Les évêques du Bénin à la Présidence (Ph: archives)
Selon le dicton, un vieillard assis voit plus loin qu’un jeune homme debout. L’Eglise catholique du Bénin se met dans la peau du vieillard et ne laisse d'autre choix que celui du jeune homme imprudent aux soutiens du Président Talon. Si le patriarche Mgr Antoine Ganyè, malgré le poids de l'âge, s’est fait l’obligation de saisir la tribune d’un colloque organisé par la Conférence épiscopale du Bénin (CEB) pour prévenir, c’est bien à dessein.
« Le souhait de l’Assemblée est que vous fassiez quelque chose pour que ce Code électoral ne suscite pas des bagarres dans notre pays. Nous soupçonnons cela », a déclaré l’archevêque émérite de Cotonou dans son propos au Palais des Congrès de Cotonou où s’est tenu, jeudi 25 avril, le colloque. D’ailleurs a-t-il missionné les initiateurs, « après tous les travaux, les organisateurs de ce colloque doivent rencontrer le chef de l’État. Ça, il faut le faire. Il faut lui décrire l’ambiance dans cette salle. Nous ne pouvons pas faire ceci, sans que le chef de l’État le sache. »
Prêtant sa voix à la CEB pour justifier l’initiative, le plus vieil évêque vivant du Bénin s’est personnellement adressé au Président Patrice Talon sur les craintes. “M le Président, c’est à cause de ce qu’ils entendent au niveau du Code électoral. Ils le font pour que cela n’engendre pas des difficultés, des insurrections”.
Une approche qui déplaît au pouvoir
Du côté de la Marina, on n’a pas suivi l’écho de colloque de gaieté de coeur. Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement s’est prononcé sur l’organisation du colloque. Il juge la démarche bancale.
La voix du gouvernement reproche au clergé catholique d’avoir manqué de faire en amont, la petite enquête qui accorde le crédit de la parole puisque qui ne l’aurait pas faite devrait s’abstenir d’opiner. “ Il ne m’a semblé que le Clergé se soit fendu d’un courrier, d’une demande au gouvernement, ou à l’Assemblée nationale pour comprendre les tenants et aboutissants, l’exposé des motifs de ce Code, se faire une idée avant de convoquer ce colloque.”, déplore-t-il.
Wilfried Léandre Houngbédji trouve que les organisateurs ont également manqué de donner la parole à des acteurs clés de la modification du code électoral intervenue en mars 2024 et qui fait couler encre et salive. “Pour le colloque, j’aurais voulu voir le Clergé solliciter de l’Assemblée nationale par exemple, de lui mettre à disposition le président de la commission des lois pour venir exposer à cette occasion, les tenants et aboutissants de la loi, donc l’exposé des motifs, et après que les députés de toutes obédiences viennent faire débat.”
De ce point de vue, pince-t-il, “la démarche est critiquable et condamnable d’autant qu’elle vient de l’Eglise catholique.” Mieux, défend l’ex-journaliste devenu Secrétaire général adjoint du gouvernement de Talon, les réformes, aussi douloureuses qu’elles puissent paraître concours à mettre le pays sur les marches du progrès.
Pour peu, rappelle-t-il au Clergé, “l’Eglise catholique est mieux placée pour comprendre la portée des réformes parce que pour que l’église catholique soit ce qu’elle est aujourd’hui et pour que les acteurs en soient fiers, il aura fallu à un moment donné aussi, le courage réformateur d’un certains Grégoire VII quand il arrive à la papauté avec les mesures fortes, les réformes pour redorer le blason de l’église”.
En comparaison assure Wilfried Léandre Houngbédji, “toutes choses que nous faisons aujourd’hui visent à réhabiliter notre pays. Faire en sorte que les pratiques changent dans le bon sens, qu’elles portent le pays vers le haut, vers l’avant.”
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Tairou
il y a 1 anINIA
il y a 1 anJean Joseph
il y a 1 an