Au Bénin, le paludisme est le premier motif d’hospitalisation dans les structures de santé. Selon le Directeur de la vaccination, Dr Landry Kaucley cette maladie est "la première cause de décès des enfants de moins de 5 ans". Il informe que cinq millions de personnes "sont diagnostiquées avec le paludisme chaque année et près de 10.000 enfants de moins de 5 ans décèdent chaque année". Autrement dit, 28 enfants en moyenne meurent chaque jour de paludisme au Bénin.
Dr Landry Kaucley indique, qu'en plus de ces pertes, il faut ajouter "le fardeau économique que cela génère parce que les parents doivent débourser des ressources importantes pour soigner les enfants, payer les frais d’hospitalisation et autres". "On estime à ¼, la part du revenu de chaque Béninois consacrée à la lutte contre le paludisme. C’est assez alarmant comme poids à la fois sanitaire et économique", précise-t-il.
Alors, il est apparu nécessaire pour le Bénin de renforcer son arsenal vaccinal pour lutter contre cette maladie. C'est ainsi que le gouvernement a décidé d'introduire au Bénin le vaccin antipaludique RTS,S recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
1-RTS,S: un vaccin similaire aux autres vaccins déjà au Bénin
Le développement de ce nouveau vaccin a suivi, assure le spécialiste, "a suivi la démarche classique des vaccins que le Bénin a déjà dans son Programme élargi de vaccination (PEV). Il rappelle qu'actuellement, il y a au moins 13 types de vaccins différents qui sont administrés dans le pays. Il rassure que le nouveau vaccin contre le paludisme est "un vaccin similaire aux autres vaccins". "Il contient l’antigène qui est la substance qui va susciter la réaction immunitaire et va juste amener l’organisme de l’enfant à avoir un mécanisme de défense", explique-t-il. En plus de l’antigène, "il y a une substance qu’on appelle l’adjuvant qui va rendre le vaccin beaucoup plus puissant".
2-Un vaccin à administrer aux moins de 3 ans
Le nouveau vaccin sera administré aux enfants de 0 à 2 ans. Avant 5 ans, justifie le directeur, l’organisme ne commence par à développer une immunité contre le paludisme. Donc, "tous les enfants durant cette tranche d’âge sont exposés aux formes graves et sont voués à la mort". C’est la tranche d’âge des enfants de moins de 5 ans qui est la plus vulnérable et pour lesquels le système immunitaire n’a aucune stratégie pour résister.
Concernant le mode d'administration de ce vaccin, il est comme pour certains vaccins déjà administrés à des nouveau-nés dans le pays. Le directeur de la vaccination indique que "c’est un vaccin injectable ". La vaccination va constituer à administrer "une série de 3 doses avant le premier anniversaire qui se donne à 6, 7, 9 mois et une 4ème dose (à 18 mois) qui est une dose sous forme de dose de rappel pour booster et renforcer la durée de l’immunité". Cette vaccination ne va pas se faire en porte à porte. Elle sera faite sur des rendez-vous comme pour les autres vaccinations infantiles.
3-Des effets indésirables habituels
Comme tout nouveau vaccin, des appréhensions peuvent exister quant aux effets secondaires. Sur ce point, le spécialiste en la matière se veut rassurant. "Le vaccin contre le paludisme n’a pas d’effets indésirables différents des effets indésirables habituels que sont la douleur au point d’injection qui est une évidence dans le cadre d’une vaccination, la fièvre qui relève du classique et un peu d’irritabilité chez l’enfant". Il soutient que toutes les mamans connaissent ces signes.
"Le vaccin, c'est un challenge. Vous allez challenger votre corps avec un corps étranger qui ressemble au germe de la maladie, mais en faisant en sorte que vous n’allez pas développer la maladie. Donc vous allez obliger votre système immunitaire à réagir comme s’il était en présence du germe. Cette réaction sera forcément une réaction inflammatoire. Et vous ne pouvez pas avoir de réaction inflammatoire sans un peu de fièvre et sans douleur. Donc c’est une réaction classique de la vaccination", explique le docteur.
Il prévient, tout de même, qu'au cas où il aurait des complications, il faut se rendre au centre de santé pour voir s’il n’y a pas autre chose. Il renseigne qu'il n’y a pas eu d’incidents concernant ce vaccin dans les pays qui l’ont déjà introduit et toutes les données des essais cliniques qui ont été faits n’ont pas rapporté d’incidents.
4-Priorité aux zones de prédominance de la maladie
Le Bénin a réceptionné 215.900 doses de ce vaccin. Elles concernent une période d’approvisionnement en lien avec le calendrier vaccinal. Selon ce calendrier vaccinal, chaque enfant cible aura à recevoir 4 doses. Le déploiement du vaccin antipaludique ne va pas se faire au même moment dans toutes les zones sanitaires du Bénin.
Le directeur de la vaccination informe que cela va se faire par phase en priorisant les zones où il y a plus de cas de paludisme et plus de décès infantiles. Donc, "il y a un schéma phasé qui est déjà là". Ce qui fait que pour la phase 1, ce sont les zones les plus exposées qui sont concernées. Il s'agit de 16 zones sanitaires. Cela va permettre "aller réduire rapidement l’incidence". C'est lors de la deuxième phase que l’ensemble du pays sera pris en compte.
5-Ne dispense pas des mesures de prévention
Le fait de vacciner les enfants avec ce nouveau vaccin ne veut pas dire que ces enfants vont acquérir une immunité contre le paludisme. "Le vaccin ne vient pas se substituer aux anciennes méthodes, mais vient en renfort", relève Dr Landry Kaucley. Il recommande donc de maintenir les anciennes méthodes. Ceci, parce que "l’efficacité du vaccin, sa capacité à réduire les épisodes de paludisme ainsi que les décès d’hospitalisation est potentialisée dans un environnement où on utilise déjà les méthodes classiques que sont, dormir sous moustiquaires, faire de la chimioprofylaxie saisonnière (CPS), maintenir son cadre de vie sain etc".
Il faudra donc continuer à maintenir ces méthodes jusqu’à ce que la maladie soit éliminée. Il faut continuer à dormir sous moustiquaire pour éviter la piqûre du moustique et avoir un environnement sain parce que le moustique se reproduit dans les environnements où il y a beaucoup d’eau. Il y a également la chimioprophylaxie (prendre de façon saisonnière des médicaments anti-palu) qui est également l’autre façon de prévenir.
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