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Me Paul Kato Atita : ces grosses affaires politico-judiciaires défendues par le défunt avocat béninois

Me Paul Kato Atita : ces grosses affaires politico-judiciaires défendues par le défunt avocat béninois

Me Paul Kato Atita, décédé vendredi 10 octobre 2025, était une figure respectée et controversée du barreau béninois, reconnu pour sa défense tenace dans des affaires complexes et politiquement sensibles. Parmi les dossiers qu’il a plaidés, quatre restent particulièrement dans les mémoires.

Me Paul Kato Atita, décédé vendredi 10 octobre 2025, était une figure respectée et controversée du barreau béninois, reconnu pour sa défense tenace dans des affaires complexes et politiquement sensibles. Parmi les dossiers qu’il a plaidés, quatre restent particulièrement dans les mémoires.

Paul Kato Atita

Paul Kato Atita

Le Barreau du Bénin est en deuil. Vendredi 10 octobre 2025, Me Paul Kato Atita s’est éteint, emportant avec lui une riche carrière jalonnée de combats juridiques retentissants. Figure emblématique et parfois controversée de la scène judiciaire béninoise, il s’était imposé comme un ténor du barreau, reconnu pour sa rigueur intellectuelle, son éloquence redoutable et son engagement sans faille dans la défense des droits.

 

Tout au long de sa carrière, il a été au cœur de plusieurs affaires complexes, parfois à la croisée du droit et de la politique. Parmi celles-ci, quatre dossiers majeurs demeurent gravés dans les mémoires.

 

Tentative de coup d’État contre Patrice Talon : un procès à forts enjeux politiques

 

Sans doute l’affaire la plus médiatisée de ces dernières années. En septembre 2024, une vaste opération judiciaire est lancée à la suite d'une tentative présumée de coup d’État. Plusieurs personnalités politiques de premier plan, dont l’ancien ministre Oswald Homéky et l’homme d’affaires influent Olivier Boko, sont arrêtées et poursuivies pour complot contre l’État.

 

Me Paul Kato Atita, aux côtés d'autres avocats, prend la défense de ces figures accusées. Très vite, il devient l’un des visages de la contestation juridique dans cette affaire. Dans un climat tendu entre l’appareil judiciaire et les défenseurs des droits humains, il dénonce de nombreuses irrégularités dans la procédure : arrestations arbitraires, violation des droits de la défense.

 

Par ses interventions, Me Kato Atita parvient à faire suspendre temporairement le procès, obligeant la justice à réexaminer certains aspects du dossier. Au terme d’un procès sans avocat, ces clients vont être condamnés à 20 ans d’emprisonnements et à de fortes amendes.

 

Violences électorales de 2019

 

Les élections législatives de 2019 ont donné lieu à des violences post-électorales, notamment les 1er et 2 mai, principalement dans le quartier de Cadjèhoun, non loin du domicile de l’ancien président de la République, Boni Yayi. Une procédure judiciaire sera alors ouverte contre plusieurs personnes dont l'ex-chef de l'Etat. Selon Mario Métonou, procureur de la République près le tribunal de Cotonou à l’époque, Boni Yayi ne serait pas totalement étranger aux violences survenues à Cotonou durant cette période.

 

Boni Yayi verra sa résidence encerclée par les forces de l’ordre. un conteneur a même été placé devant sa porte pour l’empêcher de sortir. Parmi ses avocats figurait Me Paul Kato Atita, qui s’était vivement opposé à la volonté de la justice d’auditionner l’ancien chef de l’État. Selon lui, il était injuste de convoquer Boni Yayi dans ce qu’il qualifiait de « situation politico-judiciaire ». Finalement, la procédure sera abandonnée après le vote d'une loi d'amnistie consécutive à un diologue politique. 

 

L’affaire Cajaf Comon SA : une plaidoirie en défense de l’État

 

Moins médiatisé, mais tout aussi technique, le dossier Cajaf Comon SA opposait en 2013 cette société privée à l’administration fiscale béninoise. L’entreprise avait introduit un recours pour abus de pouvoir devant la Cour suprême, reprochant à la Direction générale des impôts et des domaines (DGID) de ne pas avoir respecté le délai légal dans le traitement d’une demande de remboursement de TVA.

 

Représentant les intérêts de l’État dans cette affaire, Me Kato Atita a défendu une position rigoureuse : selon lui, la demande de Comon SA était forclose, c’est-à-dire juridiquement irrecevable car déposée hors délai, en dépit du bien-fondé du fond de la requête. Il a minutieusement souligné les multiples irrégularités procédurales relevées dans le dossier, réussissant à démontrer que la forme primait dans ce cas sur le fond.

 

Le scandale de la CEN-SAD

 

Le troisième dossier marquant dans la carrière de feu Me Kato Atita est celui de la CEN-SAD, du nom de la Communauté des États sahélo-sahariens. En août 2010, à la suite du 10e sommet de cette organisation tenu à Cotonou, un vaste scandale financier éclate. Des irrégularités majeures sont mises au jour dans la gestion des fonds alloués aux préparatifs du sommet, pour un montant estimé à 4,6 milliards de francs CFA.

 

L’enquête parlementaire révèle des dysfonctionnements dans la passation des marchés publics et l’exécution des travaux. Pas moins de six ministères sont impliqués, ainsi que plusieurs entreprises ayant bénéficié de contrats dans des conditions opaques.

 

Dans cette affaire aux multiples ramifications, Me Paul Kato Atita prend la défense de certaines entreprises mises en cause, exposées à une opinion publique outrée et à une pression politique intense. Il plaide dans un climat délétère, défendant le principe de la présomption d'innocence et appelant à une lecture impartiale des faits.

 

 

 

 

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