Wilfried Léandre Houngbedji, porte-parole du gouvernement du Bénin
Le Bénin enregistre de plus en plus de morts parmi ses soldats lors des attaques terroristes au nord du pays. Il a perdu 54 de ses fils à la suite de deux attaques simultanées contre des positions de l’armée dans la zone du point triple, le jeudi 17 avril 2025, selon le gouvernement. Face à cette situation, beaucoup estiment, de bonne foi, que le gouvernement a manqué d'empathie, n’ayant ni décrété de deuil national, ni mis les drapeaux en berne.
Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbédji, a expliqué, lors d’une intervention à la télévision nationale le mercredi 30 avril 2025, pourquoi le gouvernement ne réagit pas ainsi. Il souligne que le Bénin fait face à une guerre asymétrique. Le porte-parole fait remarquer que le pays peut subir « des attaques tous les jours, toutes les semaines, avec des dégâts, même si nous mettons les moyens qu’il faut ».
Pour le gouvernement, « toutes les vies se valent ». « Si nous entreprenons de mettre le drapeau en berne, nous devrions le faire chaque fois qu’un de nos enfants tomberait. Si cela arrivait 10 fois, 50 fois… dans l’année, faudrait-il décréter 50 fois un deuil national ? »
Wilfried Houngbédji estime que, ce faisant, on jouerait le jeu de l’ennemi. Il cite l’exemple des pays voisins confrontés au terrorisme, qui, après avoir commencé à mettre les drapeaux en berne, à décréter des deuils nationaux et à exposer les cercueils pour rendre hommage aux soldats tombés, ont cessé de le faire. Selon lui, ces pays ont compris que cela a un effet contre-productif, entretient une certaine psychose et galvanise l’ennemi. Ainsi, le Bénin a décidé, tout en respectant la mémoire de ses soldats, de rester digne et de ne pas alarmer la population.
Concernant le temps nécessaire pour établir le bilan des attaques, le porte-parole explique que celles-ci ne se produisent pas dans des espaces ouverts. Elles ont généralement lieu dans la brousse. L’armée prend le temps de récupérer « les corps de ses frères d’armes, de ratisser pour voir s’il y a des survivants ». Lorsqu’une attaque survient, même par surprise, « il y a des soldats qui réussissent à se mettre hors de danger ».
Certains peuvent se cacher, se terrer, observer, et riposter si possible. Certains sont peut-être morts sur le coup, d’autres blessés. L’assaillant peut annoncer un bilan élevé, mais l’armée, en se rendant sur place, constate la réalité, dénombre les morts, les disparus, et au fil des heures, certains soldats initialement portés disparus peuvent revenir.
L’armée prend donc le temps de faire ce travail. Pour l’attaque du 17 avril, Wilfried Houngbédji indique que l’armée a d’abord dénombré huit morts en arrivant sur les lieux, avant que le bilan ne soit réévalué à 54 morts. Il rappelle que le gouvernement n’est pas sur le terrain et attend l’évaluation fournie par l’armée pour pouvoir se prononcer.
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