Faut-il encadrer légalement la durée des fiançailles pour prévenir les abus émotionnels ? Le sujet fait objet de débat sur Facebook à l’initiative du député, Armand Gansè. Le mardi 23 juin 2025 en soirée, l’élu de la 23è circonscription électorale, s’est adressé directement aux internautes.
« Chers internautes béninois, et si une proposition de loi, portée par votre humble serviteur, venait enfin obliger les hommes à honorer leurs fiançailles après de longues années d’attente ? Combien de femmes restent engagées dans des relations sans avenir, nourries d’espoirs qui ne se concrétisent jamais ? Il est peut-être temps de réfléchir à des mesures concrètes pour protéger celles qui investissent temps, amour et énergie dans des promesses non tenues. », a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Cette initiative, explique le député, entend répondre à une réalité sociale : la précarité émotionnelle de nombreuses femmes, parfois engagées pendant des années dans des relations sans perspective de mariage.
Une loi pour protéger les femmes
De nombreux internautes saluent le courage du député et soutiennent l’idée d’une loi pour encadrer la durée des fiançailles. « Cette loi sera la bienvenue Honorable. Les cœurs des femmes sont emprisonnés, phagocytés voire malmenés par les hommes inconscients et inconstants. Bravo à vous ! », écrit Gislaine Nadjo. Pour Verdugo Wékoun, il s’agit d’une question de dignité. « Je vous apporte mon soutien à 10000%. La femme mérite d'être rassurée. »
Folake Fola estime que cette mesure « va sûrement décourager ces hommes irresponsables qui font rêver les femmes juste pour assoupir à leurs désirs ». Certains, comme Eric Deguenon, proposent même d’étendre la réflexion à la protection des hommes. « C'est une bonne idée mais pensez aussi aux hommes qui donnent temps, corps et âme dans une relation mais qui se font finalement tromper par ses mêmes femmes », écrit-il.
Ce camp voit dans la proposition du député, si elle s'avérait, une avancée pour la justice sociale et l’égalité dans les relations amoureuses.
Une initiative inadaptée
À l’inverse, d’autres voix s’élèvent contre l’idée d’une législation sur la durée des fiançailles. Léopold Changodélé ironise : « Y'a plus sérieux que ça dans le pays honorable. La loi sur l'embauche votée, il faut vraiment réfléchir sur ça pour voir le mal qu'on inflige à cette jeunesse avec de telles lois. Obliger les hommes à honorer leurs fiançailles !! Ça fait rire à la limite cette réflexion. »
De son côté, l'activiste Kimber McDonald rappelle que « le mariage est un acte libre », et qu’il serait plus pertinent d’« aider les femmes à être autonome » plutôt que de légiférer sur les sentiments. D’autres, comme Modeste Akadjame, pointent les limites juridiques et sociales d’une telle loi. « Les fiançailles, par nature, sont une promesse d’intention, non un contrat exécutoire. Les sentiments évoluent, les compatibilités se révèlent avec le temps. Forcer un homme à honorer ses fiançailles reviendrait à nier la liberté émotionnelle, ce qui pourrait engendrer des mariages non désirés, donc plus de divorces et de drames familiaux », pense-il.
Lovissoukpo Sènakpon met en garde contre le risque de mariages forcés. « Légaliser la durée des fiançailles risque d’ouvrir la porte à des mariages forcés, fondés non plus sur l’amour, mais sur la contrainte. Les fiançailles sont un engagement moral, non juridique », prévient-il.
Un débat révélateur de priorités sociétales
Au-delà de la question des fiançailles, le débat lancé par Armand Gansè met en lumière les priorités de la société béninoise. Wilfrid Ogoussinya, tout en saluant l’initiative du député, estime que « d’autres urgences sociales mériteraient davantage notre attention législative », notamment la lutte contre le chômage des jeunes et la promotion de l’entrepreneuriat.
Marius Octave Djissonon trouve plutôt qu’il faut encadrer le prix de la dot. « On veut une loi qui fixe le prix de la dot dans tout le Bénin quel que soit la famille de provenance de la femme. Ce que vivent les jeunes entre les mains de certaines familles ou de certaines belles-mères, Mr le député n'est pas amusant », recommande cet internaute.
Si certains voient dans l’encadrement légal des fiançailles une protection nécessaire, d’autres y perçoivent une atteinte à la liberté individuelle et à la nature même de l’engagement amoureux. Le débat, loin d’être clos, interroge sur la place du droit dans la sphère intime et sur les moyens les plus efficaces de protéger les personnes vulnérables, sans pour autant légiférer l’amour.
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ALLAGBE Casimir E.
il y a 4 mois