Réinventer la manière dont l’Afrique se raconte au monde. C’est ce que veut faire le programme dénommé « Kessa ». Lancé, mercredi 10 décembre 2025 à Rabat au Maroc, Kessa s’impose comme l’un des programmes les plus ambitieux consacrés au renouveau narratif africain. Imaginée par la Story School, l’école de communication de l’Université Mohammed VI Polytechnique, en partenariat avec la French-African Foundation, cette initiative se veut un incubateur d’imaginaires et de nouveaux langages culturels. Selon le communiqué annonçant l’initiative, elle vise à sélectionner 30 talents issus du continent pour une résidence immersive prévue en mars 2026, au campus de Rabat.
L’objectif est clair : repenser les modes de narration qui façonnent la perception de l’Afrique. Pensé comme un laboratoire créatif ouvert aux journalistes, cinéastes, artistes, créateurs numériques, scientifiques ou entrepreneurs culturels, Kessa se positionne comme un espace où « s’inventent les futurs narratifs africains ».
Selon le communiqué, le choix du nom n’est pas anodin : kessa, qui signifie « histoire » en arabe et dans plusieurs dialectes africains, symbolise l’urgence de remettre les voix africaines au centre de la fabrique du récit. Le texte insiste sur cette ambition : « Raconter l’Afrique, c’est transformer des perceptions, façonner des futurs, reprogrammer l’imaginaire. »
La première édition du programme s’adresse aux professionnels âgés de 25 à 40 ans, justifiant d’au moins cinq années d’expérience dans des disciplines variées : cinéma, narration numérique, littérature, danse, design, muséologie, photographie, innovation sociale ou encore cultures urbaines. Ce large éventail illustre la diversité des formes de narration aujourd’hui en plein essor sur le continent, portée par des créateurs désireux de développer des langages nouveaux et de contribuer à la dynamique des industries culturelles et créatives africaines.
Pour Meriem Idrissi Kaitouni, directrice de la Story School, Kessa répond à un impératif culturel majeur. « Pour changer les représentations et porter les voix africaines, il faut raconter l’Afrique autrement, dans toute sa diversité et sa créativité », a-t-elle indiqué. Elle ajoute que l’école entend « offrir aux 30 lauréats de KESSA une formation d’excellence pour les aider à amplifier leur voix ». Elle souligne ainsi la volonté de soutenir des talents déjà engagés dans la transformation des référentiels culturels.
Cette vision est pleinement partagée par la French-African Foundation. Sa directrice générale, Nachouat Meghouar, en rappelle l’enjeu central : « Nous accompagnons celles et ceux qui renouvellent les récits africains. Nous croyons que leur travail est essentiel pour construire une représentation contemporaine, réaliste, ambitieuse et positive du continent. »
La résidence, qui se déroulera du 23 au 28 mars 2026, constituera le cœur du dispositif. Les 30 lauréats y participeront à des masterclasses animées par des experts africains et internationaux, à des ateliers pratiques dédiés à l’écriture, à l’image, au son ou à la performance, ainsi qu’à des sessions collaboratives favorisant l’échange entre disciplines. Ils bénéficieront aussi d’un accompagnement à la création d’une œuvre originale et seront intégrés à un réseau panafricain structuré.
Pour amplifier l’impact du programme, une vaste campagne de valorisation des profils et des travaux des lauréats sera menée dans les médias, le digital et à travers des partenariats institutionnels. Les candidatures restent ouvertes jusqu’au 10 janvier 2026 sur la plateforme www.kessa.africa.
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