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Procès de Louis-Philippe Houndégnon à la CRIET : en appel, l'ex-chef de la police exprime des regrets mais s'innocente

Procès de Louis-Philippe Houndégnon à la CRIET : en appel, l'ex-chef de la police exprime des regrets mais s'innocente

Au Bénin, l'ex-patron de la police nationale, Louis Philippe Houndégnon, a, à nouveau, comparu, avec son neveu, pour leur procès en appel à la CRIET. Les deux prévenus sont jugés pour « harcèlement par le biais d’une communication électronique et incitation à la rébellion ».

Au Bénin, l'ex-patron de la police nationale, Louis Philippe Houndégnon, a, à nouveau, comparu, avec son neveu, pour leur procès en appel à la CRIET. Les deux prévenus sont jugés pour « harcèlement par le biais d’une communication électronique et incitation à la rébellion ».

Louis Philippe Houndegnon

Louis Philippe Houndegnon

Nouvelle audience à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) dans le procès de l’ex-chef de la police béninoise. Arrêté, avec son neveu, le 13 novembre 2024, pour « harcèlement par le biais d’une communication électronique et d’incitation à la rébellion » présumés, Louis Philippe Houndégnon a comparu, à nouveau, lundi 6 octobre 2025 devant la chambre d'appel de la CRIET. 

 

A l’audience, l’avocat de l’ancien directeur général de la police nationale et de son neveu, Me Fidèle Abouta, a sollicité la mise en liberté provisoire de ses clients. Le conseil a exposé plusieurs arguments qui, selon lui, seraient en faveur de ses clients pour que la Cour leur accorde une liberté provisoire en attendant la suite de débats.

 

L’avocat a évoqué le temps passé en détention par le général et son neveu. Selon lui, Louis Philippe Houndégnon et son co-prévenu ont déjà passé près d’un an de prison. Ce qui, dit-il, n’est plus loin de la peine maximale prévue pour les infractions mises à leur charge. Le conseil a souligné la garantie de représentativité du général compte tenu de son rang.

 

L’avocat a mis l’accent sur les conditions d’interpellation de Louis Philippe Houndégnon qui n’a pas opposé de la résistance aux éléments de la Brigade criminelle. Il a évoqué aussi la santé dégradante neveu du général qui attend toujours pour se faire opérer.

 

Rejet de la demande de la défense

 

En réponse à la demande de l’avocat, le représentant le ministère public n’a pas trouvé d’objection quant à la mise en liberté provisoire du neveu de Louis Philippe Houndégnon. Par contre, le substitut du procureur spécial n’est pas favorable à ce que l’ex-patron de la police retrouve sa liberté en attendant la suite du procès. Le magistrat a expliqué n’avoir aucune garantie que le général puisse se présenter à la prochaine audience si on lui accordait une liberté provisoire.

 

Dans sa décision, le juge de la chambre n’a accordé de liberté provisoire ni à l'un ni à l’autre. Le magistrat a renvoyé la cause au 20 octobre 2025. A cette prochaine audience les sorties médiatiques du de Louis Philippe Houndégnon lui seront jouées. Telle a été la décision prise par la chambre des appels à la suite des débats qui ont durée plus de 2 heures d’horloge. 

 

Houndegnon se disculpe

 

Louis Philippe Houndégnon est poursuivi devant la juridiction spéciale pour « harcèlement par le biais d’une communication électronique et incitation à la rébellion » suite à des sorties médiatiques. La Cour a décidé de faire jouer les enregistrements desdites sorties médiatiques pour la simple raison que de l’ex-chef de la police béninoise ne se reconnait pas dans les faits qui lui sont imputés. L’ex-DGPN a plaidé non coupable lors de son inculpation.

 

ce lundi 6 octobre 2025, en lui rappelant les infractions commises, le juge a fait comprendre à Louis Philippe Houndegnon que les propos tenus lors de ses sorties ont gêné les autorités administratives et politiques du pays.

 

Dans sa prise de parole, le prévenu est resté dans la même ligne de défense qu’en première instance. « Je réitère ce que j'ai dit en première instance. Je ne reconnais pas du tout ces faits. Et à aucun moment je n’ai harcelé ni incité à la rébellion », a-t-il déclaré. 

 

L’officier mis à la retraite d’office a reconnu avoir fait des sorties médiatiques pour évacuer, selon lui, ses mécontentements. Il a évoqué deux situations qui l’ont amenées à prendre la parole publiquement. La première est liée à sa mise à la retraite d’office. Le général n’a pas digéré d’avoir été mis à « la retraite du jour au lendemain ».

 

La deuxième situation, a-t-il laissé entendre, est relative à une grade qu’il méritait qu’on ne lui aurait pas accordée. L’ex-DGPN dit avoir recouru aux interventions dans les médias parce qu’il estimait que c’était sa seule et unique manière de se faire entendre. Il a dit avoir formé un recours devant la chambre administrative de la Cour suprême mais qu’il savait que c’était "sans espoir". Il a sollicité l’« humanisme d’homme de science et d’homme de droit » du président des céans pour analyser ce qu’il a vécu.

