
« On va chanter, on va danser, on va rigoler ». Quand Céline Banza dit ça après 5 minutes d’instrumentale et d’intro relaxante, elle n’avertit pas le public cotonois qu’elle l’emportait dans des ballades. D’un artiste congolais comme elle, " chanter, danser et rigoler " fait tout de suite penser à un spectacle de ndombolo avec de drôles paroles et une chorégraphie toute aussi amusante qu’athlétique. Mais, avec la lauréate du Prix découverte Rfi 2019 en concert à l’Institut français du Bénin à Cotonou samedi 27 février, c’est toute une autre couleur de la RD Congo, ce pays riche non seulement de son sous-sol mais aussi de sa musique.
Sensibilité, émotion et sensation sont les maîtres mots pour résumer les charmes de cette jeune artiste qu’il est un délice d’écouter. Dès l’entame de son concert, le public s’en délecte. A part sa voix et la musique acoustiquement soignée de son orchestre, on pourrait entendre des vols de mouches. C’est le calme d’un public attentionné, capté et montant d’un ciel à un autre avec son artiste. Sur des airs de blues à la sauce congolaise, Céline Banza coule des ballades en langue locale et donne des frissons. On retrouve une forte dose de mélancolie dans ses compositions.

Les histoires que chantent Céline Banza sont tirées de son vécu ou de ce qu’elle voit dans les rues et un peu partout au Congo. Sur « Songo te he » (notre amour), le 4è titre de la soirée, l’artiste raconte une histoire de rupture douloureuse, la sienne. « Avant de commencer cette tournée en 2020, j’ai eu des moments d’émotions très très forts. Mon ex m’a quittée. Notre histoire a été belle », apprend la chanteuse. Lorsqu’elle livre une part de sa vie intime en musique, c’est aussi pour inspirer, pour montrer qu’il faut prendre les épreuves de la vie sportivement et avancer. « Comme il a décidé de s’en aller, il n’a qu’à partir », s’est-elle résolue dans son cas. Céline a de la sensibilité musicale mais aussi humaniste. Ce double degré de sensibilité se dégage dans son titre « Sur le pavé » qui relate la vie des enfants de rue au Congo. Plus qu’une chanson, c’est une peinture musicale de réalité attristante, d’un drame devenu quotidien au point de ne plus trop émouvoir une société qui s’en accommode.
Céline, c’est aussi une détermination à réussir dans l’art contre vents et marrées. A part son feu-père qu’il lui a offert une petite guitare jalousement gardée depuis son enfance, dans sa famille, les personnes qui l’ont soutenu dans le cocon familial sur la voie de la musique sont comptables du bout des doigts. Aujourd’hui en pleine ascension, elle a composé une chanson pour son père. Et lorsqu’elle le chante sur scène, c’est une source d’inspiration et d’appelle à la persévérance dans les projets auxquels l’on croit quelles que soient les difficultés.


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