Spectacle ''Une nuit avec Kourouma''
20H 30 à l’Institut français du Bénin à Cotonou. Sur la scène de la paillote, les projecteurs s’éteignent. Les écrans de téléphone éclairent comme des lucioles. Dans le noir, surgit de nulle part, un jeune homme. C’est le slameur chanteur Djamile Mama Gao dans la peau de Birahima, personnage de Ahmadou Kourouma dans "Allah n'est pas obligé". Il enchaîne les plaisanteries demandant l’attention du public.
D'un tableau à un autre, Aya Sèdjro (chanteuse), Valdo Idaël (musicien et chanteur), Ewilis Mahugnon (guitariste) et Bastern Bona ( percussionniste) le rejoignent. Ils prennent le contrôle de la scène. Flûte, piano, guitare et ‘’monrôkou’’ (instrument de musique) résonnent. Slam, chants et percussions s'alternent pour ‘’Une nuit avec Kourouma’’, le spectacle du jour.
Il s’agit d’un spectacle en hommage à Ahmadou Kourouma, l'un des écrivains les plus connus de la littérature francophone africaine. L'auteur des soleils des indépendances, réputé pour la pertinence des thématiques qu'il aborde et et son style qui confère à ses œuvres leur singularité. Pendant plus d'une heure, ces artistes performeurs célèbrent de leurs talents, le génie africain de la littérature. Pour les spectacteurs, c'est une occasion de redécouvrir autrement celui que ses pairs reconnaissent comme l'initiateur de l'hybridation langagière dans le roman francophone. C'est aussi une occasion de comprendre les nuances de sa vie, son parcours et sa démarche créative.
Un public comblé
Le public au spectacle
Aidés d'une mise en scène bien orchestré par Lilly Houngninhin, Djamile Mama Gao et ses compagnons de scène ont, à la sauce de Kourouma, donné du plaisir à leur public. Eclats de rire et vagues d'applaudissements traduisent le bonheur du monde vivant le moment d'hommage à l'IFB.
« Je n’ai jamais assisté à un spectacle mais je crois que j’ai été vraiment émue. C’était de la joie partagée. C'était vraiment génial ce spectacle. J'ai vraiment aimé », a témoigné Gloria Defodji, spectatrice très excitée durant le voyage nocturne au pays de Kourouma. Jeune passionné de l'art et de la musique, Etienne a également suivi ''Une nuit avec Kourouma''. Il dit avoir découvert à travers Djamile Mama Gao et sa suite, un Ahmadou Kourouma, écrivain très doué en finance et en mathématique dont le parcours a été vraiment de militant, de guerrier et de passionné de cause juste.
« Ce spectacle m'a aidé à mieux voir dans les images de Kourouma. J'ai lu ses œuvres mais je ne comprenais pas vraiment ce qu'il disait maintenant avec Djamil Gao et ses amis, je sais qui est Ahmadou Kourouma. Je suis très content de ça », a laissé entendre Antoine Avossè.
L'étudiant en lettre moderne à l'école normale supérieure de Porto-Novo apprend avoir été impressionné par des slams théâtralisés avec des chansons, le style de présentation et la littéralité. Aude Agbagan, un des spectateurs confie à la sortie, avoir subitement envie « d'aller découvrir qui est Kourouma à travers ses écrits ».
Djamile Mama Gao, …la tête haute
Les spectateurs ne sont pas les seuls à rentrer à la maison après ''Une nuit avec Kourouma'' avec plaisir et bonne humeur. Interrogé à la fin du spectacle, Djamile Mama Gao, slameur et écrivain est rempli de satisfaction. « En vrai, ça fait plus d'un an de travail que vous venez de voir. (...) Je ressens la satisfaction, la joie et l'envie de faire mieux encore, de se remettre en cause sur des détails, de réajuster les postures et de se dire, on va aller plus loin si possible ».
A la question de savoir comment on se sent sur scène quand on incarne Ahmadou Kourouma, il répond : « On se sent honoré, on se sent aussi habité par sa grandeur, par sa particularité, par son esthétique et on a envie de le rendre à la hauteur de ce qu'il incarne, de ce qu'il vaut donc on y met tout de nous, le cœur et aussi l'énergie protéiforme qu'on peut incarner en tant qu'artiste, en tant que performeur ».
Le spectacle ''Une nuit avec Kourouma'' a été créé dans le cadre des célébrations du Mois de la francophonie. L'objectif de l'Institut français du Bénin est de mettre en lumière la jeune génération de performeurs pour faire découvrir à travers leurs talents et savoir-faire, la littérature africaine.
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