 

L'ex-DGPN évoque les raisons de sa chute

 

Dans sa déposition, le général dit avoir compris que sa maîtrise du métier des armes lui a porté préjudice. Il a confié avoir identifié deux situations qui font que les gens ont développé une mauvaise impression de lui. 

 

Alors Secrétaire permanent de la Commission de lutte contre la radicalisation, Louis Philippe Houndégnon a fait changer des munitions dans des armes des gardes du ministre. En tant que spécialiste, il a dit avoir entendu le son de défaillance que produisait des munitions dans les armes de ces gardes quand ils marchaient dans un couloir du ministère. « Quand j’ai fait changer ses munitions, ça fait trembler le ministère. Les gens ont dit que Houndégnon est mauvais », a-t-il déploré.

 

L’autre situation qui lui aurait renforcé la thèse des "ennemis" serait liée à son intervention sur le risque que courait le chef de l’État avec l’ancien bâtiment du cabinet du ministre de l’intérieur. Le bâtiment, dit-il, faisait face à la président et constituerait une source d’insécurité pour le président de la République. 

 

Selon lui, de son bureau de directeur de cabinet d’alors et avec un AK50, le président n’était pas en sécurité. Cette remarque, à en croire le général, a fait que les gens l’ont traité d’homme dangereux. Il a prétendu qu’un mauvais compte rendu a été fait à la hiérarchie sur sa personne. « C’est à cause de moi que le bâtiment a été rasé », a-t-il déclaré.

 

Suite aux arguments de défense de Louis Philippe Houndégnon, le président des céans, a décidé de faire jouer pour ressortir les « mal ressenties » qui gênent dans ses propos. L’avocat de la défense a invité le juge à ne pas aller sur ce chemin au risque de rallonger encore le procès. Le juge n’entend pas renoncer à sa proposition comme le prévenu n’a pas reconnu les faits et tente de se dédouaner à travers sa déposition. 

 

« M. Houndégnon nous allons jouer les audios et vous allez réécouter ce que vous avez dit et tout le monde va écouter avec nous », a insisté le magistrat. « Quand on est en colère, on ne peut pas parler », a conseillé le juge pour rappeler au prévenu qu’il aurait dû s’abstenir de faire les sorties.

 

Des regrets

 

L’ancien directeur général de la police nationale a exprimé des regrets. C’est d’abord l’avocat du prévenu, maître Fidèle Abouta qui a pris la parole pour dire les regrets de son client. Il a demandé à la Cour de ne pas remuer le couteau dans la plaie en rejouant les audios. « Je ne pense pas qu’en écoutant les audios, le dossier puisse évoluer », a indiqué le conseil. Il a sollicité le soutien du ministère public, partie poursuivante, pour appuyer sa requête pour l’évolution du dossier. Mais le juge a martelé que tout est parti des sorties médiatiques.

 

Le représentant du ministère public n’a pas de problème avec l’une ou l’autre des propositions. Le substitut du procureur spécial dit pouvoir comprendre l’avocat dans sa proposition. « Il est dans la logique de ne pas crever les yeux et les oreilles des uns et des autres », a-t-il noté. 

 

Dans le même temps, le magistrat a relevé une faiblesse si les audios ne sont écoutés. Selon lui, la décision de la Cour pourrait être jugée de "partiale" sur le fond du dossier n’est pas évoqué. Le président a affirmé que le fait de vouloir écouter les audios ne signifie pas que la Cour veuille l’enfoncer. Au contraire, il a fait savoir que les audios peuvent disculper le prévenu.

 

Mais Louis Philippe Houndégnon ne souhaite pas écouter les audios. Il a présenté des excuses estimant qu’il n’avait l’ «intention de faire du tort à qui que ce soit ». « De nature, je ne suis pas prétentieux. Celui qui ne regrette rien n’est pas un homme », a-t-il déclaré. « Si ce que j’ai dit a gêné le régime, je présente mes excuses », a-t-il martelé. Le président lui a, une fois encore, rappelé qu’il aurait dû s’abstenir de parler.

 

L’ancien patron de la police nationale a répondu en disant qu’il n’est pas un adepte des réseaux sociaux pour justifier les publications de ses vidéos. Il dit ne pas maîtriser comment on fait des publications sur les réseaux sociaux. Le juge lui a fait comprendre que son inculpation tient lieu de ses propos. Il n’a pas besoin de publier sur les réseaux sociaux avant d’être poursuivi. Selon le magistrat, ce qui est reproché au général ce sont ses propos.

 

Le président des céans a demandé à Louis Philippe Houndégnon s’il est d’accord de l’aider à rechercher ceux qui ont publié ou aurait déformé ses propos. Mais l’ex-DGPN ne veut pas mêler d’autres personnes à la procédure.  Il regrette déjà que son neveu se retrouve en détention à cause de lui.

 

Le juge a donc renvoyé le dossier au 20 octobre 2025 pour faire jouer les audios.  

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