaté, selon le compte-rendu de la télévision nationale, que les vannes ont été bel et bien fermées depuis le 6 juin 2024 à 22 heures. Le ministre a fait poser des chaine et cadenas autour des vannes puis a confié les clés au chef de la sécurité du site.
Sur le site de Koulélé, le ministre du pétrole a, lors d’une réunion avec les responsables de Wapco, la société chinoise qui exploite le pétrole, exigé la fermeture totale de toutes les vannes. Là aussi, des chaines et scellés ont été posés autour des vannes et les clés confiées au responsable de la sécurité du site.
Le ministre nigérien du pétrole a expliqué, sur le site Koulélé, le motif de la décision des autorités nigériennes. A en croire le ministre du pétrole, Niamey a décidé de fermer les vannes pour éviter que son pétrole soit « volé ». « Nous ne sommes pas présents là où on le (pétrole, ndlr) charge, c’est ça voler. Ne pas être présent là où on le compte, c’est ça voler », a clarifié Mahaman Moustapha Barké. Et pour le ministre, cela est inadmissible. « Nous ne pouvons pas admettre ça quel que soit le prix », a-t-il fait savoir.
Le Bénin n'est pas opposé à la présence de Nigériens au chargement
Le ministre nigérien du pétrole a assuré que la décision de la fermeture des vannes n’a pas été prise à la légère. « Quel que soit ce que ça va nous coûter, nous sommes prêts à assumer. (…) Il ne s’agit pas de penser aux intérêts immédiats. Si ce pétrole, nous, nous n’en profitons pas, nos enfants, nos petits-enfants en profiteront. Au moins, ils vont en profiter », a-t-il laissé entendre.
A en croire le ministre nigérien du pétrole, il y a une bien une condition pour la réouverture des vannes et la poursuite de l’exportation du brut via l’oléoduc entre le Bénin et le Niger. Il s’agit de la présence du Niger sur la station terminale du pipeline à Sèmè-Podji, aux dires du ministre nigérien du pétrole.
« Aussi longtemps que ça durera, aussi longtemps que le Bénin et la société Wapco ne se seront pas entendus pour que le Niger puisse assister au chargement, puisse contrôler ce qu’on charge, nous n’accepterons plus d’ouvrir ces vannes », a-t-il fait savoir avant de mettre en garde contre toute violation de la décision de Niamey.
Le Bénin, faut-il le rappeler, ne s'est jamais opposé à la présence de représetants de l'Etat nigérien au terminal pétrolier de Sèmè-Podji. Les autorités béninoises ont été les premiers à exiger que toutes les conditions soient remplies avant l'embarquement à l'exportation du brut nigérien. Seulement, Cotonou exige que les différentes questions soient traitées suivant le formalisme habituel dans les relations entre Etats, et non de façon ''informelle'' par l'entremise de tiers. Et c'est parce que toutes les conditions n'étaient pas remplies que le Bénin avait mis un blocus sur le chargement du premier navire chinois depuis le terminal de Sèmè. L'interdiction a, par la suite, été levée de façon "ponctuelle" et "provisoire'', permettant l'embarquement du premier navire suite à une demande formelle des douanes nigériennes à l'endroit des autorités béninoises, confiait courant mai le ministre béninois du pétrole.
2 commentaires
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Sagbo
il y a 3 moisGbetoho Prudence
il y a 3 moisSerge.
il y a 3 mois