Cérémonie d’hommage au professeur Albert Bienvenu Akoha. C’est de son vivant que l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) lui a reconnu, vendredi 19 décembre 2025, sa valeur et l’empreinte qu’il a laissée.

La cérémonie d’hommage a débuté par le port de la toge universitaire, suivi de plusieurs allocutions et témoignages. Doyen de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communication (FLLAC), le professeur Julien Koffi Gbaguidi a laissé de côté son discours pour laisser parler son cœur. Il a présenté le professeur Akoha comme son « père spirituel », son « père social » et son « grand-père scientifique ».

« Grand-père scientifique », parce que le professeur Albert Bienvenu Akoha a contribué à la formation des figures majeures telles que les professeurs Flavien Gbéto ou encore Maxime Da-Cruz, qui à leur tour ont encadré le professeur Julien Koffi Gbaguidi.

Dans cette arène scientifique, a-t-il confié, « quand le professeur de vos professeurs vous accorde un petit espace de sociabilité, il faut savoir laver les mains pour mieux manger avec lui ». Une métaphore qui résume la posture d’humilité et d’apprentissage que le maître a su transmettre.

Une pédagogie enracinée dans la culture

Au-delà des titres et des fonctions, l’héritage du professeur Akoha se lit aussi dans sa méthode. Le doyen de la FLLAC a lancé un appel aux jeunes linguistes et aux étudiants à « théoriser sur la méthode du professeur Akoha », citant notamment le cours de langue et littérature en langue locale “Fon”. Un cours, explique-t-il, « où tout s’apprend en dansant, en chantant, en écrivant, en lisant et en s’interrogeant sur la profondeur de la culture que nous portons ».

D’autres témoignages ont mis en lumière la personnalité et le parcours du professeur honoré. Son ami de longue date, le professeur Bienvenu Koudo, a décrit « un homme pétri de talent » et « un homme de foi et d’engagement » qu’il côtoie depuis 1966. Il a salué aussi un expert de la langue Fon, mais aussi un « artiste au bout des doigts et des pieds » et « un excellent danseur ».

Le représentant du recteur, le professeur Romain Hounzandji, a pour sa part insisté sur la simplicité du professeur Albert Bienvenu Akoha. « Chaque fois, je le regarde avec une envie secrète d’être aussi simple que lui », a-t-il confié.

Albert Bienvenu Akoha s’en réjouit et fait un plaidoyer

Avec le calme et la sagesse qu'on lui connaît, le professeur honoraire Albert Bienvenu Akoha a exprimé sa gratitude aux initiateurs de cet hommage anthume à son endroit.

Revenant sur son parcours depuis son entrée à l’université en septembre 1980, il a rappelé les défis de l’époque, lorsque la linguistique était encore peu connue et la nécessité de convaincre de son importance.

Aujourd’hui, a-t-il confié, « quand j’observe le chemin parcouru, j’ai de réels motifs de satisfaction ». Le patriarche a également évoqué l’essor des effectifs en linguistique, les progrès en matière de promotion culturelle, l’institution des classes culturelles, les Vodun Days et la création des agences de développement culturel.

L’universitaire a enfin souligné qu’il n’est « pas nécessaire de faire la guerre à la langue française avant de promouvoir les langues béninoises », plaidant pour une complémentarité dynamique dans tous les secteurs de la vie nationale.

La cérémonie a été aussi marquée par une remise de cadeaux à caractère royal. Le professeur Albert Bienvenu Akoha a été symboliquement habillé comme un roi, marquant la reconnaissance de l’université et du monde académique pour l’ensemble de son œuvre scientifique, culturelle et humaine.

Qui est le professeur Albert Bienvenu Akoha ?

Âgé de 78 ans, le professeur Albert Bienvenu Akoha totalise plusieurs décennies de carrière universitaire et institutionnelle. Ancien chef du département des études linguistiques et de la tradition orale de 1981 à 1983, il a dirigé pendant vingt ans, de 1984 à 2004, le Centre béninois des langues étrangères de l’Université nationale du Bénin, devenue Université d’Abomey-Calavi. Il a également occupé les fonctions de vice-président du Conseil national des arts et de la culture entre 2003 et 2006.

Sur le plan culturel, il est coordonnateur puis président, depuis 2005, du Conservatoire des danses cérémonielles et royales du Bénin. Depuis la même année, il préside la Commission nationale de la langue “Fon”.

Il a, par ailleurs, été directeur de cabinet du président du Conseil économique et social entre 2011 et 2012 et président du groupe des experts africains à la conférence diplomatique de l’OAPI sur la protection des savoirs traditionnels et du folklore. Depuis 2022, il est président de la Commission chargée de l’élaboration du cadre juridique de la chefferie traditionnelle en République du Bénin.