Des activistes de la contraception et de la planification familiale au Bénin
13,2%, c'est le taux de prévalence contraceptive au Bénin en 2020. C'est du moins ce que révèle le dernier rapport final publié par le partenariat FamilyPlanning2020 (FP2020) en janvier 2021.
Alors que les résultats de la cinquième Enquête démographique et de santé au Bénin (EDS 5) publiés en 2018 par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (INSAE) de novembre 2017 à février 2018 révèlent que le taux de prévalence contraceptive est de 12% en 2018, le taux de prévalence contraceptive enregistré en 2020 traduit une lente progression qui s'explique diversement.
Opposition des conjoints, rumeurs et autres constituent des freins pour beaucoup de femmes dans le besoin.
"Si les femmes le font, elles n'ont plus peur de te tromper avec d'autres hommes c'est pourquoi j'ai interdit ça chez moi",
se justifie Rodrigue, chef de famille résident à Dassa-Zoumé.
Pour dame Amina revendeuse au marché Tchakitibam de Parakou, les rumeurs et la tradition seraient les vrais motifs de sa réticence. "J'entends dire que si tu fais le planning, tu peux ne pas avoir d'enfant le moment venu et là, tu auras de problème avec ta belle famille" s'est-elle inquiétée.
Le Planning Familial, plus qu'indispensable
Défini comme l'ensemble des techniques mise à la disposition d'un couple pour avoir le nombre d'enfants voulu au moment voulu, la planification familiale (PF) au-delà de son rôle de réducteur du taux de mortalité infantile, constitue un facteur de développement de la société. Selon Adjara Adam IMOROU, sage-femme et responsable à l'antenne Parakou de l'Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF), les enfants sont les premiers bénéficiaires de la PF.
"Le planning familial permet à la femme de bien s'occuper de son enfant, de bien l'allaiter et de s'occuper correctement du calendrier vaccinal",
a-t-elle expliqué. Mieux, Elle permet à la femme de contribuer à la production de richesse.
"La femme peut mieux vaquer à ses occupations et elle fait des économies. Avec ses économies, elle peut aider et cela est bénéfique non seulement pour la famille mais aussi et également pour la société" a-t-elle ajouté.
L’adoption de méthode contraceptive dans des pays en voie de développement permet aux familles d’assurer la scolarité des enfants. ’’Je suis malchanceuse et dès que je couche avec un homme, je tombe enceinte. Actuellement j'ai 4 enfants, et ça devenait problème avec mon époux et moi. C'était difficile de payer leurs scolarités. Mais depuis que je me suis fait placer l’implant, je ne suis plus tombée enceinte et mon dernier garçon commence l’école cette année’’ a témoigné une utilisatrice des méthodes contraceptives requérant l’anonymat.
Les efforts des gouvernements
Dans son plan sanitaire national en 2010, le Bénin a préconisé la planification familiale avec pour objectif ‘’l’accroissement de la pratique contraceptive moderne parmi les femmes de 15 à 49 ans et entend la faire passer de 9% en 2013 à 20% en 2018’’. Dans la même dynamique, en 2010, cinq millions quarante-deux mille FCFA ( 5 042 000 FCFA) ont été dédiés à la planification familiale selon les informations inscrites dans le document de la stratégie nationale de repositionnement de la planification familiale couvrant la période de 2011 à 2015 et qui s’inscrit dans le plan national de développement de la santé (PNDS) 2009 – 2018.
Pour l’atteintes des objectifs et mettre le planning familial gratuitement à la disposition de toutes les femmes dans le besoin au Bénin, les services de santé sont offerts à travers un système sanitaire qui intègre les structures publiques et les structures privées. "le Bénin a un arrêté en cours de signature qui permettra l'accès libre au PF sur toute l'étendue du territoire." confirme Sandrine GBAGO, clinicienne au centre jeune Amour et Vie (CJAV) de l'université de Parakou.
S'il est vrai que 35,5% de demande reste insatisfait en matière de contraception au Bénin, "comparativement aux dix dernières années, les choses s'améliorent ", informe la responsable de l'ABPF Parakou. Une information que confirme la clinicienne du Centre Jeune Amour et Vie: "les vraies informations sur le planning familial prennent le dessus, ce qui favorise son utilisation." se réjouit-elle.
Publié en janvier 2021, le rapport final du FP2020 indique également que l'augmentation de la gamme de méthode contraceptive disponible a permis une augmentation considérable de l'usage Moderne de contraceptif (MPC) chez toutes les femmes passant de 7,5% en 2012 à 13,2% en 2020.
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