Malick Séibou Gomina, député au parlement béninois
35 députés ont barré la voie à la révision de la Constitution, vendredi 01 mars 2024 au parlement béninois. Parmi les opposants à la proposition de loi portée par le député Assan Séibou, figurent les 28 députés de l’opposition et 7 de la mouvance.
Dans le camp de la mouvance, Malick Gomina est l’un des sept. Elu du parti Bloc républicain comme l’initiateur du projet de loi, Dr Gomina a tenu à justifier son choix qui peut paraître comme une désolidarisation envers ses pairs de la mouvance.
A ce sujet raconte-t-il au chef du parlement, Louis Vlavonou, « Monsieur le président, ces dernières semaines, j’ai été interpellé par nombre de nos concitoyens qui ont partagé avec moi leur crainte. Beaucoup d’autres ont certainement voulu le faire, mais ils appartiennent à la majorité silencieuse. »
Malick Gomina, à l’entame de son propos explicatif affirme vouloir s’adresser à cette majorité silencieuse, "car ils méritent d’être entendus". « Lui dire que nous avons conscience que ce qui est dangereux pour le pays l’est également pour nous autres acteurs politiques. J’ai voulu leur dire qu’on peut conserver sa sincérité du début, même si on accède à des places. Elle peut donc être rassurée que lorsque l’essentiel nous paraitra en cause, nous ne cèderons à rien. », a déclaré le député et ancien maire de Djougou.
Pour ce qui est de la révision de la constitut6ion, Dr Gomina observe qu’elle est "une question clivante" et que « la grande partie de nos compatriotes est inquiète lorsque cette question est abordée et surtout avec ce qui se passe dans les pays de la sous-région. » D’après lui, les Béninois « craignent que nous les conduisions dans des zones troubles et c’est même devenu le fonds de commerce de nos amis politiques. » A ce sujet, se veut-il rassurant, « il n’existe nulle part un complot pour une révision opportuniste de la Constitution. »
A son corps défendant, Malick Gomina le concède, « le peuple ne croit pas à nos professions de foi, mais le peuple a toujours raison. C’est à nous qu’il revient de les convaincre de notre bonne foi. En attendant d’y parvenir, il faut aborder la question avec des doigts qui tremblent. »
Une panne de consensus
Si le projet de révision n’est pas passé et qu’il s’est retrouvé à voter contre son adoption, il assure que c’est par manque de consensus. La proposition, à ses yeux, ne manque pas pour autant de pertinence. « Mon collègue et président Assan Séibou, a introduit une proposition de révision à la recherche de solutions aux problèmes qui pointent à l’horizon des élections générales de 2026. Nous avons pensé trouver un consensus autour de cette proposition. En effet, la Cour constitutionnelle dans sa décision du 8 juillet 2006, a fait du consensus, un principe à valeur constitutionnelle. Nous avons espéré y parvenir mais, à l’arrivée, nous n’y sommes pas parvenus. »
Du coup, se justifie Malick Gomina, « afin d’éviter une utilisation politicienne du rejet de la présente proposition de révision de la Constitution, j’ai voulu accorder ma voix à ceux qui estiment que le moment n’est pas encore arrivé de toucher notre loi constitutionnelle. Malgré la brillance des résultats obtenus par le régime que je soutiens, je ne souhaite pas traîner le goulot révisionniste et passer le reste de la mandature à démentir l’usine d’intoxication qui sera mise en place au lendemain du présent vote. Monsieur le président, telle est l’explication que j’ai voulu apporter par rapport à mon vote. »
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