Hermyone Adjovi, présidente de l'ONG Mata Yara remettant un kit de serviettes hygiéniques lavables à une bénéficiaire ce mardi 11 octobre 2022

Une tournée nationale pour la lutte contre la précarité menstruelle en milieu scolaire. L’Organisation non gouvernementale (ONG) Mata Yara  (Femmes-Enfants en langue Hausa) a lancé sa tournée nationale dans le cadre du projet DigniFemme 2022-2023 et a procédé à la signature d’un accord de subvention avec Wallonie Bruxelles International. « La tournée nationale s’inscrit dans la dynamique de faire bénéficier de nos actions à 6000 jeunes filles béninoises en milieu scolaire », a fait savoir la présidente de l'ONG, Hermyone Adjovi. Au total, il est envisagé la districbution de 30.000 serviettes, soit un kit de 5 serviettes pour chacune des 6000 filles. Un objectif audacieux que compte atteindre cette organisation grâce aux ONG, entreprises, professionnels particuliers et autres. Il suffit d’offrir 5500 FCFA pour permettre à une fille dans un village de recevoir un kit composé de cinq serviettes hygiéniques et de cinq pains de savon. Au cours de la tournée, des sensibilisations seront faites sur l’hygiène menstruelle.  

Solution durable aux filles  

Selon la présidente, « une fille sur 10 en Afrique subsaharienne et 15% de filles au Bénin s'abstiennent des cours durant leur menstruation ». Elles manquent ainsi 20% du programme scolaire. Les répercutions se ressentent aussi bien sur les résultats scolaires que sur la façon dont elles considèrent leur corps et sur l’image que le garçon se construit du corps de la femme.

La raison d’être du projet DigniFemme est d’« apporter une solution durable à ces problèmes tout en respectant  l’environnement ». Il s’agit aussi d’« autonomiser les filles en milieu scolaire à travers les vulgarisations de bonnes informations et pratiques en matière de menstruation et d’hygiène menstruelle, de distribuer des serviettes hygiéniques lavables et réutilisables aux filles».

Hermyone Adjovi a indiqué que « de 2021 à ce jour, ces serviettes ont été déjà offertes à près de 500 filles au Bénin ». « Ce projet débuté en 2019 a abouti en 2020 à l’inauguration d’un atelier de couture où nous produisons des serviettes hygiéniques lavables et réutilisables où des filles scolarisées et des filles mères sont embauchées pour faire le travail et rémunérées », a informé Hermiyone Adjovi.

L’ONG Mata Yara parvient à supporter ces charges grâce à l'appui d’institutions telles que les associations françaises Song Taaba, NSF, Jeune Human, des partenaires comme Wallonie-Bruxelles international sans oublier la contribution des personnes physiques. 

La présidente a invité le gouvernement a prêté une attention particulière à la question de la précarité menstruelle dans l’élaboration et la mise à jour des politiques sectorielles.

Des soutiens à l’initiative

Guy le Maître, représentant des associations françaises Song Taaba et NSF (Nièvre sans frontière) a indiqué que les deux structures sont prêtes à prendre connaissance des besoins de l’ONG Mata Yara, de les examiner et de voir comment y apporter une contribution.

La secrétaire exécutive de l’Institut nationale de la femme, Huguette Bokpè Gnancadja a salué le projet qui, selon elle, « va valablement contribuer au maintien des filles à l’école ». Elle a trouvé « pratique, esthétique la serviette hygiénique lavable et réutilisable ». Elle a assuré à l’organisation, du soutien de l’Institut pour tout ce qui peut contribuer à aider les filles à l’école et à leur faciliter la tâche, à préserver leur estime de soi ».    

David Guakère, responsable du bureau Wallonie Bruxelles au Bénin a révélé qu’il a regardé avec beaucoup d’intérêt l’initiative de production de serviettes hygiéniques. Il a souligné que même si leur première contribution a été une toute petite subvention, elle leur permet de s’intéresser à l’action de Mata Yara avec la perspective de mobiliser leurs moyens par une voie directe ou indirecte.