Face à la mutinerie du dimanche 7 décembre 2025, les autorités béninoises ont détaillé les raisons qui ont conduit à l’intervention d’une unité de la force en attente de la CEDEAO, dépêchée du Nigeria, pour appuyer l’assaut final contre les putschistes retranchés dans la base militaire de Togbin.
Selon le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbédji, lors d’une conférence de presse mercredi, tout a basculé lorsque « les mutins en déroute […] ont replié sur leur base », rapidement identifiée comme « le cœur de la mutinerie ». Les unités restées loyales ont aussitôt encerclé le site, mais la situation s’est révélée particulièrement complexe : la base se trouve « au cœur d’une zone d’habitation », entourée de trois quartiers très peuplés – Togbin, Akogbato et Fidjrossè.
Les autorités savaient que les mutins disposaient « d’armes lourdes […] et d’engins blindés », dont certains ont été utilisés notamment « au domicile du chef de l'État et au siège de la SRTB (télévision nationale)». Les forces loyalistes ont reçu des renforts venus de Ouidah et de Dessa, mais un assaut direct en pleine journée présentait un risque trop élevé pour les civils. « Imaginez si […] nous engagions des combats dans ce périmètre d’habitation, que serions-nous en train de vivre aujourd’hui ? », a insisté Houngbédji.
Le chef de l’État a alors fixé une ligne rouge : éviter toute confrontation susceptible de causer un drame humanitaire. « Surtout pas de carnage, il faudra faire en sorte qu'il y ait le moins de victimes possibles », a rapporté le porte-parole, évoquant la volonté de « ne pas jeter des familles béninoises dans le désarroi ». Les forces loyalistes avaient pour consigne de ne pas ouvrir le feu tant que les mutins ne tentaient pas de sortir de la base.
Après plusieurs heures d’observation, l’option d’une « frappe ciblée » a été retenue pour neutraliser les matériels susceptibles de permettre une nouvelle attaque. Les autorités béninoises ont alors consulté leurs partenaires régionaux et internationaux. « C'est dans ce cadre que la CEDEAO a donné mandat au Nigeria pour mener la frappe ciblée », a confirmé Houngbédji, précisant que l’opération devait être « chirurgicale pour qu'il n'y ait pas de victimes collatérales ».
Le commandant de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Tévoédjrè, a apporté des détails supplémentaires sur RFI. Une offensive terrestre avait d’abord été envisagée. « Notre première idée, c'était de monter un assaut sur la base. Mais […] il ne fallait pas créer des dommages collatéraux et nous avons décidé de ne pas aller à cet extrême. »
La décision d’appeler l’appui sous-régional est intervenue en fin d’après-midi. « Nous avons fait appel à la coopération internationale […] sous mandat de la CEDEAO. La partie nigériane nous a répondu favorablement », a précisé l’officier.
L’objectif de la frappe était clair : « détruire les engins à l'intérieur qui pouvaient leur permettre de venir attaquer à nouveau », car les mutins projetaient de « venir prendre possession de l’aéroport et autres ». Après les frappes, « la base s’est vidée », les insurgés prenant la fuite. Les unités béninoises ont ensuite lancé le ratissage grâce aux renforts venus de Ouidah et d’Allada.
L’opération, menée en coordination entre forces béninoises, a permis de neutraliser les mutins sans causer de pertes civiles, conformément aux consignes initiales.
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