Un homme en prison (Illustration)

Merveille n'est plus de ce monde. La fillette âgée d'environ un an, a été poignardée à mort dans la soirée du 9 mars 2012. Son bourreau, un conducteur de taxi-moto vivant à womey dans la commune d'Abomey -Calavi. Il vivait en concubinage avec la mère de la fillette.

Le jour du drame, la petite Merveille et sa mère étaient endormies quand elles ont été attaquées. Le concubin de la mère de Merveille, à l'aide d'un couteau, a poignardé la mère et l'enfant. Alertés par des cris des deux agressées, les voisins accourent porter assistance à la mère et la fillette. Ils défoncent la porte de la petite famille et réussissent à maîtriser le conducteur de taxi-moto. 

Les deux agressées sont par la suite conduites à l'hôpital. Malheureusement, la fillette a succombé à ses blessures deux jours après son admission à l'hôpital. La mère alors enceinte de 4 mois est sauvée.

Le mari agresseur est lui arrêté et placé sous mandat de dépôt le 13 mars 2012.

L'agresseur, un malade mental? 

Après plus de dix ans détention préventive, le conducteur de taxi-moto communément appelé "zémidjan" a été jugé jeudi 1er décembre 2022, lors de la session criminelle du tribunal de première instance d'Abomey-Calavi. Interrogé sur les raisons qui l'ont poussé à agresser sa petite famille au point d'ôter la vie à un des membres de la maisonnée, le conducteur de taxi-moto évoque un problème mental. « J'étais troublé », a répondu le conducteur de taxi-moto en langue locale fongbé avant de s'interroger : « comment j'ai pu faire du mal à ma femme ? Je ne m'en reviens pas ».

Le prévenu a reconnu les faits et a imploré la clémence du juge. Il déclare que lors de ses premiers mois dans la maison carcérale d'Abomey-Calavi, il a été mis en isolement et traité. Ce n'est qu'à 6 mois voir un an qu'il a été autorisé à intégrer la grande cour des détenus d'après ses déclarations à la barre.

Le représentant du ministère public ne croit pas à la thèse de problème mental évoquée. Pour le ministère public, le mis en cause feint le "fou" qui ne se souvient plus de rien. Il a demandé au tribunal de reconnaître l'accusé coupable d'assassinat et de tentative d'assassinat puis de le condamner à 30 ans de réclusion criminelle.

Cette réquisition du ministère public n'est pas du goût des avocats de la défense qui ont tôt fait de plaider. L'un des conseils du conducteur de taxi-moto a fait remarquer au tribunal l'absence du rapport d'expertise psychiatrique au dossier de l'inculpé. Il a aussi souligné que la loi prévoit une étude d'expertise psychologue dans les temps voisins de la commission de l'infraction. Mais ce rapport lu au tribunal date de juin 2022 pour un acte commis en 2012. L'avocat a souligné cette irrégularité.

Il sera soutenu par son collègue qui a montré au tribunal que dans le rapport, il est dit que l'accusé est de nationalité béninoise alors qu'il est Togolais. Pour lui, ce rapport "c'est de la copie collée à l'exception de quelques changements". Les avocats ont demandé au tribunal de condamner leur client à la peine déjà passé en détention et d'ordonner son internement dans un centre de traitement psychiatrique. Ils ont aussi soutenu que dans ces conditions, leur client, n'est pas responsable pénalement. 

Le juge, dans son délibéré, a reconnu l'accusé, 44 ans, coupable des faits d'assassinat et de tentative d'assassinat et l'a condamné à 30 ans de prison.

Le conducteur de taxi-moto ayant déjà passé dix années en détention retourne en prison purger le reste de sa peine.