Le rappeur togolais Aamron
Le rappeur togolais Aamron, Tchala Essowè Narcisse à l’état civil, sort de son mutisme. Arrêté dans la nuit du 26 mai 2025 à son domicile par des éléments de la gendarmerie, le rappeur togolais Aamron a été interné à l’hôpital psychiatrique de Zébé avant d’être libéré le samedi 21 juin 2025. L’artiste de la musique urbaine est connu pour ses critiques virulentes à l’encontre de Faure Gnassingbé, ancien président togolais devenu président du conseil des ministres.
Avant son arrestation, le rappeur a appelé à une mobilisation le 6 juin 2025, pour célébrer de façon ironique l’anniversaire de Faure Gnassingbé.
Le dimanche 6 juillet 2025, Aamron a accordé une interview à France 24, média suspendu depuis la mi-juin pour une durée de trois mois au Togo. Il y a indiqué avoir accepté de présenter des excuses au président Faure Gnassingbé pour tenter de protéger sa fille, menacée de placement en brigade pour mineurs après avoir, selon les autorités, insulté le chef de l’État dans une vidéo.
L'artiste a insisté sur le fait que sa démarche visait à «présenter (ses) excuses au président du conseil pour les insultes, pas pour les dénonciations que j’ai eu à faire».
Dans cette interview, Aamron a déclaré qu’il était inacceptable pour les autorités de se servir du pouvoir public pour opprimer les plus faibles. «On ne peut pas être dépositaire du pouvoir public, censé être un rempart pour les faibles et se servir de se pouvoir pour brimer les faibles en se disant on va le faire et rien ne se passera», a-t-il dénoncé.
Il dit souhaiter désormais, éveiller les consciences et défendre la dignité de celles et ceux qui, selon lui, paient le prix fort pour avoir osé réclamer justice.
Les premières manifestations au Togo avaient éclaté dans la nuit du 5 juin et s’étaient intensifiées le matin du 6 juin 2025, après la diffusion d’une vidéo d’excuses publiques du rappeur enregistrée depuis le centre psychiatrique. Des citoyens étaient descendus dans les rues pour dénoncer la vie chère, protester contre les réformes politiques et exiger la libération d’Aamron.
Après ce premier épisode, des manifestants se sont mobilisés, les 26, 27 et 28 juin 2025, à Lomé et dans d’autres villes du pays pour réclamer la fin du régime de Faure Gnassingbé. Non autorisées par les autorités, les manifestations ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre.
Des cas de censure numérique et d’atteintes aux droits fondamentaux ont été recensés par la société civile dans un communiqué en date du 30 juin 2025. Celle-ci fait état d’un bilan de sept morts, de dizaines de blessés et de plusieurs arrestations arbitraires. De leur côté, les autorités annoncent deux décès par noyade.
Le Togo est dirigé depuis 2005 par le président Faure Gnassingbé, successeur de son père resté près de 38 ans à la tête du pays. Le chef de l’État a récemment consolidé son pouvoir grâce à la mise en place d’un régime parlementaire dont il occupe la plus haute fonction: président du conseil des ministres.
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