L'unité de femmes artistes pour l'Envol Indigo
Elles arrivent. Elles sont 12 femmes du Bénin. Toutes des artistes. A la faveur d’une rencontre de discussion avec Clotilde Courau, célèbre actrice française connue des grands festivals du 7è art comme Cannes, Venise, un collectif de 12 femmes artistes s’est créé.
Venue passer quelques jours au Bénin, terre de son enfance, la Princesse de Savoie a rencontré ses sœurs artistes pour un moment d’échange organisé autour du thème « Femmes artistes, dialogue en partage » à l’Institut français à Cotonou le 12 mars. A l’arrivée, c’est un groupe de femmes artistes qui se forme pour un projet de création baptisé l’«Envol indigo ».
« On est dans une démarche. Clotilde Courau renoue avec la terre de son enfance. A la faveur de ce voyage retour, elle a souhaité et nous avons souhaité aussi qu’il y ait cette rencontre avec ses homologues femmes artistes et créatrices. Une rencontre qui était un débat d’idées intitulé "Femmes artistes, dialogues en partage". Ce dialogue a été tellement dense, tellement sincère et généreux qu’il a donné lieu à un désir et un souhait chez Clotilde et le panel de femmes artistes réunies sous la Paillote de la l’Institut Français du Bénin. A l’issue de ce dialogue, elles ont créé une unité, un collectif de femmes artistes avec un désir d’aller au-delà. De passer du dialogue à la création », nous apprend Coline-Lee Toumson-Venite, Directrice déléguée de l’Institut français du Bénin tout en soulignant que l’idée de cette rencontre vient de du Docteur Pierre M’pélé, Directeur Afrique de Mercy Ships.
Clotilde Courau
Lorsqu’on retrouve Clotilde Courau et certaines femmes du groupe en pleine réunion à la Maison Rouge, Boutique-Hôtel non loin de l’aéroport cardinal Bernardin Gantin de Cadjèhoun, elles sont entrain de jeter les idées de ce que sera le projet de création artistique.
« On est en train de le faire mijoter. En quoi consiste-il ? Pour l’instant, il est en préparation. C’est comme si je vous disais que pour cuisiner ma sauce, je vais mettre tel et tel ingrédient. On ne donne jamais le secret de la sauce. Vous allez venir, vous allez voir. C’est un spectacle de 12 interprètes de plusieurs disciplines. La danse, le théâtre, la musique, les arts plastiques… C’est du théâtre pluridisciplinaire », répond avec humour, Clotilde Courau tout en gardant le suspense sur le contenu du projet. Autour d’elle aux échanges à la Maison rouge, on reconnaît Florisse Adjanohoun, Carole Lokossou, Les Teriba, Mariam Darrat, Sènami Donoumassou, Carmélita Siwa, Sophie Mètinhoué. A elles, s’ajoutent Nathalie Hounvo Yèkpè, Rachelle Agbossou et Céline Coyac Atindéhou.
L’«Envol indigo»
Bien que solidaires pour ne point lâcher de gros morceaux de ce qu’elles mijotent, pendant que pleuvent les coups de marteau de leurs idées sur l’enclume de la création, on a pu leur arracher quelques indices. Ces 12 créatrices veulent parler du quotidien de la femme, de sa condition, de ses joies et peines, de ses capacités. « On parlera de la femme tout court. On va révéler qui nous sommes. », esquisse Tatiana Ahissou du duo Teriba. Parler de la vie de femme, mais surtout, tisser la nouvelle corde au bout de l’ancienne. « On va dire une partie de nous afin de laisser une trace pour la génération à venir ».
Des femmes artistes engagées pour l'Envol Indigo
Engagées pour un monde plus juste où les femmes et les hommes sont égaux, se complètent sans se dominer, ces douze dames artistes ont à cœur d’expliquer aux jeunes filles combien elles sont autant capables que les hommes. Un projet de reformatage de la conception de soi par les femmes et d’amélioration du regard des hommes sur l’être féminin dans leur environnement.
Pour elles, la racine des entraves à l’épanouissement et l’émancipation de la femme dont va traiter « l’Envol indigo » réside dans le regard de la société. C’est ce que Florisse Adjanohoun, figure du théâtre contemporain béninois explique : « la pesanteur du regard de la société sur la femme, c’est de ça dont il s’agit. On nous a tellement dit, redit, moulées dans ce système selon lequel la place de la femme se trouve à la maison. Sa place ce n’est pas là où les grandes décisions se prennent. La femme doit se taire quand l’homme parle, la femme est là seulement pour le foyer, certains métiers que la femme ne doit pas avoir… c’est notre culture. Nos mères ont vécu là-dedans, nous sommes venues, on a été moulées dans ça ». Il ne s’agit pas d’une focalisation sur le Bénin. C’est une réalité sans frontière. « Chez nous, en France, c’est la même chose. On a un peu d’avance mais, concernant les salaires dans nos métiers, je n’ai pas toujours la réponse à la question : pourquoi je suis moins payée qu’un homme ?», témoigne et demande la célèbre actrice française Clotilde Courau.
Les soeurs Teriba prêtes pour l'Envol Indigo
A travers leur initiative, ces artistes entendent apporter une contribution pour « faire avancer les choses, changer la donne ». La démarche de la tribu de 12 femmes artistes consistera à partir de chacune de leurs expériences pour raconter une histoire d’inspiration, de motivation féminine. « On s’est surtout rendu compte qu’on avait toutes, un point commun. A chaque étape de notre art, on a eu besoin de la même chose, pratiquement. Et on s’est dit : pourquoi ne pas l’exprimer ensemble ? », indique Tatiana Ahissou du groupe vocal Teriba. « Pourquoi ne pas le raconter aux générations futures, laisser un meilleur sort et les aider à avoir une meilleure estime d’elles-mêmes ? », reprend également Clotilde avant d’ajouter : « Nous nous sommes rendues compte que nous avons toutes bataillé à travers des épreuves qui nous ont rendu fortes mais qu’il était extrêmement difficile d’être femme artiste et au-delà de la difficulté, quand on est face à des épreuves, on est face à une perte de confiance et à une mésestime de soi, se révèle alors cette force qui nous habite, et cette légitimité d’être et de dire», explicite Clotilde Courau.
Colin-Lee Toumson Venite, Directricre déléguée de l'Institut français du Bénin
Par la même occasion, le collectif d’artistes femmes veut offrir des modèles à la jeune génération sur le chantier de la réalisation d’un idéal féminin. Le projet de spectacle pluridisciplinaire « l’Envol indigo » s’articule également comme un pont entre des générations. « C’est un projet transgénérationnel. Vous avez dans ce collectif artistique à la fois, l’expérience, la maturité et aussi l’émergence avec cette part d’audace qu’on a pu percevoir lors du dialogue », commente la directrice déléguée de l’Institut français du Bénin qui croit au succès du projet de ces 12 femmes artistes qui se définissent comme des médecins de l’âme ».
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